Justice françaiseQuinze ans requis contre un ex-agent de mannequins jugé pour viols
En France, la justice reproche à l’accusé d’avoir abordé de (très) jeunes filles dans la rue et d’avoir dit vouloir les former à ce métier. Le procureur estime l’homme «dangereux».
Quinze ans de réclusion ont été requis, vendredi, à l’encontre d’un ex-agent de mannequins, jugé par la Cour criminelle départementale de Paris pour des viols et agressions sexuelles d’une quinzaine de jeunes filles.
«Vous n’avez pas fait l’amour aux quinze parties civiles. Vous les avez violées», a asséné l’avocat général à l’accusé, qui comparaît libre devant la Cour, sous contrôle judiciaire, après quatre ans de détention provisoire, entre juin 2016 et juin 2020. Il a demandé un mandat de dépôt contre l’homme, qui demeure «dangereux» et a également réclamé un suivi sociojudiciaire de dix ans, ainsi que l’interdiction de toute activité dans le milieu de la mode.
«J’ai conscience du mal que j’ai fait. Je n’ai rien d’autre à ajouter», a dit l’accusé avant que la Cour, uniquement composée de magistrats professionnels, ne se retire pour délibérer.
«Mode opératoire identique»
Même s’il n’y a pas de témoins directs des faits reprochés – «comme c’est quasiment à chaque fois le cas dans des affaires de viols», a fait remarquer l’avocat général –, il existe suffisamment d’éléments pour être convaincu de la culpabilité de l’accusé.
Le magistrat a notamment mis en avant «le mode opératoire» identique de l’accusé vis-à-vis de ses victimes, le plus souvent très jeunes, voire mineures, et qui ne se connaissaient pas avant de se porter partie civile.
Les faits reprochés se sont produits entre 2007 et 2014. L’accusé, recruteur et agent de mannequins, abordait les jeunes filles dans la rue ou dans un lieu public, parfois à la sortie des écoles. Il leur proposait de devenir mannequin en affirmant qu’il se chargerait de les former à ce métier.
«Propos rabaissants et humiliants»
Les jeunes filles recrutées par l’accusé, professionnel reconnu dans le milieu de la mode, étaient rapidement coupées de leur famille et se retrouvaient «sous son emprise». En fait de formation, il leur imposait un régime drastique. Puis venaient les humiliations, un «harcèlement moral» et «des propos rabaissants et humiliants», avant des agressions sexuelles multiples.
L’avocat général a rappelé sans détour les sévices sexuels imposés aux jeunes filles, dont des sodomies. Au cours de l’audience, l’accusé n’a pas nié avoir eu des relations sexuelles avec les parties civiles, mais s’est défendu de toute «contrainte» imposée. «Elles prenaient du plaisir, donc il y avait consentement», a-t-il dit.
«Vous avez mis ces jeunes filles, jeunes et vulnérables, dans des situations terribles», lui a indirectement répondu l’avocat général. «Elles devaient se soumettre à vos injonctions. Elles n’étaient consentantes en rien», a insisté le magistrat.
Le verdict est attendu dans la soirée.