France60% des TGV annulés à cause d’une grève des contrôleurs SNCF
Le week-end s’annonce compliqué dans les gares françaises, avec de nombreux trains annulés à cause d’une grève lancée par un collectif de contrôleurs.
Une grève lancée par un collectif de contrôleurs a contraint la SNCF à annuler 60% de ses TGV et Intercités de vendredi à dimanche, et laisse craindre de nouvelles perturbations lors des fêtes de fin d’année. Vendredi soir, la direction de la SNCF a indiqué à l’AFP que «de nouvelles rencontres» étaient «prévues la semaine prochaine, dans le cadre du dialogue engagé depuis des semaines avec les organisations syndicales au sujet des chefs de bord».
De leur côté, les syndicats SUD Rail et CFDT ont évoqué une «réouverture des négociations», annonçant une «table ronde spécifique le jeudi 8 décembre», dans un communiqué. «Cela ne change rien à la grève du week-end», a toutefois précisé à l’AFP Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD Rail.
L’axe Atlantique touché
Les contrôleurs --officiellement appelés chefs de bord à la SNCF-- ont décidé de cesser le travail pendant tout le week-end, avec une «reprise progressive» envisagée lundi, pour réclamer une meilleure reconnaissance de leur statut. L’axe Atlantique est particulièrement touché, avec seulement 1 TGV sur 4, comme pour les Ouigo.
«Au total, on est plus de 80% à être en grève», a assuré vendredi à l’AFP Nicolas Limon, un des six membres fondateurs du Collectif national ASCT (CNA), lancé en septembre sur Facebook en dehors de tout cadre syndical et qui compte aujourd’hui près de 3000 membres.
Selon une source proche de la direction, 42% des chefs de bord étaient en grève vendredi, un chiffre qui devrait monter dans le week-end. Les syndicats (Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT-Cheminots et FO-Cheminots) ont tous apporté leur appui au mouvement, à l’exception de la CGT-Cheminots.
«Surpris par le mouvement»
Les presque 10’000 chefs de bord de la SNCF, dont près de 3000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs. Sans eux, les trains ne peuvent pas circuler. «La direction n’a pas pris la mesure de la grogne», a assuré à l’AFP Rénald Szpitalnik, élu SUD-Rail et contrôleur dans le TGV Paris-Milan.
Le collectif a été reçu à deux reprises par la direction, mais sans avancées concrètes, avant de mettre sa menace de grève à exécution. «Ce mouvement s’amplifie depuis des mois et des mois, il part de la base», a expliqué à l’AFP Delphine Ledieu, experte fédérale Unsa-Ferroviaire «C’est une grève qu’on n’a pas vue arriver, ni nous ni les syndicats», a reconnu jeudi le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, lors d’une conférence organisée par le magazine Challenges.
«On n’est pas considérés comme des personnels roulants alors qu’on travaille trois week-ends par mois et qu’on ne dort pas chez nous dix soirs dans le mois», explique Nicolas Limon. Avec le CNA, il réclame l’intégration de diverses primes au salaire de base afin qu’elles soient prises en compte dans le calcul de la retraite. Ces primes indexées sur l’activité ne sont donc pas versées en cas d’arrêt maladie ou lors des congés, dénonce aussi le cheminot.
Réponses insatisfaisantes
La direction de SNCF Voyageurs dit avoir proposé «une augmentation de la prime de travail de 600 euros par an pour tous les chefs de bord», une intégration «partielle» de celle-ci «au salaire fixe en 2024», «l’accélération de la progression de la rémunération» et «le passage à deux chefs de bord par rame pour tous les TGV Inoui d’ici trois ans».
Des propositions qui n’ont pas calmé la mobilisation. «On n’est pas des révolutionnaires, mais il nous faut du concret», assure Nicolas Limon. «Les mesures annoncées sur un certain nombre de points vont dans le bon sens», tempèrent dans un communiqué SUD-Rail et la CFDT Cheminots, mais «les réponses concernant la reconnaissance du métier et sa valorisation», ainsi que les propositions «sur le déroulement de carrière n’ont pas été jugées satisfaisantes».
Les syndicats, en soutien du collectif, ont déposé un préavis de grève pour les week-ends de Noël et du Nouvel An afin de mettre la pression sur la SNCF mais «on fera le maximum pour qu’il n’y ait pas de grève à Noël», a promis Nicolas Limon. Cette mobilisation survient à la veille du début des négociations annuelles obligatoires, qui doivent s’engager mercredi au niveau du groupe SNCF. La CGT, SUD-Rail et CFDT ont appelé à une «grève unitaire» ce jour-là.