Mort de Timéo: Hôpital de Nancy (F) et deux médecins condamnés

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Justice françaiseL’hôpital de Nancy et deux médecins condamnés après la mort du petit Timéo

En 2015, le garçon de 4 ans avait été hospitalisé après une chute à moto. Le corps médical lui a administré, deux jours de suite, 16 fois la posologie requise pour un si jeune patient, ce qui a entraîné sa mort.

Reconnu «coupable des fautes commises par les praticiens agissant pour son compte», l’hôpital de Nancy a été condamné à une amende de 225’000 euros, plus de quatre fois supérieure à celle des réquisitions.

Reconnu «coupable des fautes commises par les praticiens agissant pour son compte», l’hôpital de Nancy a été condamné à une amende de 225’000 euros, plus de quatre fois supérieure à celle des réquisitions.

AFP

Deux femmes médecins coupables de négligence ont été condamnées à de la prison avec sursis et l’hôpital de Nancy à une lourde amende, vendredi, pour la mort de Timéo, 4 ans, survenue à la suite d’une surdose médicamenteuse en 2015. Le Tribunal correctionnel de Nancy a, en revanche, relaxé l’infirmière initialement mise en cause. Un an avec sursis avait été requis contre les trois soignantes, poursuivies pour homicide involontaire.

Au printemps 2015, le petit garçon avait été admis au CHRU de Nancy pour des douleurs aux jambes, après avoir chuté d’une moto sur laquelle son père le transportait. Peinant à établir un diagnostic clair après trois semaines de soins en unité infantile, sous la supervision d’une jeune interne, l’équipe médicale avait décidé de lui donner de la colchicine, un anti-inflammatoire. Mais une erreur de prescription (0,5 mg par jour qui deviendra 0,5 mg par kg) aboutira à l’administration, deux jours consécutifs, de 16 fois la posologie requise pour un si jeune patient, ce qui a entraîné sa mort.

«Un gros manque de sécurité»

La cardiologue pédiatrique ayant prescrit la colchicine, la cheffe de clinique adjointe débordée n’ayant pas suffisamment encadré l’interne en médecine chargée du jeune patient, et l’infirmière ayant administré de manière négligente la prescription erronée étaient poursuivies.

«Notre crainte était que la mort de notre fils soit étouffée, que personne ne soit désigné coupable, et ce n’est pas le cas, c’est déjà un petit pas.»

Julien, papa de Timéo

«On a été entendus», a réagi la mère de Timéo, Élodie, après l’énoncé de la décision. «Ce qu’on aurait souhaité, c’est qu’un procédé avec des vérifications soit mis en place aujourd’hui dans cet hôpital. On ne sait pas si, depuis les faits, il y a eu des améliorations dans la prise en charge et la prescription de médicaments dans ce service pédiatrique», a-t-elle poursuivi. «Il y a un gros manque de sécurité dans cet hôpital, on se demande comment ils font pour être classés parmi les meilleurs CHR.»

«Notre crainte était que la mort de notre fils soit étouffée, que personne ne soit désigné coupable, et ce n’est pas le cas, c’est déjà un petit pas», a ajouté le père, Julien.

La cardiologue devrait faire appel

La cardiologue a été déclarée coupable de la mort de Timéo et condamnée à un an de prison avec sursis. Le tribunal a considéré qu’elle était une «médecin d’expérience, compétente», qui a «laissé l’interne se débrouiller toute seule» alors que «c’est elle la spécialiste, elle qui connaît le médicament et savait qu’il n’existait pas de version pédiatrique de celui-ci», a motivé le tribunal. Une «décision révoltante» pour son avocat, qui a d’ores et déjà prévu d’interjeter appel.

La médecin qui était, au moment des faits, assistante cheffe de clinique a été condamnée à six mois d’emprisonnement avec sursis pour son «défaut d’encadrement d’un interne en médecine». «Il y a des négligences graves dans la supervision», a considéré le tribunal.

S’agissant de l’infirmière relaxée, le tribunal a considéré qu’elle «ne pouvait savoir que ce médicament était dangereux», d’autant qu’«il n’y avait aucune alerte sur le logiciel de pharmacie» et qu’elle «n’était pas l’auteure de la deuxième injection». «C’est l’application stricte du droit, aucune faute ne pouvait lui être reprochée», a réagi son avocate à l’issue de l’audience.

Une amende de 225’000 euros pour l’hôpital

Enfin, reconnu «coupable des fautes commises par les praticiens agissant pour son compte», le CHRU de Nancy a été condamné à une amende de 225’000 euros, plus de quatre fois supérieure à celle des réquisitions. L’hôpital avait déjà été condamné pour des faits similaires en janvier 2011. Il aura l’obligation d’afficher, sur un format A3 et pendant deux mois, la condamnation sur la porte d’entrée de l’établissement, ainsi que sur la porte du service pédiatrique.

(AFP)

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