ColombieGustavo Petro propose un cessez-le-feu bilatéral à la guérilla de l’ELN
En Colombie, le président élu Gustavo Petro, qui doit bientôt entrer en fonction, espère relancer rapidement les pourparlers de paix avec la guérilla de l’ELN.
Le président élu de Colombie, Gustavo Petro, a proposé mardi à l’Armée de libération nationale (ELN) un cessez-le-feu bilatéral pour relancer les pourparlers de paix avec cette guérilla considérée comme la dernière active dans le pays sud-américain depuis le désarmement des FARC.
«Le message que je lance aujourd’hui, non seulement en direction de l’ELN mais aussi à tous les groupes armés, c’est que le moment de la paix est venu (…) Ce que je demande c’est un cessez-le-feu bilatéral», a déclaré Gustavo Petro, qui doit prendre ses fonctions le 7 août.
Après la signature d’un accord de paix historique avec l’ex-guérilla des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC, marxistes) en 2016, des négociations avaient été entamées avec l’ELN l’année suivante sous la présidence de Juan Manuel Santos (2010-2018), d’abord à Quito puis à La Havane. Mais elles ont été interrompues par son successeur, le conservateur Iván Duque, après un attentat contre l’école de police à Bogotá, lors duquel 22 cadets avaient été tués en janvier 2019.
2500 membres
Au lendemain de l’élection de Gustavo Petro, le 19 juin, l’ELN, guérilla guévariste fondée en 1964 dans le sillage de la révolution cubaine, avait exprimé sa «pleine disposition» pour négocier avec le premier président de gauche de l’histoire récente de la Colombie.
Malgré l’accord de paix en 2016 qui a permis la démobilisation de la majorité des combattants des FARC, la Colombie connaît un regain de violence de la part de dissidents et groupes armés qui se disputent le contrôle du trafic de drogue et de l’extraction minière illégale. Selon les autorités, l’ELN compte actuellement quelque 2500 membres, contre environ 1800 au moment des négociations. Elle est surtout présente dans la région du Pacifique et à la frontière avec le Venezuela.
Gustavo Petro a également indiqué qu’une fois rétablies les relations avec le Venezuela, comme il l’a promis pendant sa campagne, il souhaitait déloger les groupes armés qui sévissent de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Selon le président sortant Iván Duque, des groupes armés se réfugient au Venezuela avec la complicité des autorités, ce que Caracas dément.
«Renforcer la sécurité»
Au cours des derniers mois, au moins quatre commandants dissidents des FARC seraient morts au Venezuela, ont affirmé des médias à Bogotá, sans confirmation officielle. Parallèlement, l’ancienne guérilla des FARC, devenue parti politique sous le nom de Comunes, a dénoncé mardi l’assassinat par un franc-tireur d’un de ses dirigeants dans le sud du pays.
Ronald Rojas, 41 ans, a été tué lundi par balle près de la ville de Neiva, ce qui porte à «333 le nombre terrifiant de signataires de l’accord de paix assassinés», en majorité sous la présidence d’Iván Duque, au pouvoir depuis 2018, a dénoncé sur Twitter Rodrigo Londoño, le chef de Comunes.
Le chef de la mission de l’ONU en Colombie, Carlos Ruiz Massieu, a évoqué sur Twitter «un dirigeant engagé pour son territoire, pour le dialogue et le processus de réintégration» des anciens rebelles, soulignant la «nécessité de renforcer la sécurité des ex-combattants et des leaders de paix».