Hockey sur glacePour GE Servette, tant de plombes et de bornes à digérer
Les Aigles affrontent Lugano, ce soir lors de l’acte II des quarts de finale de play-off. Avant le match, il y aura eu 30 heures de mise au vert.
- par
- Simon Meier
Il y a la glorieuse incertitude du hockey, surtout en play-off. Et il y a les sciences plus exactes. La géographie et la mécanique, par exemple, ne mentent pas: il faut entre cinq et six heures à un autocar, pauses comprises, pour rallier Les Vernets à Lugano. GE Servette va se coltiner l’exercice aller et retour deux fois, à l’occasion des actes II (ce jeudi soir) et IV (mardi prochain) de son quart de finale. Un ingrédient de poids dans une série que les Aigles préféreraient ne pas voir durer outre mesure.
«Rester assis pendant six heures dans un bus, ce n’est pas la chose la plus drôle à faire dans la vie, convenait mercredi midi le buteur finlandais Teemu Hartikainen, auteur d’un doublé lors de l’acte I de mardi (6-3). Et bien sûr que ces heures ont un impact sur les organismes, surtout pour un grand gars comme moi.»
Les plus petits souffrent aussi: «Pour le corps, c’est dur. Quand tu restes assis aussi longtemps, le dos, les jambes prennent beaucoup, témoigne le défenseur Roger Karrer. Heureusement, on a des appareils pour faire des massages. On est obligés, sinon, le lendemain, tu n’avances pas. On arrive toujours à dormir un peu, on joue aux cartes, on discute, c’est OK… Mais Lugano, ça fait long.»
La géographie ne ment pas, l’être humain s’adapte, plutôt dans la bonne humeur en l’occurrence. Mercredi midi, sous le soleil, la soute du car se remplit et les lascars défilent avec leur oreiller sous le coude. Le défenseur Arnaud Jacquemet réceptionne la livraison de son repas pour la route, l’entraîneur Jan Cadieux range soigneusement son costume de match. On appelle ça une mise au vert, le truc qui fait passer une préparation de match de 3 heures à environ dix fois plus.
«Vieux couple»
Avec en prime une nuit sur la route - dans un hôtel luganais plus exactement. «Une nuit d’hôtel et puis on s’en va, ça ne me dérange pas, j’ai fait ça toute ma carrière», glisse Teemu Hartikainen, qui fera ce coup-ci chambre commune avec son compatriote Valtteri Filppula. Roger Karrer quant à lui forme un indéfectible binôme avec Marco Miranda: «On se connaît depuis longtemps, on a passé beaucoup de nuits ensemble, on est un vieux couple maintenant», rigole le Zurichois.
Midi 51, tout le monde est à bord, y compris ce lapin en chocolat emporté par Jan Cadieux. Un cadeau à l’intention de ses anciens amis tessinois, histoire de fêter Pâques avant l’heure? «Ah non, ça, c’est pour nous», sourit le coach en songeant à son staff. GE Servette va au Tessin pour ne rien lâcher. Et s’il peut sonner les cloches une deuxième fois aux Tessinois en 48 heures, il ne se gênera pas.»
«Ce serait bien, si nous parvenions à nous éviter un troisième déplacement à Lugano, souffle Roger Karrer sans forfanterie. L’aller, c’est une chose, on se réveille à l’hôtel et après, c’est comme un jour de match normal. C’est plus après le match que c’est dur, quand tu arrives à 5 heures du matin à Genève. C’est compliqué de trouver ou de garder un rythme, dans ces conditions.»
Pour réguler les organismes et faire tourner les cannes, il y a notamment la légère séance d’entraînement du jour du match. Sur ce point, les deux clubs fonctionnent en gens bien éduqués: «Pour ce qui est de la glace et de la logistique, on s’aide, explique le directeur sportif genevois Marc Gautschi. Eux ont pu s’entraîner ici hier (ndlr: mardi) et nous ferons la même chose chez eux.»
Il ne restera plus, pour les Aigles, qu’à gagner cet acte II et faire le break dans ce quart de finale. «C’est clair que c’est le plan A, parce que nous abordons chaque match pour le gagner, lâche Teemu Hartikainen. Lugano sera très fort à la maison, mais nous donnerons tout notre possible pour éviter ce troisième voyage au Tessin.» Le Finlandais, qui a bien soupesé tous les éléments de l’équation, en a retenu un en particulier: «Quand tu gagnes, tu réfléchis moins, tu es plus relax et tu as plus de facilité à dormir dans le bus du retour.» Sous-entendu: quand tu perds, les heures comptent double.