Allocution du Nouvel-An«Les problèmes des autres deviendront tôt ou tard nos problèmes»
Alain Berset a adressé ses voeux à la population dans une allocution sérieuse et grave, tout en se voulant optimiste pour l’avenir.
- par
- Yannick Weber
L’exercice de l’allocution du Nouvel-An du président de la Confédération présente plus de risques de se rater que de briller. Alain Berset, en tout cas, n’en a pas trop pris. «C’est une nouvelle année qui débute», a-t-il commencé dans son discours après une brève déambulation mise en scène dans le Musée national suisse à Zurich.
Niveau couleurs, Alain Berset reste dans le thème de la photo officielle du Conseil fédéral, dévoilée samedi. Un quasi noir-blanc, même si, dans cette allocution, c’est le noir qui domine, tandis que sur la photo, le fond blanc prend une grande place. Exit la place publique ensoleillée d’Ignazio Cassis sous le chant des oiseaux, exit la bienveillante boulangerie de Simonetta Sommaruga; ici, on est dans une salle sombre et déserte.
Des problèmes, des problèmes
À décor sombre, discours sombre. Avec, comme dans l’arrière-plan derrière le président, des incursions de lumière. «Nous n’allons pas pouvoir régler tous les problèmes, mais nous pouvons, ensemble, contribuer à les résoudre», dit Alain Berset, insistant sur le vocable «ensemble» qu’il avait utilisé abondamment pendant les conférences de presse liées à la pandémie.
«Car oui les problèmes ne manquent pas», enfonce-t-il un peu plus tard. Et entre ces tristes phrases, l’espoir. «Notre pays a toujours su relever les défis», dit-il, se lançant dans un petit cours d’histoire, puisqu’il est dans le Musée national suisse qui s’y consacre en partie. «En 1848, les cantons vainqueurs de la guerre du Sonderbund n’ont pas imposé une Constitution aux cantons catholiques, ils l’ont rédigée avec eux», dit-il.
Ne pas se replier sur soi
«Nous avons toujours privilégié ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise», dit-il, un grand classique des discours présidentiels. Mais pourquoi faut-il rester philosophe face aux problèmes, alors? «Nous sommes nombreux, en Suisse et dans le monde, à vouloir les affronter, il y a donc de quoi rester optimiste et regarder l’avenir avec confiance, dit le président. L’engagement, le voilà le pilier de notre pays.»
Et dans le monde, dit-il? Voilà l’une des rares incursions vraiment politiques dans son récit. «S’engager c’est s’ouvrir, c’est le contraire du repli sur soi et c’est se rendre compte que les problèmes des autres deviendront tôt ou tard nos propres problèmes», dit-il, à l’aube d’une année électorale où les partis anti-immigration et anti-Europe vont faire campagne.
«Je vous souhaite, à vous, à vos proches, une bonne et heureuse année 2023 pleine de joie, de curiosité et de partage», conclut Alain Berset, sobrement et sérieusement, comme dans le message qu’il a voulu faire passer avec la photo officielle.