Post-BrexitDublin accuse Londres de rejeter les solutions de l’UE
Le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney, a accusé le gouvernement britannique de vouloir «changer les règles du jeu».
Simon Coveney a également reproché aux Britanniques de vouloir «changer les règles du jeu», en référence à la volonté du secrétaire d’État chargé du Brexit, David Frost, de s’attaquer au rôle de la Cour européenne de justice (CJUE) pour faire respecter les lois du marché unique européen qui s’appliquent en Irlande du Nord.
M. Frost compte, lors d’un discours mardi, à Lisbonne, presser de nouveau les 27 de faire preuve «d’ambition et de volonté», selon un communiqué diffusé samedi soir par Downing Street. Il va réclamer des changements importants dans le protocole nord-irlandais, avant les propositions des Européens mercredi.
Cela n’a pas été du goût de M. Coveney qui a haussé le ton ce week-end, reprochant à Londres de créer une nouvelle «ligne rouge» sur la CJUE. Cela a provoqué une passe d’armes avec David Frost. «David Frost m’accuse de soulever des problèmes sur les réseaux sociaux. C’est un peu fort, très franchement, parce qu’il briefe les médias britanniques pour dire: «Eh bien, l’UE peut apporter les changements qu’ils doivent faire, mais en fait ce n’est pas suffisant, nous en voulons davantage», et maintenant c’est la CJUE qui est le principal problème», a déclaré M. Coveney à la chaîne de télévision irlandaise RTE.
«Dans toute l’Union européenne, c’est vu comme le même schéma encore et encore – l’UE essaie de résoudre les problèmes, le Royaume-Uni rejette les solutions avant même qu’elles ne soient publiées et en demande plus», s’est agacé M. Coveney. Il a prévenu qu’ «à un moment, l’UE dira «ça suffit» (…) et je crois qu’on est maintenant très proche de ce moment.»
De son côté, le gouvernement britannique a réfuté avoir changé de position. Le premier ministre Boris Johnson avait accepté le rôle de la CJUE en 2019 «dans un esprit de compromis dans des circonstances difficiles», a déclaré lundi son porte-parole à des journalistes. Mais aujourd’hui, «il n’est tout simplement pas viable pour l’UE de faire des lois qui s’appliquent en Irlande du Nord sans aucune sorte de contrôle ou de discussion démocratique», a-t-il déclaré. «C’est du jamais vu qu’un accord bilatéral soit contrôlé par les tribunaux de l’une des autres parties», a ajouté ce porte-parole.
Difficultés d’approvisionnement
Officiellement sorti de l’Union européenne fin janvier 2020, le Royaume-Uni a quitté l’union douanière et le marché unique européens en janvier 2021, à la fin de la période de transition du Brexit. Mais sa province d’Irlande du Nord continue, elle, à en faire partie, selon les termes du protocole spécifique négocié dans l’accord de divorce entre Londres et Bruxelles, qui introduit ainsi des contrôles sur le fret arrivant dans la province britannique en provenance de Grande-Bretagne.
Cette solution a été adoptée pour éviter le retour d’infrastructures frontalières entre la province britannique et la République d’Irlande, points de frictions lors de trois décennies sanglantes entre unionistes et républicains qui ont pris fin en 1998. Mais le protocole est tenu pour responsable de difficultés d’approvisionnement et est accusé de créer une frontière en mer d’Irlande.