FranceÉvasion par hélicoptère: Rédoine Faïd condamné à 14 ans de prison
Le verdict à l’encontre du braqueur Rédoine Faïd, qui s’était évadé de prison de manière spectaculaire en 2018, est tombé dans la nuit de mercredi à jeudi.
Le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd a été condamné jeudi à 14 ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de Paris, pour sa spectaculaire évasion par hélicoptère de la prison de Réau en juillet 2018. La présidente a commencé la lecture du verdict, sèche et technique, sans explication, un peu après minuit.
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Les peines prononcées sont cependant bien inférieures à celles qu’avait réclamées l’accusation, qui avait notamment requis 22 ans de réclusion à l’encontre du braqueur de 51 ans, et 18 ans contre son frère Rachid. Ce dernier avait pris en otage un pilote d’hélicoptère pour le forcer à se poser devant les parloirs de la prison de Réau (Seine-et-Marne) le 1er juillet 2018.
Rachid Faïd, 65 ans, a été condamné à 10 ans de prison. Brahim Faïd, 63 ans, qui se trouvait au parloir avec son frère Rédoine au moment de l’évasion, avait juré pendant ce procès de sept semaines qu’il n’avait pas été mis au courant du projet. Les avocats généraux l’ont cru et demandé son acquittement. Pas la cour, qui l’a condamné à un an de prison avec sursis.
La «logeuse» acquittée
Trois neveux du braqueur, jugés pour avoir aidé leur oncle pendant l’évasion ou la cavale de trois mois qui avaient suivi, ont eux été condamnés à des peines de deux, six et huit ans de prison.
Seul point d’accord entre l’accusation et la cour, le cas d’Alima A., la «logeuse» et amie d’un des neveux, chez qui le braqueur s’était imposé à la fin de sa cavale. La cour a décidé de lui faire bénéficier de l’irresponsabilité pénale et retenu la «contrainte morale». Elle a été acquittée.
Autre «acquittement» surprise de ce verdict, celui de tous les accusés concernés, Rédoine Faïd compris, par le «détournement de l’aéronef». Il ne pouvait pas être caractérisé car il n’y avait que le pilote à bord, et pas de passagers, a indiqué la présidente.
Longue attente
Crâne chauve et pull bleu, le braqueur était entré tout sourire dans le box peu avant l’arrivée de la cour, avait fait la bise à son frère Rachid et blagué, comme à son habitude, avec le grand bandit corse Jacques Mariani.
La fin de peine de Rédoine Faïd, qui purgeait des condamnations notamment pour un braquage en 2011 et une précédente évasion en 2013, était prévue en 2046. La confusion de peines n’existant par pour les évasions, cette fin de peine devrait être prolongée à 2060.
Malgré l’heure tardive et la très longue attente – le dénouement était attendu «à partir de 17 h 00» -, plus d’une centaine de personnes avaient pris place dans l’immense salle d’audience des «grands procès» du palais de justice de Paris pour écouter l’énoncé du verdict. De nombreux gendarmes s’étaient positionnés derrière le public.
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Les magistrats professionnels et les jurés, partis délibérer lundi matin, devaient répondre à 194 questions sur la culpabilité et responsabilité de chacun des 12 accusés. Rédoine Faïd avait raconté à l’audience l’organisation minutieuse d’un plan construit autour d’une «faille irrationnelle»: l’absence de filins antiaériens à côté des parloirs de la prison. Ils ont depuis été installés.
«Volet corse»
Le 1er juillet 2018 au matin, en «7 minutes 33», le commando avait jeté des fumigènes, forcé les portes à la disqueuse et extrait le braqueur. L’hélicoptère s’était envolé sous les applaudissements des détenus, sans qu’un coup de feu ne soit tiré, avaient insisté le braqueur et sa défense.
La cour était également saisie d’un petit «volet corse», sans lien avec l’évasion de Réau et qui a finalement pris beaucoup de place au procès. Selon l’accusation, Rédoine Faïd avait demandé en 2017 à Jacques Mariani de l’aider à s’évader – à l’époque de la prison de Fresnes – en échange d’assassinats ciblés de membres d’un clan rival corse.
Les fermes dénégations des deux grands bandits, et les sérieux doutes sur ce projet des enquêteurs venus témoigner à la barre n’ont pas convaincu la cour, qui les a reconnus coupables. Et a condamné Jacques Mariani, déjà détenu pour d’autres causes, à deux ans de prison.
L’accusé, qui avait joué l’intermédiaire et comparaissait caché derrière un paravent après avoir changé de vie et d’identité pour avoir «balancé» son ex-ami Jacques Mariani, n’a pas bénéficié de l’exemption de peine demandée et écopé de deux ans avec sursis.