FootballQuitter l’Europe signifie-t-il dire adieu à la sélection nationale?
Les pays du Golfe affolent le marché des transferts en signant de nombreuses stars des cinq grands championnats. En quittant l’Europe, ces joueurs mettent-ils leur avenir en sélection nationale en danger?
- par
- Robin Godinat
Lorsque l’attaquant de l’équipe de Suisse Haris Seferovic a annoncé son départ pour le club d’Al Wasl, dans le championnat des Émirats arabes unis, une question s’est naturellement posée. Signe-t-il la fin de son histoire avec l’équipe nationale? Tout comme Cristiano Ronaldo, Karim Benzema ou encore Roberto Firmino, l’ancien attaquant du Benfica a quitté l’Europe et ses championnats de haut niveau pour s’inscrire dans les projets ambitieux des pays du Golfe. Des mouvements qui mettent les sélectionneurs des différentes nations dans des positions délicates.
Différences selon les pays
La première variable à prendre en compte est la nationalité des joueurs. Pour les internationaux africains ou asiatiques, évoluer sur un autre continent ne comporte pas de grands risques. En effet, les sélections comme le Cameroun ou l’Égypte comptent un nombre important de joueurs en dehors de l’Europe dans leur effectif. Par exemple, les Sénégalais Édouard Mendy et Kalidou Koulibaly devraient toujours être appelés lors des prochains rassemblements, malgré une visibilité quotidienne moins importante depuis leur départ. Pour les sélections sud-américaines, il est également habituel de convoquer des joueurs évoluant dans leurs propres championnats, même pour des grandes nations comme le Brésil ou l’Argentine.
En Europe, c’est une pratique moins commune. En effet, en quittant le continent, les joueurs bénéficient de moins de visibilité. Dans des nations comme la France ou l’Allemagne, le réservoir et la concurrence sont souvent trop importants pour prétendre à une place dans l’effectif. Sauf pour quelques cas particuliers…
Les intouchables
Le nom et le statut du joueur prennent parfois le dessus sur la compétitivité du championnat. L’exemple le plus parlant est Cristiano Ronaldo. Malgré son départ pour Al Nassr en janvier dernier, CR7 est resté un titulaire indiscutable dans la sélection portugaise. Il en est de même pour Lionel Messi, qui a rejoint les rangs de l’Inter Miami. La Pulga restera la pierre angulaire du projet de l’Albiceleste. En Suisse, Xherdan Shaqiri évolue dans le championnat américain sous les couleurs du Chicago Fire depuis janvier 2022. Une situation qui n’a pas impacté son temps de jeu avec la Nati, le numéro 23 étant un élément trop important pour que Murat Yakin décide de s’en passer.
Une position fragile
En dehors de ces exceptions, un départ dans un championnat moins compétitif peut poser un vrai dilemme pour les sélectionneurs. En communiquant son récent départ pour Al-Ittihad, le milieu de terrain N’golo Kanté a publié un message se terminant par «À très vite sur les terrains pour de nouvelles aventures avec Al-Ittihad et les Bleus». Suite à cette publication, de nombreux internautes se sont posé la question sur la légitimité d’un retour en Équipe de France pour le joueur. En quittant la Premier League pour la Saudi Pro League, Kanté prend le risque de voir des joueurs des cinq grands championnats lui passer devant. C’est également le cas de Ruben Neves qui, à 26 ans, a signé à Al-Hilal. Titulaire dans le onze portugais durant la Coupe du monde 2022, le doute plane sur son futur statut.
L’exigence quotidienne demandée dans les compétitions européennes est un atout dans le CV d’un joueur. En abandonnant l’intensité de ces conditions, le risque est de ne plus être au niveau physiquement et mentalement. Il sera intéressant de suivre les décisions des coachs lorsqu’ils annonceront les sélections pour les prochains rendez-vous internationaux.
Pour Haris Seferovic, son départ à Dubaï semble mettre un point final à son histoire avec la nation helvétique. La position du buteur au sein de l’équipe de Suisse étant déjà menacée, quitter l’Europe devrait mettre un terme à sa carrière internationale.