Commentaire – Réforme des rentes, la mémoire courte de la droite

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CommentaireRéforme des rentes, la mémoire courte de la droite

À Berne, la gauche doit aligner les référendums pour combattre les offensives de la droite en matière fiscale et de prévoyance. C’est beaucoup d’énergie, mais souvent le peuple lui a donné raison.

Eric Felley
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Eric Felley
En matière d’impôts ou de retraites, la population suisse a souvent recalé les projets du Parlement, qui favorisent des intérêts trop sectoriels

En matière d’impôts ou de retraites, la population suisse a souvent recalé les projets du Parlement, qui favorisent des intérêts trop sectoriels

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Modification de la loi fédérale sur les droits de timbre, réforme de l’impôt anticipé, réforme de l’AVS ou réforme de la prévoyance professionnelle (LPP), la gauche a fort à faire en ce moment pour répondre aux offensives de la droite en matière fiscale ou de prévoyance. En l’état, le projet de modifications de la LPP concocté par le Conseil national n’échappera pas à un nouveau référendum annoncé par les socialistes.

En février, le peuple votera sur la réforme des droits de timbre. Ce sera un test dans la série de référendums qui s’annoncent sur ces questions. La gauche n’a pas tort de se battre, car dans ce type de dossier, le peuple a tendance à désavouer les décisions de la droite du Parlement. Ainsi, en 2017, il avait refusé la réforme de l’imposition des entreprises par 59% . En 2019 la déduction pour les frais de garde avait passé à la trappe avec 63,2% de non. Pour la prévoyance professionnelle, en 2010, une majorité nette de 72,7% avait refusé la baisse du taux de conversion de 6.8% à 6.4%.

Un Parlement en vase clos

Pourquoi ces défaites? Sur ces sujets, le Parlement a tendance à fonctionner en vase clos et sous la pression des lobbys. Le chef du groupe socialiste Roger Nordmann constatait mercredi: «Les lobbyistes se sont rarement imposés de manière aussi éhontée qu’aujourd’hui lors de la décision sur la réforme de la prévoyance professionnelle». Le Conseil national veut ainsi réduire le taux de conversion de 6,8% à 6%, Mais il se montre pingre pour compenser les baisses de rente. Sans compter qu’il veut ponctionner davantage les jeunes dès 20 ans et les bas revenus.

Roger Nordmann dénonce le secteur financier qui tire les ficelles: «Les assurances et les banques peuvent s’enrichir encore plus sans scrupule! Rien qu’en gérant nos rentes, elles gagnent déjà aujourd’hui la coquette somme de 5,6 milliards de francs». En face l’USAM se félicite d’une réforme qui propose «un modèle qui respecte le principe des trois piliers et s’appuie sur des mesures de compensation conformes au système». Cependant, les compensations à cette réforme laissent sur la touche environ 60% des rentiers.

L’histoire montre que les réformes qui favorisent une minorité de personnes - ou des intérêts sectoriels comme la finance - peinent à trouver une majorité dans la population. Quand il est question d’impôts et encore plus de rentes, les Suisses savent toujours compter en fonction de leur situation personnelle.

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