FéminicidesEn France, la Fédération des chasseurs attaque une députée verte en justice
En février, Sandrine Rousseau avait fait un parallèle entre les féminicides et une «violence intrinsèque» des chasseurs. Ceux-ci lui réclament 100’000 euros de dommages et intérêts.
En France, la Fédération nationale des chasseurs (FNC) réclame près de 100’000 euros de dommages et intérêts à Sandrine Rousseau pour des propos tenus en février, dans lesquels la députée écologiste avait tracé un lien entre les féminicides et une supposée «violence intrinsèque» des chasseurs, selon l’assignation.
Ces poursuites judiciaires, dévoilées par «L’Obs», portent sur des déclarations de Sandrine Rousseau, le 22 février, sur France 2, en pleine campagne présidentielle, après la mort d’une randonneuse tuée accidentellement par le tir d’une jeune chasseuse dans le Cantal.
«Arrêter la chasse»
«Je pense qu’il faut arrêter la chasse complètement», avait déclaré Sandrine Rousseau, alors présidente du conseil politique du candidat écologiste Yannick Jadot. «Ça n’est pas un loisir que d’aller tuer des animaux le week-end, avec des fusils. Et par ailleurs, le reste de la semaine, on peut aussi le braquer contre sa femme. On a vu qu’un féminicide sur quatre est lié à des armes de chasse.»
«Tous les chasseurs ne tuent pas leur femme», lui rétorquait le journaliste. «Non, heureusement, mais ça fait partie de cette violence intrinsèque de cette catégorie de la population qui pense que, dans ses loisirs, on peut aller toutes les semaines tuer des animaux dans la forêt au détriment des promeneurs», avait argumenté la finaliste de la primaire écologiste.
Pour l’avocat de la FNC, ces propos constituent un «dénigrement», qui stigmatise les chasseurs, et doivent être qualifiés de «faute intentionnelle grave» ayant occasionné un «préjudice moral» pour tous les chasseurs. À ce titre, la FNC réclame 98’879 euros, soit dix centimes de réparation par chasseur (988’794 personnes ont validé leur permis au 30 juin, selon la FNC).
Propos «scandaleux»
«Ces propos sont scandaleux: elle n’aime pas la chasse, c’est son droit, mais de là à faire des raccourcis dans les médias entre les féminicides et la chasse, c’est extrêmement insultant», a justifié le président de la FNC, Willy Schraen. «On a l’habitude de se faire insulter de tous les noms par les représentants de la Nupes et par les écolos, mais là, ça dépasse les bornes», a-t-il ajouté, expliquant vouloir «laver l’honneur des chasseurs», qui «ont été profondément blessés».
«Les chasseurs ne supportent pas qu’on ne soit pas d’accord avec eux», a réagi, jeudi, Sandrine Rousseau devant des journalistes, à Grenoble. «La nature ne leur appartient pas. On ira à ce procès.» Une première audience, pour consignation et fixation du calendrier de la procédure, doit se tenir le 21 septembre, devant la 17e chambre civile du Tribunal de Paris.