Hong Kong: Pour manifester, il faut montrer patte blanche

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Hong KongMême pour rejeter un objet de second plan, il faut montrer patte blanche

Pour la première fois depuis deux ans, des Hongkongais ont pu manifester contre un projet de terre-plein. Mais ils ne pouvaient pas être plus de 100 et devaient porter un badge avec leur nom.

Un policier hongkongais remet son badge à l’une des 80 protestataires.

Un policier hongkongais remet son badge à l’une des 80 protestataires.

AFP

La première manifestation depuis environ deux ans contre une mesure du gouvernement hongkongais s’est déroulée, dimanche, selon des modalités strictes, comme la limitation du nombre de participants et le port obligatoire d’un badge d’identification. Car Pékin a imposé, en 2020, une loi sur la sécurité nationale dans la métropole chinoise, pour mettre fin aux manifestations prodémocratie ayant secoué Hong Kong et faire taire la dissidence. Peu de protestations publiques ont eu lieu depuis contre la politique du gouvernement local, en raison de la répression et des mesures de distanciation sociale contre le Covid-19.

La manifestation de dimanche avait pour but de s’opposer à un projet de terre-plein dans l’est du territoire. Elle est la première à avoir obtenu une autorisation officielle depuis la levée des mesures sanitaires. La police a cependant contraint les organisateurs à respecter des conditions draconiennes: parmi elles, la limitation du nombre de participants à 100 personnes et le port d’un badge d’identification numéroté. Les forces de l’ordre ont encadré la foule à l’aide d’un cordon et séparé journalistes et protestataires.

Des agents ont scruté les banderoles et pancartes à la recherche de «mots politiquement sensibles et séditieux», a rapporté Cyrus Chan, qui organisait la manifestation. Des modalités «ridicules», a estimé un des 80 participants. «C’est de l’intimidation… mais que pouvons-nous faire? Aujourd’hui, même le simple fait de prendre une bouffée d’air frais peut menacer la sécurité nationale.»

Interrogée sur ces modalités, la police a dit procéder à une évaluation «approfondie» des risques liés aux événements publics, en se fondant sur leur «motif, leur nature, le nombre de participants, l’expérience passée et les faits récents».

Mesures «disproportionnées»

Eric Lai, du Center for Asian Law de l’Université de Georgetown, à Washington, a qualifié de mesures «disproportionnés» le décompte et l’identification des manifestants, inédits selon lui lors des précédentes manifestations autorisées par la police hongkongaise.

«C’est de l’intimidation… mais que pouvons-nous faire? Aujourd’hui, même le simple fait de prendre une bouffée d’air frais peut menacer la sécurité nationale.»

Cyrus Chan, organisateur de la manifestation

Des événements publics de grande envergure – des festivals de musique aux foires d’art – ont eu lieu à Hong Kong depuis la levée des mesures sanitaires. Les autorités locales assurent que les habitants jouissent toujours des libertés d’expression et de réunion. En mars, un groupe de défense des droits des femmes avait annulé une manifestation – qui aurait été la première en faveur des droits civiques depuis des années à Hong Kong –, après des convocations répétées des organisatrices par la police.

(AFP)

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