DiplomatieLe G20 intègre l’Afrique, mais peine à avancer sur le climat
Le G20 reste encore sur la retenue en ce qui concerne les mesures à prendre sur le réchauffement climatique et face à la guerre en Ukraine.
Les dirigeants du G20, réunis en Inde, ont fait samedi un geste pour l’Afrique invitée à intégrer leur club, mais échoué à s’entendre pour dénoncer une agression russe en Ukraine ou pour appeler à sortir des énergies fossiles. Le G20 a accueilli officiellement dans ses rangs samedi l’Union africaine (UA), un signal fort pour l’Afrique et une victoire diplomatique pour l’Inde, hôte cette année du sommet, qui s’affiche comme leader des pays du Sud.
Le Premier ministre indien Narendra Modi a également réussi à faire adopter une déclaration finale aux participants du sommet. Mais trouver un consensus au sein du G20, dont les pays sont très divisés sur la position à adopter face à la guerre en Ukraine et pour répondre au changement climatique, a nécessité des concessions.
«Un terrible message envoyé au monde»
Concernant l’Ukraine, si la déclaration finale dénonce ainsi l’«emploi de la force» visant à obtenir des gains territoriaux, le texte ne fait pas mention explicitement d’une «agression» russe en Ukraine, expression pourtant utilisée en 2022 lors du précédent sommet du G20 à Bali dans une référence à une résolution du Conseil de sécurité qui avait déploré «dans les termes les plus vifs l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine».
Sur le volet climat, les chefs d’État du G20 n’ont même pas réussi à mentionner qu’ils avaient un désaccord sur la réduction des énergies fossiles, comme l’avaient fait leurs ministres de l’Énergie en juillet à Goa. Ils sont là aussi restés sur le langage employé l’an dernier à Bali, appelant à «accélérer les efforts vers la réduction de la production d’électricité à partir de charbon» non accompagnée de dispositifs de captage ou de stockage de carbone. Cela exclut de facto le gaz et le pétrole.
«C’est un terrible message envoyé au monde, en particulier aux pays les plus pauvres et les plus vulnérables, qui souffrent le plus du changement climatique», a déploré Friederike Roder, vice-présidente de l’ONG Global Citizen.
«Une voix» pour l’Afrique
Les pays en développement sont en première ligne face aux événements météorologiques extrêmes liés au changement climatique, comme face à l’insécurité alimentaire que nourrit la guerre en Ukraine en pesant sur les prix des céréales.
Le président brésilien Lula avait encore rappelé samedi au début du sommet l’«urgence climatique sans précédent» à laquelle le monde est confronté du fait d’un «manque d’engagement en faveur de l’environnement».
Tripler les énergies renouvelables
Les pays du G20, qui sont responsables de 80% des émissions de gaz à effet de serre, ont malgré tout déclaré leur soutien aux efforts visant à tripler la capacité mondiale en matière d’énergies renouvelables d’ici à 2030. Ils ont aussi averti que les investissements et le financement de la lutte contre le changement climatique devaient «augmenter de manière substantielle» pour aider les pays en développement à effectuer la transition verte.
Une source diplomatique française a jugé «très satisfaisant» le langage retenu dans le communiqué, qui «permet de se projeter vers ce qui devra être (…) une paix juste et durable à l’issue de la guerre en Ukraine». Le conseiller américain à la Sécurité nationale, Jake Sullivan, a également jugé que la formulation du texte, notamment sur l’Ukraine, était «un très bon travail».
Le G20 s’est en tout cas attiré un concert de réactions positives en Afrique en annonçant l’intégration de l’Union africaine, qui compte 55 membres (dont six suspendus) et totalise trois mille milliards de dollars de PIB. Le continent n’était jusque-là représenté au G20 que par un seul État, l’Afrique du Sud.