Affaire Narumi en FranceZepeda s’effondre en pleurs à son procès et dit qu’il a été frappé en prison
Jugé en appel pour le meurtre de son ex-petite amie, Nicolas Zepeda a fondu en larmes, jeudi, en racontant ses conditions de détention. Les audiences ont été suspendues jusqu’à lundi.
Coup de théâtre devant la Cour d’assises de la Haute-Saône: la deuxième semaine d’audience s’est achevée dans la confusion jeudi après que Nicolas Zepeda s’est effondré dans son box, en pleurs, affirmant avoir été agressé par des surveillants en prison. L’audience a été suspendue et les débats ne reprendront que lundi.
L’incident est survenu alors que le Chilien, rejugé en appel pour l’assassinat de son ex-petite amie Narumi Kurosaki en décembre 2016 à Besançon, était interrogé sur sa personnalité et expliquait les conditions de sa détention lorsqu’il était à l’isolement, à la maison d’arrêt de la ville.
«J’ai vécu des choses horribles, j’ai vu des choses horribles que je ne cautionne pas», a-t-il expliqué. Il a notamment affirmé qu’un auxiliaire, un détenu qui travaille pour l’administration pénitentiaire, aurait été tapé par des surveillants «simplement parce qu’il ne voulait pas nettoyer la cellule où il y avait eu une tentative de suicide».
«Un surveillant m’a donné un coup de poing»
Nicolas Zepeda se prend la tête, dit qu’il a écrit à deux reprises à son avocate de l’époque pour dénoncer ces faits allégués mais que la deuxième lettre a été ouverte par les surveillants. «J’ai entendu qu’on lisait ma lettre dans le couloir les salauds!» s’est exclamé l’accusé. «De ce moment-là, ils m’ont pas lâché (…) ça a fini par une agression, un surveillant m’a donné un coup de poing», a-t-il ajouté.
Il se prend alors la tête et pleure bruyamment, avant de s’écrouler dans le box, devant une salle d’assises médusée. Après un moment de flottement et de confusion, son père Humberto se lève et sa mère Ana lance à la Cour: «Et les droits humains? Ils ont traité mon fils comme un chien!» avant que le président ne suspende l’audience et que l’accusé ne soit sorti du box.
L’avocat remet sa mère en place
Après une interruption d’une vingtaine de minutes l’audience a ensuite repris brièvement, le temps que l’avocat général Étienne Manteaux réponde à la mère de l’accusé. «À Madame Zepeda qui nous fait des cours de droits de l’homme, oui, vous Madame: le premier droit de l’homme c’est le droit à la vie et je vous rappelle que votre fils est accusé d’assassinat. Les leçons de morale, c’est bon!»
Après l’audience, l’avocat général a précisé avoir été au courant d’une plainte de Nicolas Zepeda pour la prétendue agression dont il a été victime quand il était détenu à la prison de Besançon. Celle-ci remontait à janvier 2022, avant le procès de première instance où cette plainte n’avait pas été mentionnée. Elle avait été classée sans suite car «non objectivée», selon Étienne Manteaux.
Un homme ordinaire mais manipulateur
La personnalité de Nicolas Zepeda, qui a été condamné à 28 ans de réclusion en première instance, avait auparavant été passée au crible par deux experts, ceux-ci le présentant pour l’un comme «manipulateur», «une personne qui a tendance à manipuler autrui», et pour l’autre comme un «homme ordinaire».
Le Chilien a ensuite été interrogé sur sa personnalité. Il a commencé à raconter son enfance en parlant un excellent français, mais dans un discours parfois un peu décousu. Son débit ralentit quand il aborde son départ pour ses études au Japon, et le président doit le relancer pour qu’il consente à évoquer sa rencontre avec Narumi à cette période.
Les débats se sont ensuite penchés sur son incarcération à son arrivée en France, après son extradition en juillet 2020. Là, le Chilien craque en racontant l’air grave l’agression dont il aurait été victime, avant de se prendre la tête entre les mains et d’éclater en sanglots.