CyclismePolémiques, raccourci et pas de grande bagarre à Crans-Montana
La 13e étape du Tour d’Italie entre Borgofranco d’Ivrea et la station valaisanne (74 km au lieu de 199) a donné lieu à beaucoup de discussions. Victoire du Colombien Einer Rubio.
- par
- Robin Carrel Crans-Montana
D’un côté, le syndicat des coureurs (CPA) et des cyclistes, comme le maillot rose Geraint Thomas. De l’autre, d’autres athlètes, les puristes et les fans de vélo, laissés sur leur faim, au début d’une journée qui s’annonçait grandiose si le ciel avait bien voulu suivre. Car le Grand Saint-Bernard – on devait d’abord passer par le Col, puis le Tunnel, puis plus du tout – est passé entièrement à la trappe et le peloton s’est élancé pour "seulement" 74 kilomètres (dont une trentaine de montée), à 15 heures, du Châble, direction le Col de la Croix de Cœur.
«Sérieusement, si on veut arriver à Rome à plus de cinquante coureurs, c’était une bonne décision», a commenté Thomas, après que l’étape reine du Giro a été amputée, ce qui aurait pu essorer les équipiers et annoncer une grande bagarre. Au départ, les athlètes n’avaient pourtant rien contre la montée initiale et s’inquiétaient plutôt pour la descente technique, humide et dangereuse en direction de la vallée du Rhône, via La Tzoumaz. «Franchement, je ne comprends pas vraiment ce qu’ils nous ont trouvé comme compromis…», a grincé l’Australien Jack Haig.
«On aurait pu courir sur la totalité du parcours»
Une erreur, aussi, selon l’Italien Gianni Moscon: «c’est vrai qu’il fait mauvais. C’est sûr qu’on est fatigués. Mais pour moi, on aurait pu courir sur la totalité du parcours ce vendredi. Si quelqu’un voulait abandonner, il n’avait qu’à le faire. Personne ne les a obligés à faire cycliste comme métier!» Ce qui devait être le premier vrai feu d’artifice de ce 106e Giro s’est transformé en léger feu de joie, illuminé par l’envie de Thibaut Pinot de briller dans cette Romandie qu’il apprécie.
Le Français a attaqué à de multiples reprises, mais n’a jamais réussi à se défaire de Jefferson Cepeda, qui l’a collé comme le sparadrap du Capitaine Haddock. L’Équatorien de la formation EF n’a porté qu’une offensive, «en facteur» à quelque 5 kilomètres du sommet, et ça a failli être la bonne. Et puis c’est finalement un Colombien, Einer Rubio, qui a surpris tout le monde lors du sprint final dans les rues de Crans et s’est offert le plus beau succès de sa carrière. Derrière, les favoris ont regardé ça de loin, sans jamais s’attaquer.
Samedi, au départ de Sierre, le Giro quittera la Suisse via le Col du Simplon, pour un parcours de 194 kilomètres qui ne devrait pas bouleverser le classement général. Après le géant des Alpes, à 2004 mètres d’altitude et après 56 bornes de course, le peloton descendra longuement, avant d’avoir droit à un plat de 100 km jusqu’à Cassano Magnago. Les coureurs partiront juste après midi et franchiront le Simplon deux heures plus tard. Enfin, si la météo le veut bien…