Hockey sur glace - L’ignorance a été sa plus grande souffrance

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Hockey sur glaceL’ignorance a été sa plus grande souffrance

Après de longues semaines de convalescence et d’incertitude, Jérôme Leduc se dit rétabli. Durant son absence, les questionnements ont été nombreux en Ajoie. Le Québécois du HCA se livre avant la venue de Bienne ce dimanche à Porrentruy.

par
Julien Boegli
Jérôme Leduc est enfin rétabli.

Jérôme Leduc est enfin rétabli.

Freshfocus

«Jérôme sera de retour au jeu le 16 novembre.» L’affirmation ne laissait alors pas place au doute. Elle émanait de Gary Sheehan, l’entraîneur du HC Ajoie, le 5 novembre, soit juste avant la pause de dix jours dévolue à l’équipe nationale. «On le croira quand on le verra», avions-nous alors ajouté.

Le 16 novembre, pas trace pourtant du Québécois de 29 ans sur la glace léventine (défaite 2-0 contre Ambri). Entre silence et promesse de retour non tenue, les interrogations se sont répandues en Ajoie. Que se tramait-il au juste autour de la blessure de Jérôme Leduc (Gauthier-Leduc de son patronyme complet)? «Effectivement, il était prévu que je revienne à cette date-là, c’était mon espoir. J’ai pratiqué durant ces dix jours», confirme l’infortuné. Des pratiques qui se terminaient néanmoins toujours avant ses partenaires. Leduc parle alors de rechute. «Cette tentative a conduit à un retour en arrière dans mon processus de guérison.»

Son retour s’est matérialisé le 4 décembre face à Lausanne, ponctué d’une passe décisive à l’intention de Phil-Michaël Devos sur l’ouverture jurassienne (défaite finale 6-1). «Le corps a bien réagi. Avant la pause de novembre, ça n’allait pas du tout. Ce repos était donc nécessaire.» Aujourd’hui, l’arrière originaire de Québec, dont le contrat en Ajoie porte jusqu’au terme de la saison prochaine, va mieux. «Cela a pris plus de temps que prévu, mais je me sens bien actuellement. Je ne suis pas encore à 100%, je n’en suis toutefois pas loin.»

«Ça m’a fait mal, honnêtement, de devoir être éloigné si longtemps»

Jérôme Leduc, défenseur HC Ajoie

Ce dimanche marquera ainsi sa douzième apparition avec le chandail jaune et noir (2 buts, 5 assists et aucune pénalité), la quatrième consécutive. Cette rentrée, qu’il espère définitive, fait en tout cas du bien à un collectif en grande souffrance, qui reste sur huit revers de suite en championnat. Après de longues semaines à devoir bricoler tant bien que mal une arrière-garde qui tienne la route, le duo Sheehan/Léchenne peut à nouveau compter sur son principal renfort défensif, dont l’implication des deux côtés de la patinoire et dans toutes les situations de jeu soulagera bon nombre d’autres employés surutilisés et en proie à de trop fréquentes défaillances.

«Ça m’a fait mal, honnêtement, de devoir être éloigné si longtemps. Ce rôle qui m’est attribué (ndlr: il est le seul étranger défensif au HCA) me tient à cœur. Voir des gars aligner 27 minutes de jeu par soirée n’a pas été facile.» Ses premiers ennuis physiques sont apparus à Zurich, lors de la 3e journée, avec une sortie durant le premier tiers. Revenu une première fois le 28 septembre, l’homme aux 250 matches de AHL, drafté en 68e position par les Buffalo Sabres en 2010, a tenu quatre rencontres.

Le bas du dos, toujours, le faisait souffrir. Début octobre, la communication entre lui et le public a été interrompue. De vagues infos, aucun diagnostique posé: un début de grogne se faisait entendre lorsque son nom était cité. En bout de ligne, son manque d’intérêt pour le projet ajoulot a même été évoqué. Lui, pourtant, se défend de ces fausses rumeurs, rappelant au passage que lors des deux dernières exercices passés à Västeras IK en 2e division suédoise (40 points en 51 matches) puis aux Capitals de Vienne (56 points en 56 matches), il n’a manqué en tout et pour tout que deux parties suite à une fracture de la pommette.

«C’est la première blessure importante de ma carrière»

Jérôme Leduc, défenseur HC Ajoie

«C’est la première blessure importante de ma carrière», dit-il. Mais quelle blessure finalement ? Une hernie discale, comme cela a été avancé dans un premier temps? «Ça y ressemble sans en être une. J’avais une grande instabilité dans le bas du dos, je n’ai jamais connu ce problème auparavant, même avec trois enfants à la maison. Je n’arrivais plus à me relever, mon dos ne suivait plus. Cela a pris du temps à être diagnostiqué. J’ai vu un spécialiste à Porrentruy et, dès lors, mon état s’est amélioré.»

Et de préciser: «Le dos, c’est un peu comme une commotion cérébrale, cela peut prendre une semaine comme être beaucoup plus long. Avec un bras cassé, tu sais ce qu’il en est, tu peux planifier ton retour. Là, c’était plus délicat. On s’imagine toujours revenir plus tôt que prévu. Pour moi, ça a été l’inverse.»

Dès lors que les choses apparaissent comme réglées – le mal ayant disparu –, Jérôme Leduc revient dans un contexte difficile. Car, entre-temps, son équipe a lâché prise et piqué sérieusement du nez, larguée en queue de classement à 21 longueurs de la 10e place. Comment perçoit-il la suite et ses 21 derniers matches à l’enjeu sportif tout relatif? «Il faut fixer des objectifs à court terme. En ce moment, gagner un match et retrouver un peu de confiance, c’est tout ce qui importe. Cela ferait du bien à tout le monde, surtout à nos supporters. Il ne sert à rien de se focaliser sur un nombre de points à atteindre.»

Semaine démentielle

Le néo-promu de Porrentruy s’en va au-devant d’une semaine démentielle avec quatre rencontres à livrer en cinq jours. «J’ai vécu une telle accumulation de matches quand j’avais vingt ans. L’énergie descend rapidement. Il va falloir les disputer avec l’énergie du désespoir.» C’est peut-être là tout ce qu’il reste à Ajoie. Leduc ne cherche pas d’excuse: «On sait ce qu’il faut corriger, mais on dirait que l’on est incapable de l’appliquer. On peut toujours avancer que l’on est dans une période d’adaptation. Là, on a quand même passé le cap des 30 matches. On doit trouver le moyen d’être à niveau durant 60 minutes.»

En début de concours, c’était avant tout lors de la période initiale que le HC Ajoie perdait le fil. Ces derniers temps, c’est davantage en seconde moitié de rencontre. A chaque fois donc, il y a un moment d’égarement qui pèse sur les résultats, le moral et, inévitablement, l’ambiance de vestiaire. Lors des trois dernières sorties, face à Lausanne, Fribourg et Ambri, les Ajoulots ont trouvé l’ouverture «sans parvenir à fermer le livre», image Leduc.

En ouvrant ce nouveau chapitre de son histoire, le club de Porrentruy savait qu’il irait au-devant de nombreuses contrariétés. Mais là, franchement, ça commence sérieusement à manquer de rebondissements.

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