Hockey sur glaceLe LHC se lance dans un vaste chantier
La saison des Lausannois est terminée depuis le 4 mars, mais le boulot ne fait que commencer. John Fust, confirmé comme directeur sportif, est aux commandes.
- par
- Cyrill Pasche
De bonnes intentions et résolutions, mais aussi pas mal de «belles paroles»: le LHC cuvée 2023-2024 se veut ouvert, transparent, prêt à «tout expliquer et à ne rien cacher» – c’est ce qui est ressorti de la conférence de presse de fin de saison, lundi – sans toutefois parvenir à spécifier la durée du contrat de John Fust à la première question posée à ce sujet (mais pourquoi donc? Pour ne pas froisser une frange du public qui espérait du changement?).
La conférence de presse – bilan de fin de saison, projections d’avenir – a finalement ressemblé en de nombreux points à celle du mois d’août dernier à la différence près que le siège occupé alors par Petr Svoboda appartenait cette fois-ci à John Fust (directeur sportif, 3 ans de contrat a-t-on appris par la bande) et celui de Fust à Geoff Ward (entraîneur avec un contrat jusqu’en 2025). L’été dernier aussi, le LHC était rempli de belles promesses, avec les résultats que l’on connaît au final.
Alors pourquoi faudrait-il, cette fois-ci, penser que tout ira pour le mieux avec (presque) les mêmes personnes aux commandes, alors que l’équipe qui se présentera sur la glace la saison prochaine sera relativement proche de celle qui a échoué cette année (11e rang et fin de saison prématurée)?
Voici ce qui plaide en faveur d’un renouveau, mais aussi les dangers qui guettent le club vaudois et les changements annoncés:
Pourquoi John Fust?
Le Canado-Suisse bénéficie de la confiance des dirigeants et semble aussi être une des personnes de confiance du propriétaire, Gregory Finger, qui a validé tous ses projets au mois de novembre déjà. Il est vrai que Fust en connaît un rayon sur le hockey suisse et plus particulièrement le LHC où il a endossé toutes les casquettes, et mérite une chance de pouvoir travailler à la reconstruction de l’équipe. Son avantage: il a entraîné et côtoyé les joueurs, de quoi lui offrir une bonne vue d’ensemble avant de déterminer quels hockeyeurs collent – ou non – au futur projet sportif du LHC.
Quel est le projet?
Le directeur sportif se retrouve pieds et poings liés devant certains contrats à long terme encore en vigueur au moins jusqu’en 2025. On ne peut donc pas s’attendre à une révolution avant la fin de la saison 2024-2025, lorsque 15 contrats du groupe actuel arriveront à échéance (source: eliteprospects). Fust aura alors une première grande occasion de démontrer son savoir-faire en construisant une «nouvelle» équipe à Lausanne. En attendant, seul le contingent d’étrangers permet de procéder à des ajustements et il n’est pas à exclure que l’un ou l’autre étranger (Audette? Salomäki? Éventuellement Raffl, apprécié à l’interne mais souvent blessé) quitte le LHC avant l’échéance de son contrat. Le premier à quitter le navire a été le défenseur slovaque Martin Gernat, dont le contrat a été résilié à sa demande. Concernant les partenariats en Swiss League, le LHC est en discussion avec Sierre, mais lorgne aussi du côté de Martigny, fraîchement promu en deuxième division, pour y placer quelques Lionceaux.
Des joueurs ont-ils demandé à partir?
La semaine passée a été consacrée aux entretiens de fin de saison, processus jugé essentiel par le directeur sportif John Fust afin de poser les bases du LHC du futur. Lundi, le club a annoncé le départ «surprise» du défenseur Martin Gernat, qui a émis le souhait de mettre un terme prématuré à son contrat avec Lausanne. Une résiliation effectuée d’un commun accord. D’autres joueurs ont-ils émis le souhait de quitter le club? Tant John Fust que le coach Geoff Ward ont pris soin de botter en touche et de ne pas répondre directement à la question. Les joueurs «à problèmes» du dernier exercice, comme Michael Hügli (un seul but) ou Ronalds Kenins (contrat jusqu’en 2026), devraient tous bénéficier d’une deuxième chance de se faire valoir. Hügli, surtout, reste un attaquant à haut potentiel qui ne pourra que faire mieux à sa deuxième saison avec les Lions. Au niveau du coaching staff, seul le cas de l’assistant Alex Reinhard reste ouvert à ce jour. Les autres adjoints, comme Peter Andersson et Cristobal Huet, épauleront toujours Ward la saison prochaine.
Le LHC est-il sous pression financièrement?
John Fust a laissé entendre que son objectif, idéalement, était de diminuer le budget tout en améliorant l’équipe. En d’autres termes, faire mieux avec moins, et se débarrasser à terme des contrats trop pesants dont le rapport qualité-prix est défavorable. Les dirigeants (le CEO Chris Wolf et le président Patrick De Preux) ont quant à eux reconnu que le résultat financier serait de nouveau mauvais, «mais pas alarmant». La fin de saison au 4 mars, privant le club des éventuelles rentrées financières en préplay-off et play-off pendant que les joueurs continuent d’être payés intégralement au moins jusqu’à fin avril (certains ont des contrats sur 12 mois) pèsera encore davantage sur la trésorerie du club. En tout, plusieurs millions de francs de pertes sont à craindre.