France«La cause de nos maux tient en un nom: Macron!»
Marine Le Pen a pointé dimanche «le rejet de la personne» et «du projet» du chef de l’Etat lors d’un discours au Havre, mais en mettant en garde contre «le désordre et le chaos».
Dimanche, dans un discours au Havre devant 1500 militants, il s’agissait pour la patronne de l’extrême droite française de «poser les jalons de l’après-Macron», selon son entourage, avec «un discours de présidente» pour tracer «les grandes visions».
C’est pourtant principalement à la macronie que s’en est prise Marine Le Pen, selon elle représentée par des «dirigeants désinvoltes et indifférents», «coupés du peuple et des réalités, (qui) envisagent l’exercice du pouvoir comme une épreuve de force avec le pays, un bras de fer permanent avec les citoyens».
Or cette «intransigeance aveugle (...) n’est pas la marque de la fermeté», mais celle «du raidissement (et) de la fébrilité», appuie-t-elle, en déplorant que «d’une réforme contestée, il ait amené le pays à une crise institutionnelle».
«Écologie punitive»
Au moment où s’élançaient partout en France les cortèges du 1er-Mai à l’appel des syndicats et partis de gauche, la patronne des 88 députés RN à l’Assemblée entend tenir sa ligne de crête d’opposition à la réforme mais tout en distances avec le mouvement social. «Ne remplacez jamais votre bulletin de vote par une casserole», avait exhorté à l’heure de l’apéritif le vice-président du parti, Sébastien Chenu.
Et si, selon Marine Le Pen, Emmanuel Macron «se trompe lorsqu’il croit que l’usure peut être une stratégie», il ne faudrait pas pour autant «que son entêtement puéril fasse basculer le pays dans le désordre et le chaos», a-t-elle mis en garde. Reste que Marine Le Pen pointe «le rejet de la personne» du chef de l’État et «le rejet de son projet d’expropriation, de dépossession et de déconstruction par le démantèlement du pacte social dont la réforme des retraites est l’illustration».
Elle évoque les «transitions»: «démographique», avec selon elle «projet de submersion migratoire»; «civilisationnelle», vue comme «celle qui instille le wokisme»; mais aussi la transition «écologique». Mais, prévient-elle, «la révolution prétendument écologique que l’on nous vend n’est pas une balade au milieu des fleurs, mais un saut dans les orties de l’écologie punitive».
Jeanne d’Arc
Avec son banquet militant, baptisé «fête de la nation», le RN entendait renouer avec son traditionnel événement du 1er-Mai, désormais expurgé de la référence à Jeanne d’Arc (à peine évoquée au détour d’une phrase) mais tourné vers la «paix sociale» et le travail.
Le Havre? «Une terre ouvrière», justifie Marine Le Pen, en feignant d’oublier que la cité portuaire est dirigée par Édouard Philippe – donné à touche-touche avec elle dans les intentions de vote à la prochaine présidentielle – autant qu’elle fut une place forte de la gauche et demeure un bastion syndical.
«Le bastion de la résistance, la vraie, il est ici: c’est nous», a répondu Jordan Bardella, dénonçant la Nupes, «haineuse, hargneuse, irresponsable (qui) n’offre aucun débouché à la colère du peuple», alors que des militants anti-RN se sont rassemblés à quelques centaines de mètres du raout lepéniste, sans confrontation ni incident.
«L’ère Macron va s’achever et le temps des patriotes est venu», a encore lancé le nouveau président du RN, en visant d’abord les élections européennes de l’année prochaine. Sauf impossibilité, il devrait à nouveau diriger la liste et s’est fixé pour objectif «d’arriver en tête».
Mais pour l’élection présidentielle de 2027, la place est réservée: devant plusieurs journalistes, lundi matin, la fille de Jean-Marie Le Pen a usé d’une étonnante double négation: «Je suis candidate tant que je n’ai pas décidé de ne pas l’être.»