Hockey sur glace – En Ajoie, mieux vaut ne pas se fier à la girouette

Le HC Ajoie, c’est un peu comme le réchauffement climatique. A chaque récolte de données, on y trouve au minimum un fait peu ordinaire pour la saison, au mieux – ou au pire, c’est selon - un record. Un exemple parmi d’autres ? Vendredi dernier, alors qu’il menait 4-3 face à Zurich, il a tenu bon sans encaisser le moindre but dans l’ultime période malgré 22 envois adverses (2 pour le HCA). Un record dans le domaine ?

Mardi, c’est avant tout son manque de percutant offensif lors des vingt minutes initiales qui a pu surprendre l’observateur. C’est uniquement avec trois frappes – quasi sans danger par ailleurs – sur le filet bernois (Wännström à 5’08, Romanenghi à 17’23 et Birbaum à 19’37) qu’il a atteint la première pause. « On avait un plan de match et force est d’admettre qu’on ne l’a pas respecté », concède Bastien Pouilly.

Pour mieux s’en rendre compte, il n’y a qu’à considérer la domination territoriale bernoise en zone neutre, le nœud du problème pour le collectif de Porrentruy. Là où les agents fédéraux ont barré sans compromis et à trois hommes la route d’accès à leur camp de défense, Ajoie s’est montré trop peu résistant. «Cette zone, c’était un peu du fromage», image le défenseur des lieux. Un fromage mou ou à trous, on l’aura compris.

Les Jurassiens ont malgré tout tenu la parité au-delà de la mi-match. Face à une formation bernoise qui ne transpire définitivement pas la confiance, la perspective de comptabiliser une troisième fois de suite était bien réelle. Ce qui aurait alors constitué une première pour eux cette saison. Et puis tout s’est écroulé soudainement.

Une punition, sévère, infligée à Yannick Hänggi, une réussite de Simon Moser 1’14 plus tard, en jeu de puissance donc, puis une autre du Canadien Cory Conacher 18 secondes après le 2-1 du capitaine. Cette 32^e minute a été le tournant, sans aucun doute. « C’est le fait du match, oui. On peut évoquer les décisions arbitrales ou le manque de chance, mais on a aussi une part de responsabilité», admet Pouilly.

Dans les couloirs de l’arène bruntrutaine, Vincent Léchenne, l’assistant de Sheehan à la bande, n’hésitera pas à dire que son équipe s’est sabordée. «On aurait dû mieux réagir que ce qu’on a montré là. On parle toujours de l’importance de la présence qui suit un but concédé. Il fallait être solide, on ne l’a pas été», convient encore l’arrière du HCA. «Hélas, ce n’est pas la première fois que cela se produit. Après quoi, chacun essaie de sauver la baraque et le fait de manière désordonnée.»

Les propos du numéro 18 attestent d’un évident agacement. «On est salement déçus. On sortait d’un bon week-end (3 points contre Zurich et 1 ramené d’Ambri), on avait l’impression d’avoir un léger vent dans le dos et d’être sur le bon chemin. Reste que les consignes n’ont pas été respectées.» Dimanche soir, un foehn modéré soufflait sur le Jura, amenant un peu de douceur aux enfants partis en quête de bonbons dans les ruelles des villages en ce jour d’Halloween, en amenant aussi dans le cœur des supporters jaunes et noirs après un mois de frustration.

Quatre points pour conclure une encourageante semaine, pour calmer les esprits en période de disette. En Ajoie, vaut mieux toutefois ne pas trop se fier à la girouette. Car le changement de direction peut être brusque. Mardi, c’est bercé par un vent frais que les hockeyeurs ont rejoint la patinoire. Un vent qu’ils ont à nouveau dû affronter de face.

Toujours solidement ancré à la dernière place après ce 15^e revers en 19 matches, le HC Ajoie voit la 10^e position, occupée par Berne, s’éloigner à douze longueurs. Et dire que l’écart aurait pu être diminué de moitié avec un succès à la clé.

Vendredi, il recevra Zoug avant un déplacement samedi à Genève.