Parlement: Les Etats enterrent le contre-projet à l’initiative biodiversité

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ParlementLes États enterrent le contre-projet à l’initiative biodiversité

Les sénateurs ont continué de s’opposer mordicus à tout contre-projet. Après un premier niet en juin dernier, ils ont à nouveau refusé, jeudi, la proposition du Conseil fédéral.

Christine Talos
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Christine Talos
Quelque 60% des insectes sont menacés en Suisse, tout comme 70% des espèces de poissons.

Quelque 60% des insectes sont menacés en Suisse, tout comme 70% des espèces de poissons.

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Les Suisses devront voter sur l’initiative biodiversité. Contre l’avis du National, le Conseil des États a continué de s’opposer mordicus à tout contre-projet. Après un premier niet en juin dernier, il a à nouveau refusé, jeudi, par 25 voix contre 18, la proposition du Conseil fédéral. Le contre-projet est donc enterré. «C’est une gifle pour la biodiversité», a résumé Mathilde Crevoisier Crelier (PS/JU), après cette décision.

Il faut dire que la gauche n’a pas ménagé ses efforts pour faire passer le contre-projet. «Il est largement soutenu par les directeurs cantonaux de l’agriculture, de l’environnement et des forêts, par les régions de montagne, les villes, les communes et l’économie, a plaidé la Jurassienne. Tout le monde admet que la crise de la biodiversité est là et qu’il faut faire quelque chose, mais on en arrive toujours, sur des technicalités, à refuser les projets successifs de l’Administration fédérale», a-t-elle critiqué. Elle a aussi rappelé que la Suisse était un mauvais élève: «C’est la lanterne rouge en matière de biodiversité par rapport aux pays qui l’entourent, avec jusqu’à 75% de certaines espèces qui sont menacées à court ou moyen terme».

Des coûts astronomiques en vue

La menace qui pèse sur la diversité biologique est reconnue et il est urgent d’agir, a tenté elle aussi Céline Vara (Verts/NE). «Nous devons maintenant décider si nous voulons prendre des mesures pour préserver la source de la vie. Car la biodiversité, c’est le fondement de la vie sur Terre et de notre existence». Ne rien faire coûterait en outre cher à la Suisse: 14 à 16 milliards de francs par année au minimum d’ici à 2050, a-t-elle rappelé en tirant un parallèle avec le réchauffement climatique sous-estimé il y a 20-30 ans et qui a de lourdes répercussions aujourd’hui.

Leurs efforts ont été vains. Pour la majorité des sénateurs, emmenée par la droite, la Suisse dispose déjà des conditions nécessaires pour définir suffisamment de zones importantes pour la biodiversité. Ils ont donc jugé inutile de créer un cadre juridique supplémentaire. En outre, même allégé, le contre-projet du Conseil fédéral va trop loin et aurait des conséquences importantes notamment sur l’agriculture, le tourisme et la production énergétique, a souligné Beat Rieder (C/VS) pour la commission.

Les initiants promettent une bataille «engagée»

«Le Conseil des États met en péril les bases vitales des générations futures», ont immédiatement réagi les initiants. «Il est incompréhensible et irresponsable que le Conseil des États ignore la crise de la biodiversité, qui est particulièrement grave en Suisse», a critiqué Raffael Ayé, directeur de BirdLife Suisse. «C’est maintenant le peuple qui aura le dernier mot. Les organisations de soutien mèneront une campagne de votation engagée», préviennent-elles.

Pour rappel, l’initiative «Pour l’avenir de notre nature et de notre paysage (Initiative biodiversité)» a été déposée en 2020 par plusieurs organisations de protection de la nature et de l’environnement. Les initiants demandent que Berne et les cantons préservent le paysage, ménagent la nature et mettent à disposition les surfaces, les ressources et les instruments nécessaires à la sauvegarde et au renforcement de la biodiversité. Toute atteinte substantielle à un objet protégé par la Confédération ou un canton doit être justifiée par un intérêt national ou cantonal prépondérant. Le Conseil fédéral souhaitait lui opposer un contre-projet indirect en inscrivant dans la loi sur la protection de la nature (LPN) l’objectif d’affecter 17% du territoire national à la protection de la biodiversité, contre 13,4% aujourd’hui.

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