BienneSon brochet? Un logo qui n’a rien à vendre
L’avocat biennois Michael Glauser bouscule des codes avec un poisson stylisé qui n’est pas décoratif.
- par
- Vincent Donzé
Voici un logo qui a fait le tour du monde et pourtant, aucune marque n’est cachée derrière ce brochet stylisé. Peint au chablon ou posé en autocollant, ce poisson né dans l’esprit de l’avocat biennois Michael Glauser n’a pas de fonction décorative, mais interrogative: peut-on susciter de l’intérêt pour une marque imaginaire qui ne propose ni produit, ni service?
«Le brochet est au lac ce que le lion est à la savane: le roi!» sourit le juriste qui a soigné le graphisme de son poisson jusqu’à le rendre parfait à ses yeux. Établi à Zurich, Michael Glauser a posé son appât un peu partout, mais pas toujours gratuitement, par exemple quand un entrepreneur lui demande de customiser son cabriolet.
Écailles ou arêtes
Des brochets au pochoir, Michael Glauser en a peint des milliers en quatre décennies et en deux versions. Peut-être 10 000, en écailles ou en arêtes, c’est-à-dire avant ou après le repas. «Je ne suis jamais intervenu illégalement!» souligne l’avocat devenu juriste au Département fédéral de justice et police.
Par l’entremise de l’organisateur de concerts biennois Daniel Schneider, autrefois actif au club de jazz «Moods» de Zurich, Michael Glauser a sévi dans cette salle, si bien que le guitariste John Scofield est reparti avec un brochet sur un étui, tout comme le batteur Manu Katché.
Des designs protégés
Son projet a un nom et un site: «Koeder», une marque déposée et des designs protégés par un copyright. À Berne, à l’Institut fédéral de la propriété intellectuelle, une installation de Michael Glauser proclame que «The logo is the product».
C’est avec un pêcheur professionnel du lac de Bienne qu’est née sa fascination pour le brochet, quand il avait dix ans. Michael Glauser habitait au bord du lac de Bienne, à Lüscherz, et il occupait ses vacances en sortant sur le lac.
Un garde-pêche était parfois présent lors de ces parties de pêche. Il n’a jamais perdu de vue le logo «Koeder» et cette année, pour sa retraite, il s’en est fait tatouer un sur la nuque. «Des tatouages, il en existe désormais plus d’une vingtaine», indique Michael Glauser, qui a décidément le brochet dans la peau.