Epidémies en Suisse«Rien ne dit que le problème sera les lits en soins intensifs»
Le Conseil fédéral veut ajuster sa loi sur les épidémies pour être mieux préparé à toute éventualité. La crise du Covid a révélé ce qui fonctionnait et ce qui était à améliorer.
- par
- Julien Baumann
La venue d’Alain Berset au centre des médias à Berne mercredi après-midi pour parler épidémies a dû raviver de nombreux souvenirs chez certains journalistes présents. À quelques jours de son départ du Conseil fédéral, le Fribourgeois est en quelque sorte venu boucler la boucle de la crise du Covid. Il y a présenté un projet de révision partielle de la loi fédérale sur les épidémies.
«C’est une étape importante pour la gestion de futures crises sanitaires. La loi que nous avons aujourd’hui, entrée en vigueur en 2016, est une bonne base. Cette révision permet de renforcer ce qui a fonctionné et de combler les lacunes», a précisé Alain Berset. La nouvelle réglementation prévoit par exemple d’optimiser le modèle de gestion de crise à trois échelons – situation normale, particulière et extraordinaire –, pour mieux coordonner les tâches entre les cantons, le Parlement et la Confédération.
Certains points ne sont pas définis avec précision, comme l’instauration de seuils qui permettrait d’enclencher automatiquement l’entrée dans une situation extraordinaire. Alain Berset a tenu à rappeler que la loi en question visait à se distancier des enseignements de la pandémie de Covid. «On pourrait prendre un tout petit peu le risque de ne penser qu’à ce type de pandémie. Il ne faut pas se limiter à cette expérience. Il faut s’attendre à d’autres situations difficiles et la seule chose dont on peut être à peu près sûr, c’est qu’elles seront toutes différentes.»
Le certificat toujours sur la table
Le conseiller fédéral a par exemple évoqué la résistance aux antibiotiques ou les infections dans les établissements de soins comme étant des «immenses enjeux de santé publique». Raison pour laquelle une certaine flexibilité est de mise. «Rien ne dit que la prochaine fois, le problème sera les lits en soins intensifs», a encore déclaré Alain Berset.
Le très controversé certificat sanitaire doit être discuté dans le cadre de ces adaptations. «Cela reste une possibilité qui doit pouvoir être rapidement mise en œuvre si cela devenait nécessaire pour voyager», a justifié Alain Berset. «On est dans un pays qui a beaucoup de contact avec les pays voisins. On doit pouvoir réagir rapidement si tout à coup il est nécessaire de prouver qu’on a fait une vaccination.»
Vaccins Covid pris en charge jusqu’en 2024
Le Conseil fédéral a aussi décidé ce mercredi de prolonger au moins jusqu’à mi-2024 la prise en charge des vaccinations recommandées, afin de maintenir un accès facilité à cette prestation. Le vaccin contre le Covid-19 «demeure un élément central permettant d’éviter aux personnes vulnérables de développer des complications», écrit le gouvernement. Les coûts de la piqûre sont pris en charge par l’assurance obligatoire des soins, la Confédération et les cantons. Le système d’achat et d’approvisionnement du vaccin, exceptionnellement géré par l’Etat pendant la pandémie, sera géré par le marché privé dès le milieu de l’année prochaine.