France«Je n’ai toujours rien pour expliquer la disparition d’Émile»
Cinq jours après la disparition du bambin de 2 ans et demi au Haut-Vernet (F), le procureur Rémy Avon détaille au matin.ch la difficulté de progresser sans le début d’un indice.
- par
- Evelyne Emeri
Comment un enfant de 2 ans et demi peut-il se volatiliser sans laisser la moindre trace? «C’est tout l’objet de mon enquête: déterminer les causes de cette disparition», réplique du tac au tac le procureur français Rémy Avon lorsque lematin.ch le contacte ce jeudi alors que le dernier ratissage sur le terrain a pris fin. C’est lui qui est aux commandes des recherches du petit Émile, 2 ans et demi, disparu de chez ses grands-parents maternels depuis le samedi après-midi 8 juillet.
Ceux-ci possèdent une résidence secondaire dans le hameau du Haut-Vernet (Alpes-de-Haute-Provence), perché à 1200 m d’altitude. L’enfant s’est-il perdu? Des témoins l’ont aperçu seul dans la rue descendant en direction du village du Vernet vers 17h15. Les chiens policiers ont marqué l’endroit précis. A-t-il été enlevé là? Renversé accidentellement, puis dissimulé?
En cinq jours, pas le début d’un indice, pas le début d’une piste. En l’absence totale d’éléments probants, le procureur de Digne-les-Bains persiste à 360 degrés: «Je ne dispose d’aucun élément utile pour exclure l’une ou l’autre hypothèse. Je n’ai toujours rien pour expliquer la disparition du petit Émile. Les investigations ont été intenses dès le départ. Les gendarmes ont visité toutes les maisons du Haut-Vernet, tous les véhicules, une analyse de sang a été effectuée sur un utilitaire endommagé (ndlr. qui s’est révélé être d’origine animale), des prélèvements ont été effectués. Tout est négatif. Les battues et les ratissages judiciaires sont terminés. Nous allons passer maintenant à une nouvelle séquence et dans une autre temporalité: l’examen de l’ensemble des données récoltées et de la masse d’informations collectées».
Le bambin est-il en vie?
Où se trouve Émile? Est-il en vie? Ces deux questions taraudent toute sa famille et ses parents qui vivent à La Bouilladisse, à 25 km de Marseille. À quoi peut-on s’attendre cinq jours après une disparition aussi inquiétante, en pleine canicule? Doit-on supputer, imaginer le pire? «Je n’imagine pas. Je travaille sur du factuel. Les battues auxquelles ont participé des civils, des pompiers, des bénévoles visaient la recherche de l’enfant, c’était une opération de secours. À l’inverse, les ratissages sont effectués uniquement par des professionnels, des gendarmes, qui marchent en ligne serrée, au coude à coude, pour trouver un indice, une trace: un mégot, un textile, du sang, des branches cassées, des herbes foulées, des traces de lutte…», détaille Rémy Avon.
Plus d’accès au hameau
«La grande majorité des 25 habitants du hameau du Haut-Vernet (ndlr. 100 au village du Vernet) ont été entendus. Il y a beaucoup de résidences secondaires, tous les propriétaires n’étaient pas là, explique le magistrat, Les parents de l’enfant (ndlr. qui l’avaient confié aux grands-parents) sont arrivés le jour même dans la maison des grands-parents. Ils s’y trouvent toujours actuellement. L’accès au lieu de la disparition avait déjà été interdit pour mener à bien les opérations. Le préfet a prolongé cet arrêté au moins jusqu’à la semaine prochaine pour protéger les parents et les proches d’Émile.»
Quid de cette prétendue réunion de famille? «Je ne la confirme pas. Ça donne tout de suite une connotation de conspiration. C’est une famille nombreuse. Plusieurs membres étaient là. Ce sont des gens qui sont chez eux pour le week-end dans leur résidence secondaire», conclut le procureur de la République. Hier mercredi, ce dernier a annoncé qu’il ne communiquerait plus sauf nécessité afin de garantir la sérénité de l’enquête couverte par le secret, mais aussi de permettre à la famille du tout jeune disparu et aux résidents de la commune de retrouver la quiétude de leur environnement.