CocassePlainte contre deux écussons jurassiens… dans le Jura!
Le canton ne veut pas des emblèmes peints au pochoir sur les portails d’un tunnel agrandi l’an dernier: il veut réaliser son propre projet patriotique.
- par
- Vincent Donzé
Deux écussons jurassiens joliment peints valent à leurs auteurs anonymes une plainte de l’administration jurassienne. Une plainte contre deux écussons jurassiens… dans le Jura? Cette situation atypique révélée par «Le Quotidien Jurassien» intervient après l’agrandissement du tunnel de La Roche, sur une route à grand trafic reliant Bâle à La Chaux-de-Fonds.
L’emblème jurassien figurait déjà sur l’ancien tunnel, mais uniquement côté Franches-Montagnes. «Je ne suis pas étonnée que de fervents patriotes jurassiens se soient précipités pour repeindre le même écusson après les travaux», réagit l’ancienne députée Pauline Queloz, gérante de la Fédération suisse du franches-montagnes.
«Je trouve ça émouvant. Cette fierté d’être Jurassien clairement affichée sur la porte des Franches-Montagnes, c’est beau!» s’exclame l’ancienne députée de St-Brais.
Si le canton s’oppose aux inscriptions sauvages, c’est parce qu’il est en train d’élaborer son propre projet de décoration patriotique. Du coup, le Service des infrastructures a porté plainte dans l’espoir de ne pas devoir prendre à sa charge les frais de nettoyage des écussons sauvages. L’idée, c’est de demander aux militants jurassiens de nettoyer leurs écussons, s’ils sont identifiés.
Commentaire de Pauline Queloz: «Si le canton a d’autres projets de décoration patriotique, je trouve ça super aussi, mais les personnes qui ont peint le drapeau n’étaient pas censées le savoir». L’ancienne députée trouve «regrettable et terriblement maladroit» de la part du canton de porter plainte contre «des personnes fières d’être jurassiennes et qui vont le peindre».
«Comment le canton du Jura peut-il demander à la justice de punir des Jurassiens pour avoir commis «un excès de patriotisme»? Je ne comprends pas», conclut Pauline Queloz, en espérant un retrait de la plainte.
Inauguré le 3 septembre dernier par le ministre de l’Environnement David Eray, le tunnel agrandi de La Roche est situé sur une route fréquentée quotidiennement par 4000 véhicules. Avec 5,5 mètres de hauteur en clé de voûte et 7,2 mètres de largeur à sa base, l’ouvrage dispose désormais d’un gabarit garantissant la sécurité dans ce goulet d’étranglement: les routiers ne sont plus forcés de franchir la ligne blanche à la montée.
La modernité des portails en béton met en valeur un passage dans la roche dont le percement date de 1821. Esthétiquement, l’alésage du tunnel est une réussite: deux siècles après son percement, l’ouvrage n’est pas dénaturé. Même l’inscription tracée dans la roche sur le fronton a été sauvée: découpée et restaurée, elle a été déplacée à gauche du portail, côté nord, ce qui a nécessité le découpage d’un bloc de calcaire de 1,7 tonne.