FootballTrois questions pour préparer Roumanie – Suisse
Pour son dernier rendez-vous de la saison, l’équipe nationale aura le devoir de battre la Roumanie lundi (20h45) à Lucerne. Une tâche un peu plus sérieuse que le déplacement d’Andorre.
- par
- Valentin Schnorhk Lucerne
Les vacances se font attendre. Ils sont une bonne vingtaine de footballeurs suisses à patienter, non sans frénésie. L’idée de pouvoir enfin partir se reposer sera concrète lundi soir, vers 23 heures. Mais l’esprit ne sera complètement tranquille que si l’équipe nationale fait son travail et bat la Roumanie dans ce rendez-vous de Lucerne (20h45).
Il y a là deux choses en jeu: faire oublier les approximations vues en Andorre et la quête du quatre sur quatre pour la Suisse. Le cas échéant, il y aurait l’assurance de passer un automne relativement tranquille, bien que les matches s’enchaîneront: deux en septembre, deux en octobre, deux en novembre. Mais moins ils seront décisifs, plus la Suisse pourra vraiment penser à l’Euro 2024. Et cela passe par un succès face à l’adversaire possiblement le mieux coté du groupe après elle.
Y a-t-il des changements à effectuer dans le onze suisse?
L’adversité dans ce groupe I de qualification à l’Euro 2024 a beau être faible, on a bien compris que Murat Yakin avait pour l’instant pris le parti de soigner les automatismes. Autrement dit, il y a, pour l’instant, des associations qui sont intouchables dans cette équipe de Suisse: la défense centrale Akanji-Elvedi (si les deux sont en pleine forme), le milieu Zakaria-Freuler-Xhaka. Sans oublier les titularisations répétées de Ricardo Rodriguez, Ruben Vargas et forcément Xherdan Shaqiri quand il est disponible.
Et pour ce dernier match d’une longue saison, y a-t-il des choses à repenser? Cela ne s’impose a priori pas. La deuxième mi-temps en Andorre (succès 2-1 vendredi) n’a certes inspiré aucune confiance, mais elle n’est pas de nature à sanctionner qui que ce soit. Ou alors éventuellement ceux qui sont entrés en jeu: les Zuber, Zeqiri, Steffen ou Sow n’ont pas eu grand-chose à apporter et rien ne doit a priori suggérer leur titularisation. Comment sortir par exemple un Zeki Amdouni, vu sa forme actuelle?
Peu probable donc qu’il y ait beaucoup de changements à effectuer lundi à Lucerne. Même s’il y a une certitude: Yann Sommer retrouvera sa place dans les buts, comme cela est prévu depuis le stage au Tessin. Pour le reste, un ou deux postes sont en ballottage. Il peut ainsi y avoir une concurrence à droite de la défense, où Jordan Lotomba peut imaginer avoir sa chance, même si Edimilson Fernandes n’a pas démérité en Andorre.
Et reste à considérer si Djibril Sow peut retrouver une place, lui qui n’a été titulaire lors d’aucun des trois matches de qualification déjà disputés. Denis Zakaria voire Remo Freuler seraient les premiers ciblés pour aller sur le banc. Mais dimanche, Yakin a donné peu de crédit à cette éventualité: «Il n’y a pas besoin de faire beaucoup de changements au milieu, l’association a très bien fonctionné jusqu’ici. Ce n’est pas un choix contre Djbril (Sow).»
L’équipe probable: Sommer; Fernandes (ou Lotomba), Akanji (ou Schär), Elvedi, Rodriguez; Freuler, Zakaria, Xhaka; Shaqiri, Amdouni, Vargas.
Roumanie, principal adversaire de la Suisse?
Le classement parle. Il existe un risque que lundi soir, la Suisse ne soit plus première de son groupe de qualification. C’est ce qui se passerait si elle s’inclinait contre la Roumanie. Parce qu’au classement, jusqu’ici, cette dernière est bien la seule à s’accrocher à l’équipe nationale. Même si le 0-0 de vendredi au Kosovo lui a fait perdre deux points en route. Mais elle avait gagné ses deux premières rencontres. Chichement: 2-0 en Andorre, 2-1 contre la Biélorussie.
Au classement FIFA, cela ne fait en tout cas pas de doute: la sélection d’Edward Iordanescu est 46e et donc deuxième dans la hiérarchie de la poule. La Suisse peut s’en méfier. Mais elle n’a pas non plus à la surestimer. Les Roumains n’ont en effet plus participé à la moindre grande compétition depuis l’Euro 2016. Elle était alors dans le groupe de la Suisse, la confrontation ayant résulté en un match nul 1-1 (but de Mehmedi pour la Suisse, qui avait répondu à un penalty de Stancu).
Il ne reste pas grand-chose de ce rendez-vous du Parc des Princes, côté roumain. Seuls le capitaine Nicolae Stanciu (qui évolue aujourd’hui en Chine) et l’attaquant Denis Alibec sont encore dans l’équipe. À l’époque, ils n’avaient pas joué. Aujourd’hui, ils en sont des cadres. En effet, la sélection roumaine a été très rajeunie ces derniers temps. «Nous sommes en train de reconstruire notre équipe, mais je crois que nous sommes sur le bon chemin», a reconnu Iordanescu dimanche. Sa sélection en est-elle pour autant mûre pour retrouver une grande compétition?
La clé tactique: comment exploiter la profondeur?
Il faut se méfier. Dans ce groupe de qualification, seule la Suisse peut véritablement jouer de la même manière chacun de ses matches. Elle est à chaque fois favorite, et elle a à chaque fois le devoir de dérouler un plan de match qui a vocation à être dominant. Elle ira à l’Euro de la sorte. Mais la deuxième place qualificative est plutôt ouverte, et même si la Roumanie a un peu d’avance sur Israël et le Kosovo, elle doit être méfiante.
Autrement dit, pour elle, un point pris à Lucerne serait un bon point. Va-t-elle donc totalement dénaturer son jeu? Peut-être plutôt l’adapter, en limitant les risques, comme elle a pu le faire au Kosovo vendredi, où elle a obtenu le nul 0-0. Ce qui est ressorti de ce déplacement de Pristina? Une Roumanie qui refusait de jouer depuis derrière et qui ne pressait pas.
Son principal champ d’action? Le cœur du jeu. Où elle s’est voulue très présente dans les duels. Où elle s’est aussi organisée en bloc médian. Ce que cela signifie? Il y a de l’espace dans son dos. Et il faudra être à même de le prendre.
Comment le faire? Les joueurs de pure profondeur ne sont pas légion en équipe de Suisse. Mais il y en a qui trouve le moyen de s’y exprimer. Un Zeki Amdouni peut avoir les appels pour l’exploiter. Ruben Vargas aussi. Mais cela devra également venir du milieu. Et les courses de Granit Xhaka et Remo Freuler compteront. C’est d’ailleurs ainsi que ce dernier a ouvert le score en Andorre vendredi. À reproduire.