Conflit en IsraëlL’aide humanitaire commence à arriver dans la bande de Gaza
Samedi matin, la télévision d’Etat égyptienne a montré des camions qui franchissaient la porte du poste-frontière de Rafah, à la frontière avec la bande de Gaza.
Des camions d’aide humanitaire ont commencé samedi à traverser le terminal de Rafah côté égyptien, vers l’enclave palestinienne de Gaza, rapportent une source de sécurité et un responsable du Croissant-Rouge égyptien à l’AFP. Des premiers véhicules ont atteint la bande de Gaza. Cinq camions ont pénétré en territoire palestinien, selon un correspondant de l’AFP sur place.
La télévision d’Etat égyptienne a montré plusieurs camions traverser l’immense porte du poste-frontière au 15e jour de guerre entre Israël et le Hamas, au pouvoir à Gaza, alors que des tonnes d’aide s’entassent depuis des jours dans l’attente d’un passage vers les 2,4 millions de Gazaouis, pour moitié des enfants, sans eau ni électricité ni carburant.
Quelque 175 camions chargés d’aide humanitaire sont massés depuis des jours à Rafah dans l’attente de l’ouverture du point de passage. Des dizaines de binationaux, dont des familles entières, résidant dans la bande de Gaza attendent côté palestinien, en espérant être autorisés à quitter la bande de Gaza à la faveur de cette ouverture du point de passage, la première depuis le début de la guerre le 7 octobre.
«Laisser jusqu’à 20 camions traverser»
Vingt camions du Croissant-Rouge égyptien, qui se charge de l’acheminement de l’aide des différentes agences de l’ONU, sont entrés dans le terminal égyptien, a constaté un correspondant de l’AFP sur place. Côté terminal palestinien, un journaliste de l’AFP a vu 36 semi-remorques vides entrer dans le terminal en direction de l’Egypte, en préparation du chargement de l’aide. Quatre ambulances, deux véhicules de l’ONU et deux véhicules de la Croix-Rouge étaient également visibles, côté palestinien.
Le président américain, Joe Biden, avait affirmé mercredi avoir obtenu du président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, la garantie de «laisser jusqu’à 20 camions traverser», un nombre totalement insuffisant selon l’ONU qui estime à au moins 100 camions par jour les besoins des Gazaouis. Avant la guerre, ils dépendaient déjà pour 60% d’entre eux de l’aide alimentaire internationale.
Les Etats-Unis ont influencé Israël
Vendredi, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, avait appelé depuis Rafah en Egypte, l’unique ouverture sur Gaza qui ne soit pas aux mains d’Israël, au «passage rapide» de l’aide humanitaire vers le territoire palestinien assiégé.
Israël refuse catégoriquement d’ouvrir ses passages frontaliers avec Gaza, mais les Etats-Unis sont parvenus à convaincre les autorités de donner leur feu vert à l’envoi d’aide depuis l’Egypte, via Rafah. Israël a précisé qu’il s’assurerait que l’aide ne parvienne pas au Hamas mais seulement aux «civils» du «sud de la bande de Gaza».
Antonio Guterres a déclaré vendredi qu’il était «essentiel d’avoir du carburant» côté palestinien pour pouvoir distribuer l’aide aux Gazaouis. Pour les observateurs, ce sont ces cargaisons de fuel qui pourraient être les plus problématiques pour Israël, qui impose depuis 16 ans un strict blocus à Gaza, notamment sur les biens qui pourraient servir à la fabrication d’armements ou d’explosifs.
Plus de 4000 morts
Pour le patron de l’ONU, les camions d’aide «sont une bouée de sauvetage, la différence entre la vie et la mort pour beaucoup de Gazaouis». Au terminal lui-même, côté palestinien, des détenteurs de passeports étrangers attendent en vain depuis plusieurs jours. «On doit réunir les conditions pour que les étrangers qui se trouvent à Gaza et qui veulent en partir puissent le faire», a déclaré Antonio Guterres.
Depuis des jours des avions du monde entier amènent de l’aide alimentaire ou médicale dans le Sinaï égyptien, frontalier de Gaza, où le bilan des bombardements israéliens s’élève à plus de 4100 morts incluant au moins 1500 enfants, selon le ministère de la Santé du Hamas à Gaza.
Plus de 1400 personnes ont été tuées le 7 octobre en Israël par les hommes du Hamas, en majorité des civils fauchés par balles, brûlés vifs ou morts de mutilations, selon les autorités israéliennes. Le Hamas a en outre enlevé 203 otages.
«Le premier convoi ne doit pas être le dernier»
«Le premier convoi ne doit pas être le dernier», a prévenu samedi le patron de l’humanitaire de l’ONU Martin Griffiths, présent au Caire pour un «Sommet pour la paix», après le passage de 20 camions de l’Egypte vers Gaza assiégée et pilonnée par Israël.
«Je suis confiant que ce chargement sera le début d’un effort durable pour fournir des biens essentiels -notamment de la nourriture, de l’eau, des médicaments et du carburant - aux Gazaouis de façon sécurisée, inconditionnelle et sans obstacle», a-t-il ajouté, alors que les cargaisons de samedi ne contiennent, selon les médias égyptiens, que de l’aide alimentaire et médicale et non du carburant, vital dans la bande de Gaza, dont l’unique centrale électrique est à l’arrêt.