FootballClap de fin pour l’ère Agnelli à la Juventus
Andrea Agnelli n’est plus le président de la Juventus. Commencé en grande pompe, son mandat se termine en eau de boudin.
La Juventus Turin a mis fin à l’ère Andrea Agnelli, qui a accumulé les titres en 12 ans de présidence mais laisse un club isolé dans son combat pour la Super Ligue, financièrement exsangue et dans le viseur de la justice pour une comptabilité douteuse.
Au lendemain de la démission de la totalité du conseil d’administration, Exor, la holding de la famille Agnelli contrôlant la Juventus, a annoncé mardi le nom du futur patron de la «Vieille dame": Gianluca Ferrero, 59 ans, un expert-comptable au profil plus technique que sportif, taillé selon Exor pour la difficile mission redressement qui l’attend.
Andrea Agnelli, 46 ans, avait pris la présidence de la Juventus en 2010, alors que la Vieille dame sortait de la plus sombre période de son histoire avec la perte sur tapis vert de deux titres de championne d’Italie (2005, 2006) et l’année passée en deuxième division en 2006/07, en raison de son implication dans le scandale du «calciopoli» (influence sur le choix des arbitres).
Coûteuse opération Ronaldo
Sous l’impulsion de ce dirigeant jeune et dans un stade ultramoderne et propriété du club, inauguré en 2011, la Juve a rapidement retrouvé le sommet du football italien et remporter neuf scudetti consécutifs (2012 à 2020), du jamais vu.
En 12 ans, le club bianconero a raflé 19 titres au total (cinq Coupes d’Italie, cinq Supercoupes d’Italie). Mais ses deux échecs en finale de Ligue des champions (2015, 2017), le grand regret partagé d’Andrea Agnelli et de son entraîneur fétiche Massimiliano Allegri, ont poussé le club à voir toujours plus grand.
Trop? L’arrivée de Cristiano Ronaldo, en 2018, a concrétisé ces ambitions toujours plus importantes mais marqué le début des ennuis financiers: jusqu’ici saines, les finances basculent alors dans le rouge vif, notamment en raison du salaire astronomique de la star portugaise.
«CR7» est reparti en 2021 sans avoir apporté tout le supplément de ressources escompté ni les titres espérés sur la scène internationale. La Juve a même accumulé les contre-performances en C1 ces dernières saisons, jusqu’à sa piteuse élimination en phase de poules de l’édition actuelle.
Dans le rouge ces cinq dernières années, le club avait enregistré la saison dernière 255 millions d’euros de pertes, un déficit record dans l’histoire du football italien.
Quid de la Super Ligue?
Dans le collimateur de l’UEFA, la Juve est engagée dans un plan de redressement sur trois ans pour respecter les règles comptables du fair-play financier de l’instance européenne.
Pour limiter ses pertes, le club a dû être toujours plus innovant. Il a multiplié les «faux échanges» de joueurs, consistant en des ventes croisées avec d’autres clubs, sans échange d’argent mais permettant d’inscrire des plus-values dans les bilans. Une pratique qui lui vaut d’être dans le collimateur de la justice italienne. Le parquet de Turin a chiffré ces plus-values «fictives» à quelque 155 millions d’euros entre 2018 et 2021, selon les médias.
Le club aurait en outre caché à ses investisseurs l’existence d’accords privés avec des joueurs, dont Ronaldo, pour régler certains salaires en différé.
Avec le départ d’Agnelli, la Super Ligue, elle, peut-elle perdre l’un de ses plus grands avocats. La Juve d’Agnelli était l’un des trois derniers clubs militant pour ce projet privé concurrent de la Ligue des champions, avec le Real Madrid et le FC Barcelone. La question est maintenant de savoir si elle le sera toujours sans lui.