Montreux Jazz FestivalMontreux, c'était Chic et c'est fini
La 57e édition du Montreux Jazz Festival s'est terminée samedi 15 juillet. Interviews, critiques, anecdotes, retrouvez notre couverture quotidienne.
- par
- Fabio Dell'Anna ,
- Laurent Flückiger
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C'est déjà fini!
La 57e édition du Montreux Jazz est terminée, merci de nous avoir suivis. On vous donne rendez-vous l'année prochaine du 5 au 20 juillet 2024. Pour lire le bilan de cette année, cliquez ici.
Mark Ronson a vu les choses en grand pour le petit Lab
Mark Ronson avait promis une soirée unique pour le dernier concert du Lab. Il a tenu parole, en demandant notamment un écran géant au plafond de la salle. En costard chic derrière ses platines, le producteur est accompagné de plusieurs musiciens, dont un trompettiste et un saxophoniste pour un show sous le signe du funk. Lorsqu'il joue certains de ses plus grands tubes comme «Eletricty» de Dua Lipa, le ciel projette la scène ou des lumières au rythme des morceaux. Du jamais vu au Montreux Jazz.
Le Britannique fait également place à des invités comme Lucky Daye qui interprète une version incroyable de «I Need A Dollar», mais le clou du spectacle revient à Yebba et son medley en hommage à Amy Winehouse. «You Know I’m No Good» et ses variations dans les aigues nous ont conquis. Mission accomplie pour Mark Ronson qui conclut en beauté cette 57e édition.
Buddy Smile
La dernière fois qu'on a vu Buddy Guy à Montreux, c'était en 2014. Il avait alors 77 ans et il était impensable de manquer la légende du blues. Qui nous avait d'ailleurs laissé un excellent souvenir en allant jouer au milieu du public. Il faut croire que la guitare conserve – Dieu merci: neuf ans plus tard, le natif de Louisiane est de retour à Montreux.
Chemise noire à pois blancs, salopette rayée griffée à son nom et béret blanc, Buddy Guy arrive sur scène avec un large sourire laissant apercevoir une dent en or. Pour lui, jouer de la guitare n'est pas seulement plaquer des accords ou faire des solos, c'est un jeu. Installé sur un tapis persan, il frotte sa manche contre les cordes, pose son instrument sur un retour et gratte avec une baguette avant de faire glisser un linge sur le manche. Aussi, il tire régulièrement son oreille pour montrer qu'il veut entendre le public.
Entre deux gorgées de café, Buddy Guy reprend Jimi Hendrix avec les dents, parle de sa maman et demande d'éclairer la salle. «La Terre ne serait-il pas belle si tout le monde souriait comme vous maintenant?» Les sourires sont encore plus marqués quand Joe Bonamassa, qui doit se produire après, monte sur scène pour le final. Une grande soirée de blues au Stravinski. Et qui sait, peut-être une autre à venir avec ce monsieur à l'humeur badine dans quelques années.
Lily Moore, encore!
La soul a rarement été aussi exquise. Lily Moore débarque de Brighton et nous a complètement envoutés avec son univers qui rappelle fortement celui d'Adele, avec un tout petit supplément d'âme. Elle a interprété les titres de son EP «Before I Change My Mind, Again» devant une terrasse Ibis pleine à craquer. Petit bonus: la chanteuse s'exprimait en français entre les morceaux. On en redemande!
Gabriels, coup de coeur du festival
Il y a des soirées comme ça où tout est parfait. Mettez trois choristes, des claviers, un violoniste et un chanteur de soul, Jacob Lusk, mélange de Gnarls Barkley et Fats Domino, et le concert devient l'un des meilleurs de l'édition 2023 du Montreux Jazz Festival. Jeudi, au Lab, on se serait cru dans une salle réservée à la Motown, un club de jazz ou une église où résonne le gospel. Gabriels, c'est le meilleur de tout ça en même temps.
Le groupe américain avait interprété «Stand By Me» lors de la cérémonie d’ouverture du dernier Festival de Cannes. Jeudi, la voix de Jacob Lusk, en tenue de smoking avec une cape à la Dracula, a fait vibrer la deuxième salle payante de Montreux durant une heure. Un artiste, ancien directeur de chœur et choriste, ravi d'être là et invectivant le public: «C'est le Montreux Jazz Festival!» Dans le public, ça danse, ça se trémousse, ça lève les bras. Gabriels reçoit un 10 sur 10 et reviendra – on le prédit – très prochainement au Stravinski.
Evidemment, La Zarra a une belle voix
C'est le retour de La Zarra depuis sa participation controversée à l'Eurovision. Est-ce que son comportement parfois qualifié de diva allait faire surface ce 12 juillet au Lab? Hé bien non. La chanteuse québécoise est arrivée sur scène avec beaucoup d'humilité. «Oh wow, il y en a du monde! Vous avez vraiment payé pour venir me voir?», a-t-elle dit au début avec le sourire.
Le spectacle était ensuite (trop) sérieux. Entre ballades aux sonorités marocaines, sujets lourds comme un ami tué par balle ou la traîtrise et une gestuelle dramatique, il aura fallu attendre son premier tube «Tu t'en iras» (4e chanson du show) pour que le public bouge. La foule finira vraiment par se lâcher à la fin, sur le célèbre «Evidemment», qui lui a valu la 16e place au concours européen de la chanson. Malgré cette heure de concert plutôt calme, La Zarra a montré savoir utiliser parfaitement sa voix et son vibrato.
Annulation pour cause de mauvais temps
Montreux Jazz Festival vient d'annoncer qu'en raison des conditions météorologique et par mesure de sécurité, la soirée Audemars Piguet Parallel est malheureusement annulée et ne sera pas reportée. Elle devait avoir lieu le 12 juillet.
Maluma: «Quel moment Montreux! Merci»
Maluma a fait ce qu’il sait faire de mieux mardi 11 juillet à l'auditorium Stravinski: transformer une salle en dancefloor géant. Pendant 75 minutes, le roi du reggaeton a enchaîné ses tubes comme «Hawái» ou encore le récent «Coco Loco». L'un des moments les plus marquants est certainement lorsque la foule a chanté avec passion toutes les paroles de «Felices Los 4».
Entouré de quatre danseuses, l'artiste a effectué ses chorégraphies sexy, devant un écran géant multicolore, tout en flirtant avec le public, majoritairement féminin. «Quelle fierté de chanter en espagnol dans un des festivals les plus connus du monde», a-t-il notamment dit avant d’enlever son débardeur au moment de remercier le Strav.
Sur Instagram, Maluma a posté plusieurs stories à la suite de son concert qu'il a particulièrement apprécié. Il a notamment écrit: «De Medellín, en Colombie, jusqu’en Suisse» où «Quel moment! Merci!»
Interview de Juliette Armanet: «Je suis en train de vivre l’un des plus beaux moments de ma vie»
Nous avons rencontré la chanteuse française dimanche 9 juillet, juste avant son incroyable concert au Lab pour parler de son succès et de son prochain album. Une interview complète à lire ici ou à voir en vidéo ci-dessous.
Remo Forrer, en français s'il vous plaît?
Après une 20e place à l'Eurovision cette année, Remo Forrer parcourt les festivals de Suisse. Il était à la Terrasse Ibis le 10 juillet pour interpréter notamment «Watergun», le titre qui a représenté notre pays lors du concours de la chanson. Si sa voix basse nous fait toujours autant vibrer, on a moins compris pourquoi il a commencé à s'exprimer en allemand entre ses prestations. «Qui parle allemand et qui parle anglais?» a-t-il demandé, en oubliant qu'en Suisse romande on parle français… Pour le show, il a notamment chanté des nouvelles compositions de son futur album et une cover sublime de «Someone You Loved» de Lewis Capaldi.
Du rock, du rock, du rock au Lab
Il est 20 h, lundi. La chaleur est encore étouffante sur les quais de Montreux. Une seule envie: se poser sur une chaise longue à espérer une petite brise. Ou aller au Lab. L'air y est frais, la musique aussi avec à l'affiche le jeune groupe Lovejoy, les filles de Wet Leg et le confirmé Iddles. Pour le premier, des dizaines d'adolescentes se sont postées à l'avance devant les portes de la salle. Son chanteur, Wiliam Gold, est suivi par des millions d’internautes sur Youtube et Twitch sous le pseudo Wilbur Soot. Sur scène, lui et ses acolytes distillent un rock qui s'inspirent d'Arctic Monkeys.
Viennent ensuite celles qui ont fait une moisson de récompenses musicales en début d'année: Rhian Teasdale et Hester Chambers de Wet Leg. Deux Grammys et deux Brit Awards pour un groupe britannique formé il y a quatre ans seulement. La première tient le crachoir, est à l'aise avec son public, plaisante et fait même un concours du cri le plus fort. La seconde est trop appliquée sur sa guitare et lève beaucoup plus la jambe que les yeux. Pendant quarante-cinq minutes, elles livrent un rock mélodique aux paroles humoristiques plutôt plaisant avant de jeter en pâture leur tube «Chaise longue» à une foule qui n'attendait que de se sauter dessus.
En 2018, Wet Leg avait eu l'envie de former un groupe en voyant un concert d'Iddles. Et c'est justement le combo de Bristol qui a terminé cette soirée avec une présence et une puissance énorme, dix crans au-dessus de leurs prédécesseurs. Et peut-être, ce soir-là dans le public, des fans qui auront à leur tour envie de monter un groupe que l'on verra – qui sait? – un jour à Montreux.
Sam Smith: «J'ai ressenti une grande nervosité au Montreux Jazz»
Sam Smith a fait un retour incroyable au festival, le 5 juillet dernier. La star a posté une publication sur Instagram ce 10 juillet pour remercier le public d'avoir été aussi chaleureux. Pour rappel, l'artiste avait dû récemment annuler plusieurs dates pour des problèmes aux cordes vocales.
«C'était la première fois que je chantais après un mois de repos vocal. J'ai ressenti une grande nervosité. Merci d'avoir chanté avec moi Montreux Jazz Festival et de me faire sentir en sécurité. J'ai la chance de vous avoir comme fans», a écrit Sam Smith.
Quand Idles reprend Wet Leg
La reprise que vous attendiez vient d'être publiée. Adam Devonshire, le bassiste de Idles, a souhaité rendre hommage à Wet Leg en interprétant leur tube «Chaise longue». Une story de trente secondes postée sur Instagram qui fait son effet.
Les deux groupes de rock britanniques seront au Lab ce 10 juillet 2023.
«The Voice» peine à convaincre
On a rarement vu la Terrasse Ibis aussi peu peuplée lors d'un concert, lors de cette édition 2023. Alors que les audiences de «The Voice» sont bonnes, il semblerait que le public n'a pas été aussi curieux ce 9 juillet. Pour la première fois, plusieurs candidats marquants de la dernière saison du télé-crochet ont été invités au Montreux Jazz. Un moment plutôt plaisant avec énormément de reprises offertes par Hanna, Clem, Max Novik, Prichia et Lummen Nae.
Ce dernier a magnifiquement interprété «Crazy» de Gnarls Barkley, titre de son audition à l'aveugle. Ses quatre acolytes ont notamment chanté quelques compositions personnelles. Si on a eu un gros coup de coeur pour la voix cassée de Clem lors de son interprétation de «Popcorn salé» de Santa, Max Novik nous a scotché: sa version de «Creep» de Radiohead était le moment plus émouvant du show.
Les artistes ont ensuite proposé des moments guitare-voix, des duos et même un morceau 100% beatbox. «C'est le dernier concert de notre tournée, j'espère que vous avez kiffé», a confié Hanna, avant de conclure ce moment en beauté avec «Bohemian Rapsody» de Queen.
Le best of de la première semaine
La première semaine du Montreux Jazz Festival est déjà terminée. Découvrez certains des meilleurs moments dans la vidéo ci-dessous.
Même pas 30 ans et déjà de grosses responsabilités
Chloé et Marc, 18 et 26 ans sont ingénieur du son et éclairagiste de deux scènes au Montreux Jazz Festival, de grandes responsabilités pour ces deux jeunes passionnés.
La sensation pop Caroline Polachek en interview
La chanteuse de 38 ans était au Montreux Jazz Festival, lundi 3 juillet. L’occasion de parler avec elle de son côté diva, de son dernier album et de sa collaboration avec Queen B. Lisez l'interview en cliquant ici.
Les frères équatoriens-suisses de Hermanos Gutiérrez en interview
Les deux frères Alejandro et Stephan, qui sont nés et ont grandi en Suisse, vivent leur rêve américain depuis un an avec leurs sonorités western. Lisez notre interview en cliquant ici.
Le virtuose Ethan Bortnick en interview
Le pianiste de 22 ans a hypnotisé le Lab avec sa pop déjantée jeudi. Il nous parle de ses débuts dans la musique, des tatouages qu’il dessine pour ses fans et de son futur EP. Retrouvez l'interview en cliquant ici.
Chilly Gonzales met le Strav en liesse
S'il n'a pas joué du piano debout, Chilly Gonzales n'a pas fait dans le détail, samedi à l'auditorium Stravinski lors du belle soirée où Sofiane Pamart devait lui succéder. Face à une salle où les premiers rangs étaient assis, le Canadien a d'abord joué d'une façon très classique, en position voûtée et sans un mot durant une vingtaine de minutes. Si, de profil, il ressemble à celui de Jean-Luc Bideau, c'est dans un Chaplin qu'on se serait cru. Jusqu'à ce qu'une violoncelliste, un violoniste et un contrebassiste l'accompagnent. L'artiste prend enfin la parole, et le show Chilly commence.
Il s'en prend avec humour à des retardataires et rappelle que c'est son troisième concert à Montreux et qu'il en a des attentes plus hautes. En français et en anglais, il explique: «On a un contrat, celui de ne pas se décevoir. Merci d'être là.» Celui qui est né à Montréal a récemment déménagé à Paris et s'est fait l'auteur d'un album in frrrench. Il fait rire le public en répétant: «Je vous french kiss.» Et multiplie les référence à nos voisins avant de conclure son morceau par «L'Hexagone, l'Hexagonzales, Chilly Gonzal'Hexagone,» Brillant. Il rape ensuite en anglais de plus en plus rapidement en tapant du pied sur les pédales de son piano, interprète d'une façon si juste sa vision de l'incendie de Notre-Dame accompagné d'une chanteuse. Chilly a terminé son concert dans le public en répétant «c'est wonderful de prendre un bain de foule.» N'en jetez plus: cet homme est exceptionnel.
Chilly Gonzales, Sofiane Pamart et Jon Batiste posent à Montreux
(De g. à dr.) Chilly Gonzales, Sofiane Pamart et Jon Batiste sont arrivés au Montreux Jazz. Les deux premiers donneront un concert ce soir au Stravinski, tandis que le dernier sera dans la même salle le lendemain.
Si Jon Batiste passe les deux semaines au festival, Sofiane Pamart vient d'arriver et il s'amuse déjà comme un fou. Il a posté une vidéo de lui tôt le matin, en train de faire de la trottinette dans le Montreux Palace.
Billy Idol et les Sex Pistols au Strav
Le punk dans les années 70, c'était Generation X et Sex Pistols. En 2023, presque cinquante ans après «No Future», c'est Generation Sex, soit le chanteur Billy Idol et le bassiste Tony James, fondateurs du premier groupe, ainsi que le batteur Paul Cook et le guitariste Steve Jones, issus du second. Le quatuor est donc désormais ce qu'on appelle un supergroupe. Mais est-il si super?
Jeudi, Generation Sex jouait avant Iggy Pop, une soirée au Strav résolument rock. Billy Idol, 67 ans, toujours péroxidé et très botoxé arrive sur scène avec un blouson de cuir clouté, un cadenas autour du cou, les trois autres se contenant d'un T-shirt noir. Le fameux riff de «Smoke on The Water» – la petite touche montreusienne – lance le concert qui sera un mélange des deux formations originales, «Dancing With Myself» et «God Save The Queen» en tête. Generation Sex enchaîne durant une heure, 13 titres avec un Billy Idol de plus en plus essoufflé. Qu'à cela ne tienne, à mesure que le show avance, le public adhère et s'embrase sur la reprise de «My Way» en guise de final. Une soirée marquée par l'histoire, mais pas forcément historique.
Janelle Monáe absente pour la clôture
Elle devait jouer le dernier soir du Montreux Jazz Festival, le 15 juillet, avant Nile Rodgers & CHIC. Une exclusivité suisse. Janelle Monáe a finalement annulé, «pour des raisons de planning», explique le service de presse de la manifestation. Pour celle que Prince avait vue incognito en coulisses à Montreux en 2010 «il n'est pas possible de voyager» en Europe, peut-on lire sur les sites d'autres salles de concert où elle ne viendra pas non plus cet été, comme au Royaume-Uni et en Irlande. Ainsi, le 30 juin, elle s'est produite à La Nouvelle-Orléans, aux Etats-Unis au lieu de Manchester, en Angleterre.
Le 15 juillet, Janelle Monáe est remplacée par le guitariste, producteur et compositeur Cory Wong, qui s’est fait connaître à Minneapolis au début des années 2010 lors de jam sessions endiablées avec la section rythmique de Prince.
Sam Smith fait un petit plongeon dans le Léman
Un mois et demi après avoir annulé plusieurs shows de son «Gloria Tour» car ses cordes vocales étaient abîmées, Sam Smith revient sur scène. Ce retour, iel le fait au Montreux Jazz Festival le 5 juillet 2023. Mais avant de chanter au Stravinski, l'artiste a décidé de s'octroyer une petite pause dans le Léman, un de ses endroits préférés.
Sam Smith a posté deux photos sur Instagram pour immortaliser ce moment. Regardez ci-dessous.