BalkansLes Serbes du Kosovo démantèlent leurs barricades
Le calme semble revenir peu à peu au Kosovo. Après la suspension de mesures administratives, les Serbes ont commencé à enlever les camions qui bloquaient deux postes-frontières.
La minorité serbe du Kosovo a démantelé, lundi, les barricades érigées dans le nord du territoire après le report, par Pristina, de mesures qu’elle juge vexatoires, dernier accès de tensions en date dans l’ex-province serbe. Selon une correspondante de l’AFP, les protestataires ont enlevé les camions et autres véhicules lourds qui bloquaient, depuis dimanche, l’accès à un poste frontalier avec la Serbie dans une atmosphère lourde de dissensions. Le démantèlement des barricades paralysant un second poste-frontière était toujours en cours en début d’après-midi.
La police kosovare a déclaré avoir essuyé des tirs à quatre reprises, sans qu’il n’y ait de victimes, et fait état de «mauvais traitements» subis par des Kosovars albanophones. Belgrade n’a jamais reconnu l’indépendance proclamée par le Kosovo en 2008, une décennie après une guerre sanglante qui fit 13’000 morts, en majorité des albanophones. Depuis, la région est le théâtre de frictions épisodiques.
Ce nouvel accès de violences fait suite à la décision de Pristina d’imposer de nouvelles règles administratives et frontalières aux Serbes. En vertu de ces mesures, qui devaient entrer en vigueur lundi, les autorités kosovares fournissaient des permis de séjour temporaires aux personnes entrant au Kosovo avec une carte d’identité serbe.
Principe de réciprocité
Le Premier ministre kosovar, Albin Kurti, avait invoqué le principe de «réciprocité», puisque Belgrade impose le même régime aux Kosovars entrant en Serbie. Pristina avait également donné deux mois aux Serbes du Kosovo pour remplacer les plaques d’immatriculation serbes de leurs véhicules par des plaques de la République du Kosovo. D’après les estimations des médias locaux, 10’000 véhicules circulant au Kosovo portent des plaques émises par Belgrade.
Sous la pression des puissances occidentales, et en particulier des États-Unis, grand allié du Kosovo, Pristina a annoncé, dimanche soir, le report de l’entrée en vigueur des nouvelles mesures pour un mois, jusqu’au 1er septembre. Les forces de l’Otan déployées au Kosovo avaient averti qu’elles «interviendraient si la stabilité était compromise».
Les 120’000 Serbes du Kosovo, dont environ un tiers vivent dans le nord du territoire, ne reconnaissent pas l’autorité de Pristina et restent fidèles à Belgrade, dont ils dépendent financièrement. «Je resterai sur les barricades aussi longtemps que nécessaire, parce que je ne suis pas un lâche et que, pour moi, la Serbie est une mère», avait expliqué, dimanche, sous couvert de l’anonymat, un économiste travaillant pour une entreprise financée par Belgrade.
Chacun fait son «truc»
Mais comme beaucoup d’autres Serbes du Kosovo, il est désabusé. «Pristina fait son truc, Belgrade fait son truc et les gens ici comme là-bas n’ont pas de pain pour manger. Je tente de survivre et d’éduquer les enfants pour qu’ils puissent s’enfuir d’ici aussi loin que possible.»
Le dernier épisode de tensions remontait à septembre dernier, après la décision de Pristina d’interdire les plaques d’immatriculation serbes. Pendant plusieurs jours, deux postes-frontière avaient été bloqués.