Les enseignants ne sont pas là pour changer des couches à l'école

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Société«Les enseignants ne sont pas là pour changer des couches»

Les enfants portent des couches-culottes toujours plus tard. Souvent, parce que les parents les considèrent plus pratiques et qu’il existe des modèles toujours plus grands. Un directeur d’école primaire argovien réagit.

Les fabricants se sont adaptés et offrent désormais des grandes tailles.

Les fabricants se sont adaptés et offrent désormais des grandes tailles.

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«Les enseignants ne sont pas là pour changer les couches», explique Philipp Grolimund, directeur de l’école primaire de Spreitenbach (AG) à la «Sonntagszeitung». Il a envoyé un flyer aux parents pour leur indiquer qu’il leur revient de s’occuper des changements des couches-culottes et pas au corps enseignant. Avant la rentrée de la prochaine jeune génération cet été, le directeur d’école argovien organisera donc, à nouveau, une réunion d’information sur le sujet pour les parents. Ils y seront informés que leurs enfants doivent être propres lorsqu’ils commencent leur parcours scolaire. Car pour lui, les couches dans les salles de classe «sont un no-go absolu. Cela vaut aussi pour le jardin d’enfants». En réaction, des parents ont déjà mis des annonces pour chercher des personnes qui pourraient venir changer les couches-culottes de leurs bambins pendant les pauses.

Un cas pas isolé

Le cas de Spreitenbach n’est pas isolé. Les enfants portent des couches de plus en plus longtemps, au jardin d’enfants et parfois même jusqu’à l’école primaire. Cela faute d’avoir été éduqués à utiliser des WC comme on le faisait en général vers l’âge de 3 ans (voir encadré). En effet, un certain nombre de parents trouvent que les modèles qu’on trouve d’ailleurs en tailles toujours plus grandes, sont bien pratiques. Cela tant en Suisse qu’ailleurs, comme en Allemagne. Interviewée par le journal zurichois, la pédagogue du développement Rita Messmer constate ainsi une tendance vers des enfants de plus en plus grands qui n’ont jamais quitté les couches. Elle se dit même submergée de demandes de parents à ce propos.

Enfants conditionnés par le commerce

Margrit Stamm, spécialiste en sciences de l’éducation, considère d’ailleurs que le problème vient du produit lui-même: «Les couches-culottes sont de plus en plus confortables et peuvent être portées comme des sous-vêtements normaux. Les enfants sont ainsi conditionnés à les porter», déplore-t-elle. Or, «il s’agit d’un signal complètement erroné, selon la pédagogue. Certains parents laissent aller les choses parce que la couche est un soulagement pratique pour eux-mêmes.»

Tous les enfants sont prédisposés à être propres

Autrefois, la règle générale voulait qu’à l’âge de trois ans environ, les enfants n’aient plus besoin de couches pendant la journée. Mais aujourd’hui, cela prend parfois beaucoup plus de temps, indique Margrit Stamm, spécialiste en sciences de l’éducation.

«Chaque nouveau-né apporte biologiquement au monde toutes les prédispositions à la propreté», souligne encore la pédagogue du développement Rita Messmer. «Ce comportement est un réflexe de la petite enfance qui ne demande qu’à être stimulé en conséquence. Un bébé donne des signaux lorsqu’il «doit» faire quelque chose», explique-t-elle. Il s’agite, commence à pleurer un peu, établit un contact visuel. On pourrait alors le mettre sur le pot. «Au lieu de cela, nous lui mettons des couches, car la médecine nous dit qu’il ne peut pas encore faire ses besoins tout seul», constate la spécialiste.

(ewe)

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