Football: Proche d’un retour au jeu, Kukuruzovic entrevoit la fin de la galère

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FootballProche d’un retour au jeu, Kukuruzovic entrevoit la fin de la galère

Sept mois et demi après sa grave blessure au genou droit, le milieu lausannois de 33 ans pourrait revenir à la compétition ce dimanche, contre Bellinzone (16h30).

Brice Cheneval
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Brice Cheneval
Convoqué la semaine dernière pour le déplacement à Neuchâtel, Stjepan Kukuruzovic n’était pas entré en jeu.

Convoqué la semaine dernière pour le déplacement à Neuchâtel, Stjepan Kukuruzovic n’était pas entré en jeu.

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Revenir d’une grave blessure, c’est un peu comme gravir une montagne: le sommet paraît loin, l’atteindre exige de la patience, de l'opiniâtreté et de la sueur. L’ascension est jalonnée de passages de référence, qui permettent de mesurer les progrès accomplis. Stjepan Kukuruzovic (33 ans) s’apprête à en traverser un d’une importance capitale. Éloigné des terrains depuis fin juin et une rupture du ligament antérieur du genou droit, le milieu croate du Lausanne-Sport pourrait regoûter à la compétition ce dimanche, lors de la réception de Bellinzone. Un moment clé dans le processus de retour au haut niveau, car il reconnecte le footballeur à son environnement. 

Kukuruzovic a repris l’entraînement collectif en début d’année, participant ainsi à la préparation. Avantage d’une saison à part, marquée par une trêve due à la Coupe du monde. La semaine dernière, il est réapparu dans le groupe à l’occasion du déplacement à Neuchâtel (3-2). Mais le scénario de la rencontre, incertaine jusqu’au bout, a incité Ludovic Magnin à le laisser sur le banc. Si les conditions le permettent, son retour devrait intervenir dimanche, à la Tuilière.

Entretemps, «Kuki» a eu droit à une grosse heure de jeu en amical, mercredi face aux Français de Thonon Évian Grand Genève (2-2), histoire de retrouver des sensations de match. «Ça fait du bien, après tant de mois à l’écart, de revenir sur les terrains. Je suis heureux», indique-t-il. «C’est comme si j’avais un nouveau joueur à disposition, se réjouit son entraîneur. Il a beaucoup manqué, parce qu’il possède un énorme impact dans le vestiaire.»

«C’est comme si j’avais un nouveau joueur à disposition. Il a beaucoup manqué, parce qu’il possède un énorme impact dans le vestiaire»

Ludovic Magnin, entraîneur du Lausanne-Sport

Plus serein qu’en 2011

Le 25 juin 2022 n’est plus qu’un mauvais souvenir. Depuis ce funeste match amical à Saint-Prex face à Stade Lausanne Ouchy, le natif de Thoune a entamé un long chemin de croix. Qu’il connaissait déjà pour l'avoir parcouru en 2011, lorsqu’il évoluait à Zurich. Alors âgé de 22 ans, Kukuruzovic s’était rompu une première fois les ligaments croisés du genou droit.

Fort de cette expérience, il a vécu les sept derniers mois plus sereinement: «La procédure de guérison reste la même. Ce qui change, c’est la manière dont tu vis la situation. Quand ta carrière est devant toi, une blessure impacte davantage ton moral. En 2011, il s’agissait de ma première. Je voulais rejouer le plus vite possible. Aujourd’hui, je me sens plus calme. J’ai une famille, des enfants, je relativise. Je ne suis plus à deux ou trois semaines près.»

«Je me sens plus calme. J’ai une famille, des enfants, je relativise. Je ne suis plus à deux ou trois semaines près.»

Stjepan Kukuruzovic, milieu de terrain du Lausanne-Sport

La sagesse ne l’a toutefois pas rendu insensible aux répercussions d’une absence prolongée: les douleurs physiques récurrentes et l’écartement du groupe, qui apportent un sentiment d’inaptitude et d’isolement. «Tout cela est difficile à vivre, reconnaît-il. Je tenais à faire ma rééducation à Lausanne pour garder le contact avec l’équipe. Mais même si tu es dans le vestiaire avec les gars et que tu assistes aux matches, tu ne fais plus complètement partie du groupe car tu n’es pas sur le terrain avec eux. Tu n’as qu’un aperçu de ce qui s’y passe.»

Reprise échelonnée

S’il entrevoit le bout du tunnel, Stjepan Kukuruzovic est encore loin de pouvoir donner sa pleine mesure. «Il n’a le feu vert que depuis une semaine et a joué son premier match seulement mercredi… Il y a une logique à respecter. Il n’est pas du tout prêt à débuter une rencontre, tempère Ludovic Magnin. S’il peut jouer ne serait-ce que dix minutes, ce sera déjà un miracle.» Le principal intéressé en est le premier conscient: «J’ai besoin de temps pour me remettre dans le rythme, reprendre confiance en mon genou et retrouver les sensations sur le terrain.»

Le dernier match de «Kuki» en compétition officielle remonte au 22 mai dernier, lors d’un déplacement à Saint-Gall en Super League.

Le dernier match de «Kuki» en compétition officielle remonte au 22 mai dernier, lors d’un déplacement à Saint-Gall en Super League.

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Le LS a trouvé un équilibre sans lui et, avec la montée en ligne de mire, est engagé dans une deuxième partie de saison à enjeu. Pas simple, dans ces conditions, de réintégrer un élément du calibre de «Kuki». Ludovic Magnin et ses adjoints n’entendent pas brusquer les choses. «On va lui laisser le temps de se remettre en forme, préconise le technicien vaudois. Le recrutement d’Antoine Bernede va dans ce sens. Ça nous évite de devoir trop le solliciter.» 

À la poursuite de son meilleur niveau

À court terme, Kukuruzovic devrait se contenter de bouts de matches en équipe première et passer par la case M21 afin d’engranger des minutes, avant de prétendre à un temps de jeu plus conséquent. Par ailleurs, le staff songe à organiser des rencontres amicales à intervalles réguliers. «Je n’ai pas de plan prédéfini, confie le joueur également passé par Vaduz et Saint-Gall. Je donne mon maximum à chaque entraînement et pour le reste, on verra au fur et à mesure. Je suis tranquillisé de voir que l’équipe fait un super job depuis le début de l’année, cela me laisse de la marge.»

Reste l’interrogation majeure: est-il capable, à 33 ans et avec un genou à ce point meurtri, de retrouver son meilleur niveau? «Il a plus de chances d’y parvenir que d’autres de par son profil, estime Magnin. Durant sa carrière, il a fait la différence grâce à son intelligence de jeu, et non sa dynamique physique. C’est un joueur d’une autre classe.» «Du moment où je ne ressens pas de douleurs quand je suis sur le terrain, je suis confiant», sourit pour sa part le No 7 lausannois.

Le sommet de la montagne n’est pas encore atteint mais il se rapproche. 

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