FootballAppelez-les les «Lobos» de Wolverhampton
Sept Portugais ont démarré le match de Premier League samedi pour le club de la banlieue de Birmingham contre Tottenham (1-0). Une situation presque normale, dans le football post-arrêt Bosman.
- par
- Robin Carrel
José Sá, Pedro Neto, Matheus Nunes, Ruben Neves, Joao Moutinho, Daniel Podence et Gonçalo Guedes. Ils étaient sept Portugais dans le XI de départ du club de Wolverhampton, une ville située dans la banlieue de Birmingham. Une incongruité qui n'a pas payé, puisque les «Loups» - ou peut-être devrait-on écrire les «Lobos» - ont perdu face à Tottenham (1-0, but de l'Anglais Kane), en ouverture de la 3e journée du Championnat d'Angleterre.
C'est la quatrième fois que ça arrive pour les Wanderers, qui avaient déjà aligné sept Lusitaniens dans le passé. La première fois, en décembre 2020, contre... Tottenham, puis en janvier 2021 face à Brighton et il y a quelques mois contre Brentford. Auparavant, en 2013 contre Liverpool, Newcastle avait fait de même avec sept Français sur le terrain au coup de sifflet initial. Brentford, en janvier dernier, avait quant à lui commencé avec cinq Danois contre Manchester United.
La Premier League a, comme quasiment l'intégralité du football sur le Vieux Continent, énormément changé depuis l'arrêt Bosman. Il faut remonter au 27 février 1999 pour trouver la trace du dernier XI entièrement composé de joueurs anglais dans le championnat anglais. C'était le 4-4-2 des familles d'Aston Villa, en déplacement à Coventry, et une correction 4 buts à 1, avec Oakes, Watson, Scimeca, Southgate, Wright, Merson, Taylor, Grayson, Hendrie, Dublin et Joachim sur le pré.
Depuis cette partie de la fin du siècle dernier, plus de 17'000 équipes ont été alignées et plus de 8500 parties ont été jouées sans qu'une formation n'aligne onze Anglais. Burnley a failli le faire entre juin 2020 et février 2021. Le club alors managé par Sean Dyche avait aligné dix Anglais lors de quatre parties de Premier League. Un gouffre avec le championnat de 2015-2016, où seules 29,2% des minutes disponibles avaient été joués par des «locaux». C'était près de 70% en 1993-1994.
La saison dernière, c'est la Liga espagnole qui a eu la palme du plus grand nombre de joueurs de la nationalité de son championnat. 57,1% des éléments étaient Espagnols. Ce chiffre tombe, par exemple, à 34,1% en Serie A italienne. En Angleterre, c'était simplement 34,7% lors de l'exercice 2021/2022. La Super League suisse a quant à elle aligné la bagatelle de 51,7% de joueurs étrangers lors du dernier exercice.
Seulement 10 mois après le dernier alignement 100% anglais, Gianluca Viali, à Chelsea, avait aligné la première formation 100% garantie sans joueur britannique. Son Chelsea, vainqueur de Southampton le 26 décembre 1999, alignait alors deux Français (Leboeuf et Deschamps), un Italien (Ambrisetti), un Italo-Suisse (Di Matteo), un Néerlandais (de Goey), un Nigérian (Babayaro), un Brésilien (Thome), un Espagnol (Ferrer), un Uruguayen (Poyet), un Roumain (Petrescu) et un Norvégien (Flo). Dans la foulée, le Guardian affirmait dans un article que «le magasin des Blues acceptait désormais les Euros»...
Bilbao et les autres
Il faudra ensuite attendre quatre ans pour que Portsmouth batte un autre record (contre Chelsea, 0-2), devenant la première escouade de Premier League à aligner onze joueurs de onze nationalités différentes. C'était à Portsmouth, le 11 février 2004, avec sur le pré Hislop (Trinidéen), Pasanen (Finlandais), Primus (Anglais), De Zeeuw (Néerlandais), Stefanovic (Serbe), Berkovic (Israélien), Faye (Sénégalais), Quashie (Ecossais), Berger (Tchèque), Ayegbeni (Nigérian) et Mornar (Croate). C'est arrivé plus de 80 fois depuis et une seule fois la saison dernière (Watford, lors d'une défaite 4-1 à West Ham en décembre).
Si, en Espagne, l'Athletic Bilbao joue toujours avec onze Basques, il est extrêmement rare ailleurs en Europe de retrouver des équipes «nationales». Nice avait affronté Nantes avec uniquement des Français en 2004. En Allemagne, le SC Fribourg avait aligné onze Allemands en janvier 2019 face à Hoffenheim. Le Chievo Vérone, lui, avait fait jouer onze Italiens entre avril et mai 2019. Il avait fini relégué.