Asile en SuisseDemandes en hausse, Berne pointe du doigt la Turquie et la Serbie
Le Secrétariat d’État aux migrations a tiré le bilan chiffré de l’asile en Suisse. Le contexte international a entraîné la hausse des arrivées, mais son intervention a permis de la limiter.
Si la Suisse a vu arriver plus de demandeurs d’asile en 2022, ce n’est pas parce qu’elle l’a cherché avec une politique d’accueil favorable. C’est parce que le monde est tumultueux et, surtout, parce que certains pays ont ouvert les portes de la route vers l’Europe. Tel est en substance l’avis du Secrétariat d’État aux migrations (SEM) dans son bilan de l’asile en 2022.
Partis de Turquie
Au total, ce sont 24’511 personnes qui ont déposé une demande l’an dernier. L’augmentation de 60% par rapport à 2021 peut sembler impressionnante, mais elle s’explique notamment par la levée des restrictions aux frontières après la pandémie. De plus, les principaux pays d’origine des requérants ont vu leur économie s’affaiblir.
Mais le SEM pointe aussi du doigt certains États étrangers. «La Turquie, en particulier, a durci le ton pour inciter les 3,5 millions de Syriens et les 200’000 à 300’000 Afghans séjournant sur son territoire à quitter le pays», écrit-il, disant que le flux migratoire a «de ce fait, nettement augmenté» en été. Dans les statistiques, justement, les deux premiers pays d’origine des demandeurs d’asile sont l’Afghanistan et la Turquie.
Pression sur la Serbie
Autre coupable désigné: la Serbie, décrite comme «plaque tournante» de la route vers l’Europe via les Balkans. «Au cours de l’année 2022, l’itinéraire partant de la Serbie vers la Bosnie et la Croatie puis vers la Slovénie et l’Italie a nettement gagné en importance», relève-t-il.
La Serbie est pointée du doigt car elle avait octroyé des exemptions de visas à l’endroit de nombreux pays tiers, dont la Tunisie. «Un nombre nettement plus élevé de personnes en provenance du Burundi, d’Inde, de Cuba et de Tunisie est entré légalement en Serbie pour poursuivre illégalement le voyage vers l’espace Schengen en 2022», relève le SEM, qui, avec d’autres pays européens, est intervenu en automne dernier auprès de la Commission européenne. «Depuis, les ressortissants originaires de plusieurs Etats ne peuvent plus entrer sans visa en Serbie. Ces mesures ont permis de ralentir la migration par voie aérienne via la Serbie», précise Anne Césard, porte-parole du SEM.
Des départs aussi en hausse
Si le nombre d’arrivées a augmenté, celui des départs l’a fait encore plus. Le nombre de personnes du domaine de l’asile qui ont quitté la Suisse en 2022 a bondi de +205%. Dans le détail, 8333 personnes sont parties d’elles-mêmes. À elles s’ajoutent 3134 personnes qui ont été renvoyées. Six sur dix d’entre elles l’ont été dans leur pays d’origine ou dans un État tiers, le reste dans un État lié aux accords de Dublin. Le SEM s’attend toutefois à une nouvelle augmentation des demandes d’asile en 2023, tablant sur environ 27’000 demandes.