Nanterre (F)La famille de Nahel va porter plainte contre la cagnotte
L’instigateur de la cagnotte pour les proches de l’agent des forces de l’ordre qui a tué un ado de 17 ans a annoncé qu’il allait la fermer. En parallèle, la famille de la victime a saisi la justice.
La cagnotte controversée en faveur du policier qui a tué le jeune Nahel il y a une semaine à Nanterre sera fermée mardi soir, a annoncé sur Twitter son initiateur, Jean Messiha, une personnalité d’extrême droite, ancien porte-parole d’Éric Zemmour. La cagnotte, qui a réuni 1,5 million d’euros (quelque 1,4 million de francs), va être «clôturée ce soir à minuit», affirme-t-il dans une vidéo postée sur le réseau social.
Qualifiée de «cagnotte de la honte» par plusieurs responsables de gauche, cette collecte d’argent sur le site GoFundMe pour aider la famille du policier a connu un succès inattendu et suscité un vif débat. Avant l’annonce de sa clôture par Jean Messiha, les députés Mathilde Panot (La France insoumise) et Arthur Delaporte (PS) avaient annoncé la saisine de la justice pour obtenir la fermeture de la cagnotte.
La famille de Nahel a porté plainte mardi contre le créateur de cette cagnotte, a annoncé son avocat. «Une plainte a été déposée ce jour pour escroquerie en bande organisée, détournement de traitement de données à caractère personnel et recel de ces délits contre Jean Messiha», auteur du pot commun en ligne, «et contre toutes les personnes qui seront identifiées par l’enquête comme ayant participé à ces infractions», indique dans un communiqué Me Yassine Bouzrou.
«Une insulte aux proches de Nahel»
«Cette cagnotte pourrait être considérée comme illégale» et «doit fermer», a ainsi estimé Arthur Delaporte, en annonçant saisir la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau. «Il ne fait aucun doute des intentions de l’initiateur de cette cagnotte, qui utilise le drame de Nanterre pour asseoir et véhiculer des idées politiques appelant à la haine», a écrit à la procureure le député du Calvados.
«Cette cagnotte est «une insulte aux proches de Nahel», a estimé de son côté Mathilde Panot, cheffe de file des députés LFI à l’Assemblée nationale. «Soutien pour la famille du policier de Nanterre, Florian M., qui a fait son travail et qui paie aujourd’hui le prix fort», dit le texte accompagnant la cagnotte.
«Risque sérieux»
Les deux députés considéraient que cela pouvait constituer une incitation à la haine et provoquer un «risque sérieux de trouble à l’ordre public eu égard au contexte particulièrement volatil dans le pays». La droite et l’extrême droite, qui estiment que la police doit être soutenue sans ambiguïté, n’avaient pas trouvé à y redire.
«C’est une démarche que j’entends, que je comprends, qui ne me paraît pas contraire à nos principes. Bien au contraire, qu’on soutienne la famille d’un policier qui est aussi dans une épreuve aujourd’hui, ça ne me paraît pas choquant», avait ainsi déclaré, lundi, le président du parti Les Républicains (LR) Éric Ciotti, sans exclure d’y contribuer lui-même.
Côté gouvernement, la première ministre Élisabeth Borne et son ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin ont estimé que c’était à la justice de se prononcer sur sa légalité. «Le fait qu’effectivement ce soit une personne proche de l’extrême droite qui a lancé cette cagnotte ne contribue pas sans doute à apporter l’apaisement», avait ajouté lundi Élisabeth Borne.