Football - Xamax a de la monnaie à rendre

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FootballXamax a de la monnaie à rendre

Fini de souffrir sans protester. Les Neuchâtelois possèdent les moyens techniques de rivaliser, et ça change tout.

Florian Vaney
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Florian Vaney
Le nouveau (Mats Hammerich, à gauche), le revenant (Max Veloso, au centre) et l’ancien (Raphaël Nuzzolo, à droite).

Le nouveau (Mats Hammerich, à gauche), le revenant (Max Veloso, au centre) et l’ancien (Raphaël Nuzzolo, à droite).

Claudio Thoma/freshfocus

NE Xamax n’a pas prévu de zone pour les interviews d’après-match. L’idée, c’est que les journalistes se pointent derrière la barrière à côté des bancs pour y attendre le passage des joueurs ou du coach. Une méthode qui ne pose aucun problème… dans un monde où lesdits joueurs ne viennent pas d’enfiler quatre buts. C’est exactement ce qu’il s’est produit lors des deux premières rencontres à domicile des Rouge et Noir. Barrière prise d’assaut, demande de selfies avec les héros du soir, applaudissements, félicitations. Personne n’est à blâmer là-dedans, cela dit juste une chose: du côté de la Maladière, tout le monde avait oublié à quoi ressemblaient ce genre de scènes.

Alors, tant vendredi (victoire 4-0 contre Kriens) que mardi (succès 4-2 face à Aarau), le passé a surgi sans prévenir, avec fracas. Celui du temps où les Xamaxiens savaient faire chavirer le cœur de leur public. Une pandémie est passée par là et a coupé tout ce qu’il y avait de ferveur populaire dans le sport. Mais au final, ce n’est même pas ce retour-ci que les fans (un peu plus de 3000 mardi) ont fêté jusque dans le parking du stade. C’est surtout celui du jeu.

Comme boussole, un football ambitieux

Il n’existe plus rien de semblable entre le Xamax en perdition de la saison dernière et celui qui vient de remporter ses trois premiers matches. Cela ne veut pas dire que les Neuchâtelois seront promus à la fin du championnat, mais que ceux-ci ont trouvé bien plus important à l’intersaison: la capacité à présenter un football ambitieux. Un football qui connaîtra des bas, c’est quasi certain, mais qui saura agir comme une boussole dans une Challenge League où NE Xamax s’était perdu.

Ce renouveau, c’est avant tout celui des hommes. Mike Gomes (en nouveau capitaine exemplaire), Nicky Beloko et, dans une certaine mesure, Yoan Epitaux ont su garder leur place dans le onze du moment. Les huit autres sont la marque d’un changement nécessaire. Ils ont surtout fait montrer le niveau de plusieurs crans dans un domaine: l’aisance technique. Max Veloso sait pouponner un ballon, Karim Gazzetta et Alexandre Pasche ne sont pas en reste lorsqu’il s’agit de lui donner vie, et l’addition donne une sensation de maîtrise.

La comparaison est inévitable: ce Xamax ressemble au Stade-Lausanne-Ouchy que dirigeait Andrea Binotto. Il traîne avec lui ce sentiment grisant que tout peut toujours se passer. Si Yanis Lahiouel, Karim Gazzetta et Dylan Tavares ont fait le chemin depuis le SLO durant l’été, c’est le dernier des hasards. Trois hommes, trois lignes (attaque, milieu, défense), qui correspondent tant à la philosophie d’un entraîneur qui les connaît qu’à la réalité économique du club.

Le club, justement, a vécu une pause agitée, où il a fallu transpirer pour rebâtir quelque chose de solide sur les ruines de la saison dernière. Mais il a fait les choses dans l’ordre, apprenant des erreurs de l’été 2020. Il s’est surtout souvenu que les bons joueurs de Challenge League existent en Suisse et qu’il ne s’agit pas toujours des plus médiatisés. Liridon Berisha (défenseur central arrivé de Kriens), par exemple, fait partie des plus belles surprises de ce début de championnat.

Des «Binotto! Binotto! Binotto» et du soulagement

Les promesses d’un avenir meilleur sont toutes là. À commencer par celle qui veut que le Rouge et Noir ont obtenu en trois matches en quart du total de points glanés l’an dernier en 36 sorties. Au fond, ce n’est même pas le plus réjouissant. Mais sans doute que cela rassure, trois mois après avoir évité un drame uniquement grâce à une meilleure différence de buts que Chiasso. Si les points ne suffisent pas, Xamax courra après sa prochaine victoire simplement pour revivre le concert d’applaudissements de ces deux dernières folles soirées à la Maladière.

En venant du monde amateur, Andrea Binotto n’avait jamais vraiment connu ça. Il s’est éclaté à recevoir les «Binotto! Binotto! Binotto!» émanant des tribunes. Sur le visage des anciens, on pouvait plutôt lire le soulagement. Celui de réaliser que le Xamax qu’ils aiment tant se trouve à nouveau sur les rails du succès. C’est quand même plus sympa que la Promotion League.

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