ClimatIl ne restera que 5% des glaciers suisses à la fin du siècle
Le secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale s’est montré très pessimiste: la fonte est inéluctable, même si on lutte davantage contre le réchauffement.
- par
- Michel Pralong
Mardi 10 mai, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) des Nations Unies publiait un nouveau bulletin selon lequel il y avait une chance sur deux pour que la température mondiale annuelle moyenne soit temporairement supérieure de 1,5 °C aux valeurs préindustrielles pendant l’une des cinq prochaines années au moins.
Suite à cela, le secrétaire de cette organisation, Petteri Taalas, a donné une interview à l’agende de presse autrichienne APA. Il y explique, comme on peut le lire dans le «Tyroler Tageszeitung», que les glaciers autrichiens auront disparu d’ici à la fin du siècle. «Ce combat est déjà perdu. Même avec une lutte courageuse contre le changement climatique, la fonte des glaces polaires et des glaciers se poursuivra pendant des siècles et le niveau de la mer montera avec elle». La Suisse ne s’en tirera guère mieux puisqu’il prévoit qu’il ne restera que 5% de la masse glaciaire actuelle à cette date, a-t-il précisé.
Le problème de l’eau potable
Sans glaciers, il y aura donc moins d’eau dans les rivières, ce qui affectera l’approvisionnement en eau potable et la production d’électricité. Les grands fleuves de l’Inde et de la Chine se nourrissent des glaces himalayennes. Il en va de même pour les glaciers des Andes au Pérou ou les Rocheuses aux États-Unis. «Le problème de l’eau est le plus gros problème: en aurons-nous assez pour l’agriculture et les populations?»
Autre conséquence du réchauffement: la montée du niveau des mers. Les Pays-Bas lutteront contre cela aussi «désespérément que le Bangladesh ou les États insulaires du Pacifique», dit Petteri Taalas. Et Los Angeles, Londres et Copenhague seront toutes en dessous du niveau de la mer, qui devrait monter de dix à 30 mètres
Selon lui, les effets du changement climatique se feront le plus ressentir dans la région méditerranéenne, donnant l’exemple de la température record de 48,8 degrés mesurée en Italie en 2021, ainsi que dans les régions polaires. La situation déjà critique en Afrique et au Moyen-Orient devrait encore se détériorer, notamment à cause de la forte croissance démographique.
Les gouvernements parlent comme Greenpeace il y a 10 ans
Si l’élimination du dioxyde de carbone dans notre atmosphère n’est pour l’instant pas technologiquement possible, le réchauffement climatique peut toutefois être freiné. Petteri Taalas s’est montré prudemment optimiste quant aux efforts politiques pour y parvenir. Selon lui, la conférence sur le climat de Glasgow a été la «deuxième plus réussie» après Paris et les gouvernements ont désormais reconnu le problème. «Tous les chefs d’État et de gouvernement ont prononcé des discours forts. Ils ressemblaient à Greenpeace il y a dix ans.» Il espère du coup que des mesures seront prises lors de la prochaine conférence en novembre en Égypte pour se remettre sur la bonne voie afin d’atteindre l’objectif d’un réchauffement maximum de 1,5 degré.
Mais si la crise du coronavirus a partiellement occulté la question du changement climatique, le secrétaire y voit des raisons d’espérer. Pour lui, cela a montré que l’humanité est capable de «prendre des mesures assez drastiques pour protéger les gens contre le Covid». Or les changements nécessaires pour réussir dans le domaine climatique sont marginaux et n’impliquent pas intervention massive dans la vie quotidienne des gens, donc cela devrait être possible de les faire.
Améliorer les systèmes d’alerte
Pour faire face aux conséquences du réchauffement, le secrétaire de l’organisation météorologique préconise en outre d’améliorer la coopération entre les services météorologiques et les systèmes d’alerte. Il a pris comme exemple l’Allemagne, qui aurait pu éviter de nombreux décès lors des inondations de l’an dernier s’il y avait eu une meilleure collaboration entre les météorologues et les services hydrographiques: «Nous aimerions que tous nos États membres disposent de services d’alerte précoce adéquats, actuellement seulement la moitié en a».