Bande dessinéeRien de tel qu’un dessin pour mieux comprendre Jérusalem
Le dessinateur de presse israélien Michel Kichka a profité de la pandémie pour réfléchir à sa profession, à la liberté d’expression et à la situation de son pays. Une belle ode à la paix.
- par
- Michel Pralong
Michel Kichka, descendant de survivants de l’Holocauste, est né en Belgique en 1954. Il est parti habiter en Israël à 20 ans. D’abord illustrateur, nourri de BD franco-belge, il est ensuite devenu dessinateur de presse et a notamment rejoint l’association «Cartooning for Peace» des dessinateurs engagés pour la paix, fondée par Plantu, Patrick Chappatte et Kofi Annan.
Il a mis longtemps avant de se lancer dans le roman graphique et il a sorti il y a peu ce que l’on peut considérer comme le troisième tome d’une autobiographie, «L’autre Jérusalem». Contraint d’arpenter sa ville de Jérusalem, paralysée par la pandémie de Covid, Michel Kichka en explore les rues, faisant ressurgir des souvenirs du passé. Ce qui va l’inciter à réfléchir à son métier en nous contant comment il y est venu.
Pour la paix
Si les dessinateurs de presse israéliens jouissent d’une grande liberté d’expression, il est quand même saisissant de voir que sur la quarantaine qu’ils sont, aucun n’est palestinien ni juif orthodoxe. Parce que les premiers seraient jugés comme collabos par les leurs. Et parce que les rabbins radicaux interdisent à leurs dessinateurs de se joindre à d’autres médias que ceux des orthodoxes.
Cet album tout en finesse et en délicatesse, pointe les contradictions, les tensions et les drames du pays, tacle la politique de Netanyahou, l’intolérance des extrémistes religieux. Mais il montre également tous ces habitants qui travaillent à ce que les choses changent. Une belle réflexion humaine et politique qui nous rappelle qu’il ne faut pas être soit pro-israélien soit propalestinien, mais pour les Israéliens et Palestiniens qui veulent la paix.