CommentaireEn Valais, le scandale des aides Covid à Zermatt et Verbier
Les remontées mécaniques valaisannes vont recevoir des dizaines de millions de francs de compensation après la pandémie. Les stations les plus riches se taillent la plus grande part du gâteau.
- par
- Eric Felley
Le Grand Conseil valaisan a accepté ce vendredi de verser 28,75 millions de francs à fonds perdu pour quelque 18 sociétés de remontées mécaniques du canton. Cette décision permet d’obtenir de façon subsidiaire 23 millions de francs de la part de la Confédération. En tout cela fait donc 51,75 millions de francs qui sont versés pour ce secteur en compensation des pertes enregistrées lors de deux années de pandémie Covid-19.
Ce qui est choquant est que cet argent est destiné pour la moitié aux remontées mécaniques de Zermatt (25,4 millions), puis à celles de Verbier (8,3 millions) et de Crans-Montana (4,3 millions). C’est de l’argent public utilisé pour alimenter le train de vie de stations haut de gamme qui, malgré la pandémie, connaissent une très bonne situation financière.
Le Covid fait flamber les prix
Dans ces stations, le prix du m2 a explosé ces trois dernières années. Selon les chiffres publiés jeudi du «Ski Property Index» de l’agence immobilière Knight Frank, le prix du m² habitable peut monter jusqu’à 22’500 francs à Zermatt ou de 26’500 francs à Verbier. Selon les chiffres du Groupe suisse immobilier, ces stations ont connu ces trois dernières années des plus-values immobilières de 13% à 15%! «Cette tendance haussière, écrit le Groupe suisse immobilier, s’est surtout accentuée avec l’arrivée de la crise sanitaire du Covid-19 débutée en mars 2020 provoquant une hausse de la demande pour l’achat de résidences principales ou secondaires».
Les communes les plus riches
Ainsi, la crise du Covid-19 a d’une certaine manière enrichi ces stations, dont les communes sont les plus riches du Valais. Elles sont aussi les plus chères pour la pratique du ski avec des forfaits adultes à la journée pour la prochaine saison de 83 francs à Zermatt, 80 francs à Verbier et 89 francs à Crans-Montana. Il ne s’agit pas de contester ce qu’apportent les remontées mécaniques dans ces stations, mais de s’interroger sur le bien-fondé de ces «compensations».
La réponse semble pragmatique: puisqu’une partie de l’argent vient de la Confédération, il faut absolument le prendre. Mais les 27,85 millions de francs valaisans auraient pu servir à autre chose qu’à subventionner le luxe ou, au minimum, être mieux répartis.