FinlandeAvec des sondages très serrés, Sanna Marin joue une reconduction ardue
Pour les législatives finlandaises de dimanche, centre droit, extrême droite et les sociaux-démocrates de la Première ministre seraient séparés par un pour cent. Le Centre se poserait en arbitre.
Stop ou encore? En Finlande, la populaire Première ministre sociale-démocrate Sanna Marin tentera, dimanche, quelques jours avant l’entrée officielle du pays dans l’OTAN, d’arracher un deuxième mandat face à ses rivaux de droite et d’extrême droite, dans des élections législatives qui s’annoncent très serrées. La dirigeante de 37 ans, qui a acquis en quatre ans une renommée internationale, arrive dans les derniers sondages en troisième position, mais dans un mouchoir de poche avec le chef de la Coalition nationale (centre droit), Petteri Orpo, et la leader du Parti des Finlandais, anti-immigration et eurosceptique, Riikka Purra.
En Finlande, le poste de Premier ministre échoit traditionnellement au chef du parti arrivé en tête, rendant crucial l’ordre final d’arrivée. Selon la dernière enquête d’opinion publiée jeudi, la Coalition nationale arriverait en tête, à 19,8%, devant le Parti des Finlandais, à 19,5%, puis le SDP de Sanna Marin, à 18,7%, des écarts infimes qui sont dans la marge d’erreur. «C’est une situation pleine de suspense, et c’est difficile de dire, à ce stade, quel parti sera premier le jour du vote», souligne Tuomo Turja, de l’institut de sondage Taloustutkimus.
Si le Parti des Finlandais arrivait en tête dimanche, ce serait une première qui pourrait au passage le voir battre son record électoral (19,05% en 2011). Et une bourrasque de plus sur la scène politique européenne.
Une rock-star clivante
Inconnue, même d’une bonne partie des Finlandais, à son arrivée au pouvoir, fin 2019, auréolée d’un statut de Première ministre la plus populaire au XXIe siècle, Sanna Marin a aussi une image nettement plus contrastée à domicile qu’à l’étranger. «Sanna Marin est une figure clivante. Elle a des fans comme une rock star, mais d’un autre côté, il y a plein de gens qui ne la supportent pas», atteste Marko Junkkari, journaliste politique au quotidien de référence «Helsingin Sanomat».
Sa coalition gouvernementale de cinq partis, composée des sociaux-démocrates, du Centre, des Verts, de l’Alliance de gauche et d’un parti suédophone, bat de l’aile depuis plusieurs mois. La formation centriste a déjà prévenu qu’elle refuserait de reconduire l’alliance sortante. Sanna Marin est attaquée par l’opposition sur la dette, qui a augmenté de près de dix points de PIB durant son mandat.
Négociations compliquées
Les trois principaux partis sont en mesure d’améliorer leur score de 2019, mais la plus forte progression, depuis l’été dernier, vient du Parti des Finlandais, qui a capitalisé sur le sentiment anti-immigration et les poussées inflationnistes. Il a fait de la Suède voisine un repoussoir, en pointant son interminable guerre des gangs immigrés, dans une Finlande où la part d’habitants nés à l’étranger reste parmi les plus faibles d’Europe. La formation de Riikka Purra voit une sortie de l’Union européenne comme un objectif à long terme et veut repousser l’objectif de neutralité carbone de la Finlande, actuellement fixé à 2035.
Les négociations pour former un gouvernement s’annoncent difficiles. Jadis poids lourd de la politique finlandaise, le Parti du centre est passé de première formation, en 2015, à son plus bas historique, après avoir été depuis huit ans dans les exécutifs de droite, puis de gauche. Même en cas – probable – de score piteux, son choix d’alliance s’annonce crucial, car sans lui, la droite et l’extrême droite ont peu de chances de bâtir une majorité.
«Actuellement, le scénario le plus probable est un gouvernement bleu-rouge, basé sur la Coalition nationale et le SDP», conclut Tuomo Turja.
Rien ne change par rapport à l’OTAN
L’élection précède de quelques jours une date qui sera historique pour la Finlande, avec une entrée dans l’OTAN qui pourrait avoir lieu la semaine prochaine. Mais le résultat électoral ne risque pas de faire dérailler le processus, tous les grands partis étant désormais des avocats de l’entrée dans l’Alliance atlantique, une bascule provoquée par l’invasion russe de l’Ukraine.