FootballLa Ligue des champions va (encore plus) avantager les riches
Avec la refonte de sa compétition phare, l’UEFA a revu les clés de répartition des revenus. Les clubs les plus puissants, en particulier ceux de Premier League, seront extrêmement bien lotis.
- par
- Adrien Schnarrenberger
C’est la plus prestigieuse des compétitions de clubs, mais c’est surtout la plus lucrative: jamais la Champions League n’avait autant fait pleuvoir les millions que dans sa nouvelle mouture, à compter de l’automne prochain.
Pour rappel, avec le début de l’édition 2024-2025, ce sont désormais 36 équipes (contre 32 jusqu’ici) qui seront conviées au repas gargantuesque que sera la C1 et ses 189 matches, contre 125 dans le format habituel.
Davantage de matches, et donc un gâteau plus grand. «The Atletic» a fait les calculs sur la base des informations diffusées par l’UEFA: ce sont 430 millions de francs supplémentaires qui seront à se partager entre les participants, pour un total de 2,4 milliards de francs, contre une dotation d’un peu moins de 2 milliards cette saison.
La hiérarchie cimentée
Là où cela devient vraiment intéressant, c’est que l’UEFA explique que les performances sur le terrain seront désormais mieux rétribuées. Jusqu’ici, la répartition du magot était de 25% pour la participation, 30% pour les performances, 30% en fonction du coefficient sur dix ans et 15% en fonction des droits TV vendus dans le pays concerné. C’est la raison pour laquelle, illustre le média, le PSG a été bien mieux rétribué que Benfica en 2022-2023 alors qu’il a été éliminé bien avant les Portugais.
Dans la nouvelle mouture, la part allouée à la performance sur le terrain augmente: 37,5% contre 30%, soit 915 mio d’euros au lieu de 600 mio. Mais est-ce vraiment une revalorisation des résultats sportifs? Rien n’est moins sûr. La faute à l’apparition d’un nouveau pilier, à hauteur de 35% du magot total. La variable: la valeur de la diffusion des droits et du classement du club concerné selon le coefficient UEFA.
Il y a donc très fort à parier que la nouvelle clé de répartition va encore plus profiter aux grands d’Europe, selon «The Athletic». «Cela va cimenter l’avantage concurrentiel que les grandes écuries détiennent déjà», confirme Dan Plumley, expert en finance sportive à l’Université de Sheffield (Royaume-Uni).
Ce nouveau pilier de valeur mêlant droits TV et coefficient UEFA comporte quelques incertitudes: un «modeste» club anglais comme Aston Villa (81e au classement du coefficient) s’en tirera-t-il mieux qu’un «gros» d’un pays où les droits TV sont moins lucratifs? Le mystère demeure.
Le fair-play financier contourné?
Reste que les clubs de Premier League seront fortement avantagés par ce nouveau système, alors que Manchester City avait déjà touché le pactole (135 mio d’euros) pour sa victoire en 2022-2023. Or, selon les projections du média spécialisé, tout club anglais récolterait déjà 70 millons d’euros en cas de qualification pour les huitièmes de finale déjà…
Cette nouvelle donne vient torpiller les objectifs du fameux fair-play financier: le mécanisme prévoit que la part des revenus utilisée pour les salaires, transferts et agents n’excède pas 80% la saison prochaine puis 70% la suivante. Or, avec des revenus en immense croissance, les clubs ne seront donc selon toute vraisemblance pas tenus de réduire les coûts, ce qui était l’objectif initial du FPF.