Montreux FestivalEthan Bortnick: «Moi, un mix entre Billie Eilish et Mozart? J’aime bien!»
Le virtuose du piano de 22 ans a hypnotisé le Lab avec sa pop déjantée jeudi. Il nous parle de ses débuts dans la musique, des tatouages qu’il dessine pour ses fans et de son futur EP.
- par
- Fabio Dell'Anna
Le nom d’Ethan Bortnick ne vous dit rien? Pourtant ce jeune homme de 22 ans est dans les médias depuis son enfance. Il avait fait plusieurs shows américains à l’âge de 6 ans pour montrer qu’il avait mémorisé plus de 200 morceaux au piano. Le virtuose a l’oreille absolue et il est aussi doté d’une sublime voix qui nous rappelle un peu celle de Matthew Bellamy.
Invité à jouer au Lab le 6 juillet, le prodige a donné un concert à son image: plein d’énergie. Il lâche rarement le clavier et a présenté son univers pop, aux productions parfois très travaillées. «À chaque fois que je suis sur scène l’adrénaline prend le dessus», nous dit-il dans les loges, quelques heures avant le show. Il nous souffle qu’il a déjà cassé plusieurs touches de piano en pleine performance.
Ethan Bortnick nous accorde un entretien avec un large sourire, heureux d’être chez nous. «Je suis tellement excité d’être au Montreux Jazz. Cela fait trois jours que l’on est arrivé et j’ai pu profiter du lac et de quelques concerts», raconte-t-il avant de préciser qu’il a adoré celui de Caroline Polachek et qu’il est tombé par hasard sur un show improvisé de Jon Baptiste au Memphis Club. «Cet endroit est magique.»
On vous présente comme un mix entre Billie Eilish et Mozart. Appréciez-vous ces comparaisons?
Oui! Quand un artiste commence sa carrière et qu’il propose un univers singulier, c’est toujours compliqué de trouver une description. Je suis évidemment un grand fan de Billie Eilish. Elle fait de la pop comme elle devrait être faite. C’est-à-dire avec une nouvelle saveur, quelque chose de distinct et d’unique. Et petit, j’ai évidemment commencé par jouer du Mozart. Donc oui, c’est un compliment pour moi d’être comparé à ces artistes.
Quel est votre premier souvenir musical?
Je me rappelle avoir demandé à plusieurs reprises à mes parents de me payer des cours de piano. Ils avaient refusé pendant longtemps, car ils pensaient que c’était juste une lubie qui allait partir après deux leçons. Je les ai convaincus en jouant à l’oreille sur un mini-synthétiseur la musique d’un CD. Mais mon premier souvenir musical est lorsque ma professeur m’apprenait du Chopin ou du Tchaïkovski. Je devais avoir 3 ans environ.
Le chant a suivi naturellement?
Plutôt vers 9 ans. J’ai aussi pris des cours avec un prof qui m’a été présenté par l’intermédiaire d’un ami. Il a été formidable et m’a aidée à traverser mes années de puberté. (Rires.) J’avais besoin d’une autre extension de moi-même, en plus du piano.
Votre titre «Engravings» a dépassé les 50 millions de streams sur Spotify, grâce notamment à un gros buzz sur TikTok. Aviez-vous vu venir ce succès?
Je pense qu’on ne peut jamais vraiment prédire quand une chanson va bien marcher. Au départ, j’ai teasé «Cut My Fingers Off» sur TikTok. J’avais le sentiment que grâce à la manière dont je l’interprétais, il se passerait quelque chose sur le réseau social. Finalement, je n’avais pas imaginé qu’«Engravings» allait buzzer l’année d’après. Je ne fais pas de la musique pour le succès, mais TikTok m’amuse. Vous savez directement ce que les gens ont envie d’entendre comme musique car ce sont leurs choix. Cela change d’il y a quelques années lorsque les radios ou les labels avaient le monopole.
Vous qualifiez votre dernier single «The Last Laugh» comme différents de tous vos autres titres. Pourquoi?
Avant, j’ai écrit des chansons très intenses, lourdes et qui contiennent toujours beaucoup de production. Tous ces morceaux parlent de choses qui m’ont blessé dans le passé. «The Last Laugh» explique que j’ai enfin accepté tout ce qui s’est déroulé ces trois dernières années. Je n’avais pas besoin de beaucoup d’artifices pour composer et il s’agit de ma première balade.
Que s’est-il passé ces trois dernières années?
Dans «Engravings», je parle de cette relation vraiment folle et toxique que j’ai eue pendant la pandémie. Cela a fait de moi une personne dont je n’étais pas fier. Il m’a fallu beaucoup de temps pour me rendre compte de tous les traumatismes que j’ai accumulé à cause de cette relation, de l’enfermement pendant la quarantaine et mon frère qui lutte contre une malformation cardiaque. Maintenant, j’ai pris de la distance. J’ai une vision différente de cette période et je remarque à quel point cela m’a changé. Il ne faut jamais se précipiter pour guérir dans ce genre de situation.
Vos fans vous sont très dévoués. On peut voir une vidéo sur les réseaux sociaux dans laquelle une personne vous demande de dessiner son futur tatouage.
(Rires.) J’ai posté ça sur TikTok, non? Vous voulez la vérité? J’ai reçu ce genre de demande déjà 50 fois. C’est fou! Je n’imaginais pas que c’était possible. La première fois que l’on m’a demandé de dessiner un tatouage, c’était lors d’un show dans ma ville natale, en Floride. Plusieurs personnes en voulaient un. Maintenant, j’essaie de faire preuve de créativité.
Vous ne dessinez pas tout le temps la même chose?
Non. Sur la vidéo on peut voir un piano, mais lors du dernier show j’ai dessiné une tortue. (Rires.)
Que pouvez-vous nous dire de votre futur album?
Ce sera un EP. Il va parler de mes problèmes de sommeil. La chanson principale s’appelle «Sleep Paralysis Demon» et parle de cette fois où j’ai eu une grave paralysie du sommeil. Je ne sentais plus rien dans mon corps lorsque je me suis réveillé. J’avais des hallucinations bizarres et j’avais l’impression que des créatures horribles étaient autour de moi. J’espère sortir le projet pour cet automne. Le prochain single s’appelle «Doppelganger» et sera publié dans environ un mois.