Entretien avec Volodymyr Zelensky«L’Ukraine n’a qu’un quart des moyens antiaériens dont elle a besoin»
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a évoqué auprès de l’AFP vendredi les défis auxquels fait face l’Ukraine: nouvel assaut russe, aide occidentale, manque d’hommes, trêve olympique… En voici les principaux extraits.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a jugé vendredi, dans un entretien à l’AFP, que l’assaut lancé par la Russie contre la région de Kharkiv, pourrait n’être que la première vague d’une offensive plus large. Selon lui, Moscou veut «attaquer» la ville de Kharkiv.
Les Russes «ont lancé leur opération. Elle peut être constituée de plusieurs vagues et ça, c’est leur première vague. Mais la situation est sous contrôle après cette première vague», a assuré le président ukrainien, alors que la Russie vient d’engranger ses plus grands gains territoriaux depuis fin 2022.
L’Ukraine a besoin de «120 à 130» avions de combat
Le président ukrainien avertit que l’Ukraine n’a qu’un quart des systèmes de défense antiaérienne dont elle a besoin. Il ajoute que son pays a besoin de «120 à 130» avions de combat F-16 ou autres appareils modernes, «pour que la Russie n’ait pas la supériorité dans les airs».
Un manque d’hommes et un problème de «moral» des troupes
Volodymyr Zelensky reconnaît que son pays manque de soldats et que cela affectait le moral des troupes, alors qu’une nouvelle loi sur la mobilisation entre en vigueur samedi pour regarnir les rangs de l’armée.
«On doit remplir les réserves (…) Il y a un nombre important de brigades qui sont vides. On doit le faire pour que les gars (qui sont sur le front) puissent avoir des rotations normales. C’est comme ça que le moral s’améliorera», a-t-il dit.
Zelensky critique l’interdiction occidentale de frapper en Russie
Le président ukrainien a reproché aux Occidentaux d’interdire à l’Ukraine d’utiliser les armes fournies par l’Europe et les États-Unis pour frapper le territoire russe.
«Ils peuvent nous frapper depuis leur territoire, c’est le plus grand avantage dont la Russie dispose, et nous ne pouvons rien faire à leurs systèmes (d’armements) situés sur le territoire russe avec les armes occidentales. Nous n’en avons pas le droit», a-t-il dit, soulignant s’en être plaint cette semaine encore auprès du secrétaire d’État américain, Antony Blinken.
L’Occident a «peur»
Volodymyr Zelensky a estimé que l’Occident avait «peur» aussi bien d’une défaite russe que d’une défaite ukrainienne, une situation qu’il qualifie d’«absurde».
«Nous nous trouvons dans une situation absurde où l’Occident a peur que la Russie perde la guerre. Et (en même temps) il ne veut pas que l’Ukraine la perde. Parce que la victoire finale de l’Ukraine mènera à la défaite de la Russie. Et la victoire finale de la Russie mènera à la défaite de l’Ukraine», a-t-il dit.
Non à la trêve olympique voulue par la France
Le président ukrainien a indiqué avoir rejeté l’idée de «trêve» dans la guerre avec la Russie pendant la durée des Jeux olympiques de Paris que souhaitait le président français Emmanuel Macron.
«J’ai dit: Emmanuel, nous n’y croyons pas. Imaginons une seconde qu’il y ait un cessez-le-feu. D’abord, on ne fait pas confiance à (Vladimir) Poutine. Deuxièmement, il ne va pas retirer ses troupes. Troisièmement, (…) dis-moi Emmanuel, ai-je dit, qui garantit que la Russie ne va pas en profiter pour faire venir ses troupes sur notre territoire», a raconté Volodymyr Zelensky, rejetant une «trêve qui ferait le jeu de l’ennemi».
La Chine doit être «impliquée» dans le sommet sur la paix
Le président ukrainien souhaite enfin voir la Chine «impliquée» dans la conférence sur la paix en Ukraine, que la Suisse doit organiser en juin au Bürgenstock (NW). Trois dossiers doivent être traités au cours de la réunion, notamment le retour des milliers d’enfants ukrainiens déportés.
«J’aimerais voir la Chine impliquée dans le sommet de la paix», a-t-il déclaré. «Des acteurs mondiaux» comme la Chine «ont une influence sur la Russie. Et plus nous aurons de pays de ce type de notre côté, du côté de la fin de la guerre, je dirais, plus la Russie devra compter avec cela», a-t-il ajouté.