Football: Servette se pose la question du buteur

Actualisé

FootballServette se pose la question du buteur

Depuis le départ de Chris Bedia, les Grenat, qui défient Zurich ce samedi, manquent d’un attaquant référence pour marquer régulièrement.

Valentin Schnorhk
par
Valentin Schnorhk
Depuis le départ de Chris Bedia (à droite), Enzo Crivelli, Bendeguz Bolla et Jérémy Guillemenot tentent de prendre le relais. Mais personne ne s’est vriament affirmé.

Depuis le départ de Chris Bedia (à droite), Enzo Crivelli, Bendeguz Bolla et Jérémy Guillemenot tentent de prendre le relais. Mais personne ne s’est vriament affirmé.

BASTIEN GALLAY / GALLAYPHOTO

On peut comprendre la frustration. Elle est sans doute nécessaire. Servette, qui reçoit Zurich samedi (20h30), n’avait plus été aussi loin de Young Boys au classement depuis plus d’un mois. Quatre points, c’est le même écart qu’après la victoire retentissante des Grenat au Wankdorf le 25 février. Mais les dynamiques d’alors promettaient un dépassement, alors que celles d’aujourd’hui le rendent de moins en moins plausible.

Qu’on se le dise: à trois reprises, Servette aurait dû passer devant YB, au moins provisoirement. Mais à Lucerne (2-2), à Winterthour (défaite 1-0), contre SLO (défaite 1-2), il a loupé le coup. Et sans doute que le destin n’est pas très conciliant avec les Genevois: sur l’ensemble de la saison, Servette mériterait d’être premier, du moins selon les modèles statistiques.

Autant parce qu’YB a souvent eu de la réussite que parce que le SFC en a manqué. Sauf que la limite des données avancées, c’est qu’elles valorisent beaucoup ce que les équipes créent et concèdent, plutôt que ce qu’elles marquent et encaissent réellement. C’est utile, pour ne pas s’attacher qu’aux résultats bruts, mais à la fin, ce sont toujours ceux-ci qui commandent.

Le vide laissé par Bedia

À Servette, sur les deux derniers matchs à Winterthour et contre Stade Lausanne, s’est posée la question du réalisme. «Nous ne marquons pas beaucoup de buts dans le jeu ces derniers temps, il nous faut parfois des penalties. Nous n’avons pas d’efficacité», consentait Weiler mercredi. Dans de tels moments, pas compliqué de tirer des flèches: le départ de Chris Bedia à l’Union Berlin cet hiver a-t-il changé la donne pour Servette?

Forcément, l’absence du Franco-Ivoirien se fait sentir. Même sans être là depuis trois mois, il est encore le troisième meilleur buteur de Super League cette saison avec ses 10 buts, juste derrière le Luganais Zan Celar (12 buts) et le Saint-Gallois Chadrac Akolo (11 buts). Sa capacité à être létal dans le dernier geste avait sacrément bien aidé Servette et son départ a laissé un vide.

Mais, mine de rien, son absence ne s’était pas autant fait sentir jusque-là. Parce que Servette avait trouvé une fluidité dans le jeu qui avait permis à Alexis Antunes, Enzo Crivelli et Takuma Nishimura de marquer à trois reprises en 2024, à Bendeguz Bolla et à Dereck Kutesa de trouver deux fois la faille depuis la trêve, à Miroslav Stevanovic ou Timothé Cognat d’inscrire également chacun un but.

Crivelli peu productif

Cela a permis de varier les buteurs, et de ne pas s’attarder sur le manque d’un seul élément. Sauf que depuis trois rencontres, tout s’enraye. Et surtout parce que les configurations de match correspondent moins à ces profils qui excellent lorsqu’ils ont de l’espace. Les offensifs servettiens se créent beaucoup d’occasions, mais aucun n’est un finisseur né, encore moins pour faire face à des situations étriquées.

En la matière, on peut poser des questions autour du cas d’Enzo Crivelli. Le Français est certes le meilleur buteur grenat depuis le départ de Bedia, avec 7 buts. Mais il en a inscrit trois sur penalty. Surtout, il se crée relativement peu d’occasions, selon le modèle des Expected Goals: 0,23 xG par période de 90 minutes, penalties exceptés (abrégé npxG p90), soit le 42e score du championnat.

En fait, Antunes est bien plus productif (0,3 npxG p90), alors que Stevanovic et Nishimura font légèrement mieux, malgré leurs profils différents. Bedia, lui, affichait un très bon total de 0,5 npxG p90. Tout cela est difficile à combler par l’empilement des uns et des autres.

Guillemenot: à considérer

À moins que Servette ait en fait dans ses rangs l’attaquant qu'il lui faut: Jérémy Guillemenot. Buteur contre SLO mercredi, le Genevois de 26 ans a déjà inscrit six buts en championnat cette saison, dont trois en 2024, malgré un temps de jeu qui s’est affaibli. Parmi les joueurs actuels de Super League, seuls Klidje (Lucerne), Akolo, Kevin Carlos (Yverdon) et Celar ont un meilleur rendement d’occasions en fonction du temps de jeu.

Dans des configurations de match compliquées, il faudra peut-être que René Weiler y pense. Même si le technicien servettien sait aussi que tout le monde ne défend pas comme Winterthour ou Stade Lausanne. Et que les adversaires qui attendent Servette ces prochaines semaines ont tendenace à plus ouvrir le jeu. C’est ce qu’aiment par-dessus tout les offensifs grenat.

Ton opinion