Xamax a réussi à faire douter un pâle FC Sion

Mais avec quel Xamax le FC Sion allait-il devoir composer? Celui s’offrant le luxe d’infliger un cinglant – et répété – camouflet au FC Thoune, battu deux fois sur le même score de 4-0 à la Maladière? Ou celui capable en même temps de s’incliner à domicile devant Bellinzone en début d’année (0-1)? Voilà de quoi décontenancer n’importe quel adversaire, fût-il leader de Challenge League... Aussi, au moment des retrouvailles, la clé du derby consistait-elle davantage à deviner quel visage pourrait bien offrir les Neuchâtelois plutôt que d’imaginer la capacité du visiteur valaisan à faire preuve, le cas échéant, d’adaptation, Sion s’éloignant généralement rarement du standard qu’il a l’habitude de proposer.

À l’issue d’un derby qui a davantage valu par son intensité dramatique que par le nombre, relativement faible, d’occasions que les deux équipes ont pu se ménager, le visiteur n’est pas parvenu à réussir la passe de huit victoires consécutives en championnat qu’il visait - un exploit qui remonte à la saison… 1960-1961! Si Fayulu a signé un treizième blanchissage, ses coéquipiers ont souvent manqué de tranchant. Tout l’inverse d’un Xamax virevoltant, qui peut s’estimer lésé par un score ne récompensant pas les efforts déployés.

À la Maladière, où le visiteur n’a pas été loin d’aligner son équipe-type, excepté Bua (blessé), remplacé par Baltazar au coup d’envoi, Uli Forte n’avait pas craint d’innover avec une défense neuchâteloise inédite, Abedini se positionnant aux côtés de Soro, le jeune Ivoirien de 18 ans fêtant là, en lieu et place de Winkler, sa première titularisation pour tenir l’axe en compagnie également du routinier Hajrovic.

Exit aussi Schwizer et Rapp, condamnés au banc. Alors que les deux kops se répondaient par chants interposés (quand ils ne se balançaient pas quelques amabilités que la morale réprouve…), ce fut à peu près pareil sur la pelouse. Face à un Xamax inspiré et surtout désireux d’offrir à son public la meilleure version de lui-même, on allait cependant vite comprendre que la soirée des Valaisans allait s’avérer compliquée. 

Plus percutants, les «rouge et noir» ont certes souvent dominé dans le vide leur hôte au cours d’une première période qu’ils devaient néanmoins remporter aux points si l’on songe à l’essai d’Hautier (34e) suivi d’une frappe de Saiz captée par Fayulu (37e). En face, une déviation de Bouchlarem (11e), puis plus grand-chose jusqu’au déboulé rageur de Sorgic lequel, sur ce coup-là, pourra s’en vouloir d’avoir privilégié le collectif en servant Chouaref au lieu de tenter lui-même sa chance (45e).

Dès le retour des vestiaires, le – pâle – leader allait frôler la correctionnelle lorsque Ramizi, pourtant idéalement placé, ne parvenait pas à cadrer son tir qui filait juste à côté du poteau (52e). Face à un Xamax en voulant plus que lui au point de le faire douter, Sion a souffert jusqu’à être souvent acculé dans sa surface. Au milieu de la vague neuchâteloise qui faillit l’engloutir, quelques rares ballons de contre (72e, Hefti contré in extremis). Sans doute Sion n’en a-t-il pas fait assez pour mériter davantage. Il faut aussi dire qu’il est tombé sur un excellent Xamax, motivé comme jamais à l’idée d’accrocher le leader.

Ce coup de frein sédunois n’a rien de catastrophique en soi. Abandonner ses premiers points de l’année face à ce Xamax-là n’est pas chose honteuse pour des Valaisans en panne d’inspiration et que l’on a senti somme toute assez heureux du verdict au coup de sifflet final. Dans un championnat, il est normal de connaître ici ou là un coup de moins bien. Dans le choc au sommet qui l’opposera à Thoune dans une semaine à Tourbillon, Sion devra cependant montrer qu’il ne s’agissait là que d’un banal accident de parcours. Et retrouver pour cela tout ce qui lui a fait défaut ce vendredi à Neuchâtel…