Mauvaise élèveProtection du climat: la Suisse dégringole au classement
Selon les chiffres du Climate Change Performance Index (CCPI), la Suisse a été rétrogradée à la 22e place de son index international. Elle fait moins bien que l’Égypte ou Les Philippines.
- par
- Eric Felley
La Suisse recule de 7 places dans le classement international de l’indice de protection climatique des pays principaux pays émetteur des gaz à effet de serre. Elle passe de la 15e à la 22e place en une année. Le Climate Change Performance Index (CCPI), publié par plusieurs agences internationales sur le climat, analyse les données de 59 pays et de l’Union européenne dans sa globalité, qui sont responsables d’environ 90% des émissions.
Les quatre catégories évaluées sont les émissions de gaz à effet de serre, la part des énergies renouvelables, la consommation moyenne et la politique climatique. Dans un communiqué publié lundi, le WWF commente cette contre-performance de la Suisse: «Elle obtient ses plus mauvaises notes dans les catégories de la politique climatique nationale, de la consommation d’énergie par habitant et de l’objectif de développement des énergies renouvelables à l’horizon 2030. Globalement, la Suisse est même moins bien notée que l’Égypte, les Philippines et l’Union européenne».
Le podium mondial vide
Il reste que d’une manière globale, les politiques favorables pour le climat demeurent à la peine dans le monde. Les trois premières places du classement ne sont pas attribuées, car «aucun pays ne se trouve sur une trajectoire de limitation à 1,5 degré», note le WWF. Les pays les mieux notés sont le Danemark et la Suède «grâce à leurs mesures ambitieuses en matière de protection du climat et au développement rapide de leur production d’énergie renouvelable».
La Suisse sur une trajectoire à 3 degrés
«La dégringolade de la Suisse ne me surprend pas», déclare Georg Klingler, expert climat et énergie chez Greenpeace Suisse. La Suisse ne respecte pas les engagements pris dans le cadre de l'Accord de Paris et ne fait pas assez d'efforts pour réduire ses émissions dans le pays et à l'étranger. Notre pays est sur une trajectoire qui mène à un réchauffement de 3°C».
Combler le retard sur trois fronts
Pour le WWF, la Suisse doit tirer les enseignements de cette situation: «L’essentiel est, désormais, de saisir les trois grandes occasions de combler ce retard: la votation populaire sur le contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers, la révision de la loi sur l’énergie et celle de la loi sur le CO2». Le contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers a été attaqué en référendum par l’UDC. La Suisse votera probablement en mars prochain sur cet objet.
Patrick Hofstetter, expert de la protection du climat au WWF Suisse, espère que le peuple soutiendra le contre-projet: «La Suisse est sur le point de se faire devancer par la communauté internationale. Il est maintenant primordial que le peuple dise clairement oui au contre-projet indirect à l’initiative pour les glaciers et qu’il saisisse l’occasion de la révision de la loi sur l’énergie et de celle sur le CO2 afin de développer l’efficacité énergétique, les énergies renouvelables et de réduire notablement les émissions.»