CyclismeRichard Chassot: «Je préfère le verre à moitié plein!»
Même si Tadej Pogacar ou Primoz Roglic ne sont pas au départ, le patron du Tour de Romandie se réjouit de cette 76e édition
- par
- Christian Maillard Châtel-St-Denis
Dans un sport qui va de plus en plus vite et où tout peut changer au dernier moment, Tadej Pogacar sera, le 25 avril prochain au Bouveret, peut-être au départ du Tour de Romandie. «Il est annoncé remplaçant dans son équipe mais j’ai eu un téléphone avec Mauro Gianetti, son directeur sportif, il n’y a que… 1% de chance qu’il soit là!» Patron du Tour de l’épreuve depuis seize ans, Richard Chassot aurait bien voulu également la venue de Primoz Roglic, mais là encore, le Slovène, qui prépare le Tour de France, a un autre programme.
Alors que les classiques belges ont mis en avant Wout Van Aert, Mathieu van der Poel, Stefan Kung ou Mads Pedersen, d’autres têtes vont se montrer d’ici dix jours sur les routes romandes. «Attention à Juan Ayuso, meilleur jeune l’an passé!» sourit le patron broyard.
À l’exception de Chris Froome, Egan Bernal, Romain Bardet ou Thibaut Pinot, il n’y a pas de grands noms qui ont brillé en ce début de saison dans le peloton de cette 76e édition. À vous entendre, Richard, ce n’est pas un problème pour vous. Cela va rendre la course plus ouverte, c’est ça?
C’est toujours l’histoire du verre à moitié plein ou à moitié à vide! Moi qui étais un coureur de troisième niveau, j’ai toujours eu de la peine à comprendre les organisateurs de l’époque qui regrettaient l’absence d’une tête d’affiche et qui croyaient du coup que leur épreuve ne serait pas terrible. Moi je respecte tous les coureurs. Il est certain que le grand public est plus intéressé aux noms qui dominent actuellement le cyclisme depuis deux ans et j’admets que cela aurait été agréable d’en avoir au moins un. Et d’un autre côté, s’il est au départ et qu’il écrase la course ce n’est pas drôle non plus…
Vous pensez à Chris Froome qui en 2013 à Bruson avait tué d’emblée le suspense?
Oui, il avait été en jaune toute la semaine avec la Sky et les spectateurs me disaient que notre Tour de Romandie était ennuyeux alors que j’avais le mec qui gagnait le Tour de France. Les gens ont toujours besoin d’autres choses qu’on n’a pas. Maintenant, il n’y a pas de secret: j’aurais bien voulu avoir un grand nom connu du public mais si les gros ne viennent pas, tant mieux pour les Suisses. Ça ouvre la course à l’équipe Tudor de Fabian Cancellara, à l’équipe nationale ou à des jeunes coureurs comme Ayuso ou d’autres que je me réjouis de découvrir et qui seront peut-être bientôt des prochains grands. À part ça, Tadej Pogacar qui gagne les Flandres, c’est quand même fou! Il y a une génération un peu particulière où les coureurs courent moins mais mieux.
Est-ce l’année d’un Suisse?
Moi, j’adorerais ça! Et je le dis avec le moins de chauvinisme possible. Mais quand on est organisateur suisse, qu’on aime le cyclisme suisse, qu’on a profité du cyclisme suisse où j’ai pu devenir pro grâce à des Suisses qui s’impliquaient dans le vélo comme aujourd’hui Cancellara, qui trouve des sponsors et qui monte une équipe de vélo, c’est motivant. S’il réussit dans le cyclisme suisse tout le monde sera gagnant. Je me réjouis aussi de voir à l’œuvre l’équipe nationale qui pourrait nous révéler quelques talents…
Quid de Gino Mäder?
Après sa deuxième place de l’an dernier, c’est sa chance! S’il nous gagne ce Tour de Romandie on serait vraiment très heureux d’autant pus que cela fait depuis 1998 et la victoire de Laurent Dufaux qu’un Helvète n’a plus remporté l’épreuve. Cela commence à faire beaucoup. Je me souviens aussi des succès de Pascal Richard en 1993 et 1994. Cela reste pour moi des émotions fortes. C’est à partir de là, quand il a gagné, que j’ai adoré le Tour de Romandie. Quand on est un jeune coureur et qu’on se rend compte qu’un Suisse que vous connaissez est capable de s’imposer, on se dit que nous aussi on peut le faire. Aujourd’hui, ça paraît encore un truc impossible car ce sont toujours les grands qui le gagnent, mais voilà, c’est toujours l’histoire de verre à moitié vide et moi je préfère le verre à moitié plein!
En parlant de verre, on repasse au… maillot jaune?
Oui! Il a fallu faire des choix entre l’histoire et la réalité du jour. Comme Pascal Richard le rappelait tout à l’heure, l’histoire du Tour de Romandie c’est le vert, mais quand vous regardez la télévision et que quelqu’un veut savoir qui est le leader, tout le monde parle du maillot jaune. C’est la force du Tour de France. Si le Giro a pu garder son tricot rose historique, que la Vuelta est en rouge, avec l’arrivée du World Tour on n’a pas pu garder le vert ou alors l’an passé pour marquer l’anniversaire du 75e. Revenir au jaune nous a paru logique, en plus la visibilité est quand même meilleure, surtout quand il pleut!