Football: Commentaire: les joueurs n’ont pas à s’excuser d’être mauvais

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FootballCommentaire: les joueurs n’ont pas à s’excuser d’être mauvais

Après leur échec contre le SLO (1-1), joueurs et coach du LS ont encaissé les critiques de leurs fans mécontents sans broncher. Ce type de tribunal populaire a tendance à se multiplier. Une hérésie selon nous.

Nicolas Jacquier
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Nicolas Jacquier
Ludovic Magnin, ici en train de demander aux ultras vaudois d’arrêter d’allumer des fumigènes contre Servette, est retourné auprès de ceux-ci pour s’excuser après le match nul contre le SLO.

Ludovic Magnin, ici en train de demander aux ultras vaudois d’arrêter d’allumer des fumigènes contre Servette, est retourné auprès de ceux-ci pour s’excuser après le match nul contre le SLO.

Pascal Muller/freshfocus

C’est quelque chose à laquelle l’on n’était guère habitué; pourtant, ce quelque chose est en train de prendre racine dans nos championnats jusqu’à s’imposer comme un classique chez les perdants, ou, plus communément, toutes les équipes n’ayant pas obtenu ce qu’elles espéraient y trouver en matière de points. On veut parler ici de ces étranges rassemblements «unissant», peu après le coup de sifflet final et le verdict du terrain, les fans, souvent vociférants parce que remontés comme des coucous, d’un côté et les joueurs - et parfois coach et autres membres du staff - de l’autre.

Voilà qui ressemble à s’y méprendre à un tribunal de l’Inquisition sportive, où les accusés, têtes basses, viennent se faire houspiller et déglinguer par ceux et celles qui, en des temps meilleurs, les idolâtraient encore.

Scène surréaliste

Les pauvres (pas au niveau salarial, rassurez-vous…) joueurs du LS sont en passe de devenir des spécialistes en la matière comme l’ont rappelé les incroyables images diffusées dimanche soir par la RTS lors de son émission sportive. Une scène où l’on voit les joueurs d’abord, rejoint ensuite par Ludovic Magnin, écouter doctement les doléances du représentant des ultras, invitant son auditoire à plus de hargne selon ce qui devait être rapporté.

Alors oui, ce genre de scène surréaliste permet peut-être de désamorcer la crise en permettant à l’équipe de se projeter sans doute plus facilement dans son prochain match, en l’occurrence un nouveau derby, face à Yverdon celui-ci, solide leader de la représentation vaudoise en Super League.

Mais au-delà de cet aspect purement relationnel, on peine à comprendre la justification de ce type de rendez-vous auquel les joueurs de Xamax sont également habitués. Quand tout allait mal à Tourbillon, les joueurs du FC Sion avaient eux aussi parfois dû aller s’incliner devant le bouillant kop pour réclamer pardon… Mais de quoi tous ces supporters, ici ou là-bas, se mêlent-ils?

Joueurs dociles

À l’heure du grand déballage en public, est-ce vraiment là le rôle des acteurs de s’en prendre «plein la poire»? En quoi pourraient-ils se faire pardonner d’avoir été nuls si tant est qu’ils l’aient vraiment été? Ce qui choque le plus dans la scène aperçue samedi à l’issue du derby contre le SLO, c’est la parfaite docilité des intéressés, prêts à endosser tous les reproches alors que la responsabilité de ce nouvel échec n’est pas uniquement de leur ressort, tant s’en faut même.

Si les joueurs de la Tuilière sont aussi mauvais comme beaucoup ont tendance à le croire, c’est parce que les choix de la direction sportive l’ont aussi été pour ce qui est de leur recrutement. Tout aurait pu être différent si le poste de directeur sportif, vacant depuis bien trop longtemps, avait enfin été repourvu – aux dernières nouvelles, le dossier demeurerait toujours en attente dont on ne sait quoi.

Colère légitime

Si la colère des ultras du LS est légitime, elle se trompe par contre de cible selon nous. Parce qu’aucun élément de Ludovic Magnin ne triche en ne mouillant pas suffisamment son maillot par exemple et que personne ne fait exprès de ne pas être à la hauteur de ce qui lui est demandé par son employeur. Les véritables coupables de ce marasme sportif ne sont pas à chercher sur la pelouse mais du côté des dirigeants. C’est à eux, et à eux seuls, que les ultras lausannois devraient demander des comptes.

Mais le LS existe-t-il seulement encore dans la galaxie Ineos? Plus les mois passent et plus on a le sentiment troublant que le club vaudois compte pour beurre aux yeux de son propriétaire.

À ce rythme, le tribunal populaire de la Tuilière risque de devoir encore prévoir de nouvelles séances.

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