FootballLes cinq hommes du titre de Benfica
Le Benfica Lisbonne a fêté samedi soir son 38e titre national. Un succès fêté à travers tout le Portugal et construit notamment par cinq hommes.
- par
- Jonathan Amorim Machado
Roger Schmidt, architecte du «Rogerball»
Le technicien allemand est le principal homme fort du succès de Benfica cette saison en championnat. Débarqué du PSV Eindhoven l’été dernier, il avait alors hérité d’un véritable chantier après une saison 2021/2022 totalement ratée et marquée par le départ difficile de Jorge Jesus. Pourtant, l’Allemand a rapidement pris ses marques en imposant un style de jeu offensif articulé autour de son 4-2-3-1 et d’un jeu de mouvement constant de la part de ses joueurs, le «Rogerball» illumine le championnat portugais. Benfica écrase la concurrence en début de saison. Roger Schmidt se distingue également en dehors du terrain avec beaucoup de classe lors des conférences de presse et face à ses adversaires. Dans un pays habitué à la forte critique envers l’arbitrage, la communication et l’attitude de Roger Schmidt étonnent et impressionnent. Ses proches sont également régulièrement aperçus en tribune, au milieu des «socios» du club, encourageant l’équipe et s’intégrant parfaitement à la grande famille «benfiquista». Seul ombre au tableau, les faibles performances contre les plus proches rivaux, Sporting et Porto, où Benfica n’a pris que cinq points cette saison.
Antonio Silva, l’âme «benfiquista»
António João Pereira de Albuquerque Tavares da Silva, retenez bien ce nom, si vous le pouvez. Le défenseur central portugais, 19 ans seulement, est la nouvelle pépite issue du «Seixal», le très prolifique centre de formation de Benfica. Ce qui marque surtout dans le parcours de l’international portugais, c’est la progression fulgurante de ce dernier. Promu en équipe première l’été passé par Roger Schmidt, celui qui évoluait encore avec les M23 du club (sorte de troisième équipe derrière la principale et la B) la saison dernière a rapidement gagné sa place de titulaire dans l’axe central de la défense. Amoureux du club depuis sa tendre enfance, il y débarque en juniors en provenance de sa ville natale de Viseu, dans le centre du pays. Antonio démontre rapidement sa passion sur le terrain avec une gestuelle forte et appréciée par les supporters du club, pour qui, l’amour de l’emblème passe avant tout. Auteur de cinq buts, célébrés en embrassant l’écusson, le produit du Benfica Campus a également été convoqué pour le Mondial au Qatar alors qu’il ne possédait qu’une seul cap en M21. Privilège «benfiquista» ou juste récompense après un début de saison canon ? Le débat a été bruyant au Portugal l’automne dernier autour du réel potentiel du gamin. Un gamin qui a finalement mis tout le monde d’accord en alignant les grosses performances sur les sols qataris, portugais et européens cette saison. «Silêncio»
Nicolas Otamendi, capitaine champion du monde
L’autre argument défensif principal de Benfica cette saison, c’était lui, Nicolas Otamendi, capitaine de l’équipe et champion du monde en décembre avec l’Argentine. La belle aventure «benfiquista» n’était pourtant pas écrite à l’avance pour l’ancien du FC Porto. Dragon de 2010 à 2014, il y remporte trois titres de champion national dont le fameux de 2013 où le FC Porto passe devant Benfica à l’avant-dernière journée de championnat grâce à un but à la 92ème minute dans le Classico. Un véritable traumatisme et une plaie encore ouverte dans le coeur des Lisboètes. En signant au club en 2020 en provenance de Manchester City, il y débarque avec cette étiquette d’ancien joueur du club ennemi. Pour se faire accepter, il doit forcément en faire plus. Mission qu’il entreprend avec brio dès ses débuts où il se montre irréprochable dans la charnière rouge et blanche. Solide, expérimenté, il apporte également du caractère à une équipe jugée parfois trop gentille dans les moments difficiles. La «garra» de l’Argentin, brassard au bras cette saison, a été l’un des éléments importants au bon équilibre du collectif de Roger Schmidt.
Rafael Silva, leader technique
C’est l’un de ces joueurs, capables de faire basculer une rencontre sur un geste, sur un éclair de génie en ayant été pourtant fantomatique le reste de la partie. Révélé aux yeux du grand public avec le maillot de Braga (avec qui il avait planté un doublé à Tourbillon en Europa League), Rafa a porté sa formation offensivement cette saison. Malgré une baisse de régime en deuxième partie de championnat, il a été l’homme des grands rendez-vous marquant les buts vainqueurs au stade du Dragon face à Porto et à la maison face à Braga dans un match crucial pour le titre il y a deux semaines. Auteur de sept buts et de quatre passes décisives en championnat, celui qui a abandonné la sélection nationale portugaise l’année dernière, a été l’un des éléments offensifs les plus réguliers de Roger Schmidt sur les pelouses portugaises . À 30 ans, il signe cette année sa saison la plus aboutie notamment grâce au système de jeu très offensif mis en place par Roger Schmidt où le mouvement incessant des lignes «benfiquistas» a permis à l’ailier formé à Feirense d’exprimer enfin tout son potentiel technique.
Gonçalo Ramos, «o marcador»
Derrière chaque titre collectif en football, se cache un buteur. L’expression est peut-être mal choisie car les «goleadores» sont souvent au centre de l’attention médiatique. Cela a été le cas pour Gonçalo Ramos après sa prestation face à la Suisse en Coupe du Monde et son début de saison fructueux avec Benfica. Une pression qui justifie peut-être la baisse de régime du buteur portugais, auteur de seulement deux buts sur la dernière partie de saison. Les chiffres globaux sont bien plus satisfaisants pour le gamin formé au club : 18 buts cette saison en championnat, ce qui en fait le deuxième meilleur buteur de Liga Bwin, derrière l’Iranien du FC Porto Medhi Taremi (21 buts). Valorisé à presque 40 millions d’euros, Gonçalo est pisté par plusieurs grands clubs européens dont le PSG. Ses performances en Champions League, avec en point d’orgue sa masterclass à la Luz face à Bruges en mars, et son match face à la Suisse à la Coupe du Monde pourrait bien éloigner prochainement le buteur de son club formateur.
On aurait aussi pu les citer
Alejandro Grimaldo : le latéral gauche espagnol a été très performant sur son couloir et sur coup de pied arrêté. Redoutable tireur de coup franc, il a marqué à quatre reprises en championnat. Alejandro, n’ayant pas trouvé d’accord avec le club pour une prolongation de contrat, prendra toutefois la direction du Bayer Leverkusen la saison prochaine.
Fredrik Aursnes : la simplicité et la justesse incarnée dans l’entrejeu lisboète. Débarqué de Feyenoord l’été dernier contre un chèque de 13 millions d’euros, le chauve Norvégien a été solide et précieux dans le collectif lisboète. Monsieur propre.
Joao Mario : Auteur de 17 buts en championnat, le milieu offensif portugais a endossé le rôle de maitre à jouer cette saison. Un peu en dessous en fin de saison, il a toutefois été exceptionnel en première partie de saison.
Florentino Luis : De retour à Benfica après deux prêts à Monaco puis Getafe, le milieu de terrain formé au club a repris sa place dans le onze de Benfica cette saison. Précieux et aguerri, il a été meilleur en début de saison que sur la fin, à l’image de son équipe.
Peter Musa : «Supersub», le Croate a marqué à sept reprises en championnat malgré deux petites titularisations seulement. Benfica a pu compté sur l’ancien de Boavista qui a accepté ce rôle de doublure officielle de Gonçalo Ramos. CR7 aime ça.
Rui Costa : l’ancien élégant numéro 10 du club, passé par la Fio et le Milan AC également, véritable légende au Portugal, a hérité l’année dernière, en en devenant président, d’un club empêtré dans les scandales judiciaires de son prédécesseur, Luis Filipe Vieira. «Benfiquista» assumé, Rui Costa a redonné rapidement une nouvelle dynamique à son SLB en nettoyant son image sur et dehors du terrain. Un travail salué par tout un peuple.