ONULes alliés de Kiev dénoncent le «cynisme» russe au Conseil de sécurité
Au siège de l’ONU, à New York, l’ambassadeur de l’UE et le secrétaire général Antonio Guterres ont reproché à Sergueï Lavrov et au Kremlin de provoquer «une souffrance massive».

Assis aux côtés de Sergueï Lavrov (à droite), le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres (à gauche) a dénoncé sans ambages l’invasion de l’Ukraine, «en violation» du droit international et de la Charte de l’organisation.
Getty Images via AFPLes alliés de Kiev ont dénoncé lundi le «cynisme» de la Russie, qui a organisé une réunion spéciale du Conseil de sécurité, présidée par Sergueï Lavrov, sur la «défense des principes» de la Charte de l’ONU, qu’elle a violée en envahissant l’Ukraine.
«En organisant ce débat, la Russie essaie de se présenter comme un défenseur de la Charte de l’ONU et du multilatéralisme. Rien n’est plus loin de la vérité, c’est cynique», a dénoncé l’ambassadeur européen Olof Skoog, entouré par les représentants des 27 pays de l’Union européenne.
Le 23 février, à l’occasion du premier anniversaire de l’invasion, l’Assemblée générale de l’ONU avait une nouvelle fois à une écrasante majorité (141 voix pour, sept contre, 32 abstentions) exigé le retrait «immédiat» des troupes russes d’Ukraine. «Si un multilatéralisme efficace importe à la Russie, c’est le premier moyen de le prouver», a insisté l’ambassadeur européen.
Le système des Nations Unies «en profonde crise», selon Moscou
La Russie assure, en avril, la présidence tournante du Conseil de sécurité, et le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a fait le déplacement pour présider cette réunion, un des événements «signature» de cette présidence.
Dans la note de cadrage envoyée aux États membres, la Russie dénonce l’«ordre mondial unipolaire qui s’est installé» après la fin de la guerre froide, «menaçant l’efficacité et la stabilité du système des Nations Unies». «Aujourd’hui, une autre transformation systémique est à l’œuvre: l’ordre mondial unipolaire atteint naturellement ses limites et décline rapidement, tandis qu’émerge un nouveau système multipolaire», ajoute le texte.
Le système des Nations Unies «vit une profonde crise», a estimé Sergueï Lavrov devant le Conseil de sécurité, accusant les Occidentaux, et en particulier les États-Unis, d’en être responsables. «Cela ne concerne pas seulement l’Ukraine. Cela concerne la façon dont les relations internationales continueront à être dessinées par l’établissement de consensus solides, sur la base d’un équilibre des intérêts ou par l’avancée agressive et explosive de l’hégémonie de Washington», a-t-il déclaré.
L’invasion de l’Ukraine, en «violation» du droit international
Assis aux côtés de Sergueï Lavrov, le secrétaire général de l’ONU a, lui, dénoncé sans ambages l’invasion de l’Ukraine, «en violation» du droit international et de la Charte de l’ONU. «L’invasion russe de l’Ukraine, en violation de la Charte des Nations Unies et du droit international, provoque une souffrance massive et la dévastation du pays et de sa population, ajoutant au bouleversement économique mondial causé par la pandémie de Covid-19», a déclaré Antonio Guterres.
«Le système multilatéral est sous une tension plus grande qu’à aucun autre moment depuis la création des Nations Unies», a-t-il ajouté, pointant «les tensions au plus haut» entre «les grandes puissances». «Nous faisons face à des crises imbriquées les unes dans les autres sans précédent», a-t-il estimé, mettant en garde contre «les risques de conflit, par mésaventure ou erreur de jugement».
Appel à la libération de deux Américains
Charte de l’ONU en main, l’ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield a souligné l’importance de la défense de ses valeurs. Mais «la Russie, organisatrice hypocrite de la réunion d’aujourd’hui, a envahi sa voisine, l’Ukraine, et frappé au cœur la Charte de l’ONU», a-t-elle insisté. Face à Sergueï Lavrov, elle a également directement appelé à la libération des Américains emprisonnés en Russie, Evan Gershkovich, journaliste du prestigieux quotidien américain «Wall Street Journal», arrêté fin mars, et Paul Whelan, ancien marine détenu depuis 2018.