Hockey sur glace: La finale n’a pas encore désigné de héros des play-off

Qui est le joueur dominant des play-off, le grand protagoniste des séries pour le titre? En d’autres termes, qui mériterait à ce stade d’être désigné «MVP» des play-off?

Si Denis Malgin a pendant très longtemps coché toutes les cases correspondant au profil type du joueur le plus utile ou le plus méritant des play-off, les récentes performances stratosphériques du duo Jan Kovar/Dario Simion avec le EV Zoug viennent relancer la discussion.

Mais il suffirait aussi que des hommes comme Sven Andrighetto, Jakub Kovar ou Leonardo Genoni réalisent des prouesses lors de l’acte VI (et éventuellement l’acte VII dimanche) pour redistribuer une fois de plus toutes les cartes. A l’image de cette finale, l’indentité du MVP (et du futur champion de Suisse) est plus indécis que jamais. 

MVP des play-off, le baromètre avant l’acte VI de la finale entre Zurich et Zoug:

Ses éclairs de génie ont illuminé les play-off depuis l’acte VII contre le HC Bienne en quarts de finale, alors que le ZSC faisait face à une élimination prématurée. La fiche statistique de Denis Malgin est impressionnante (9 buts), surtout si l’on s’attarde sur son nombre de buts gagnants (5) réalisés jusqu’ici. En finale, Malign a été blanchi de la fiche des marqueurs que lors du premier acte.

La suite? Un but gagnant en prolongation lors de l’acte II, un autre game winning goal à une poignée de secondes de la fin du troisième duel, le premier but du match lors des actes IV et V. Et contre Fribourg-Gottéron en demi-finale (4-0 dans la série), Malgin a frappé deux fois en prolongation. Le joueur de centre du ZSC est de très loin le joueur le plus excitant des play-off.

L’attaquant tchèque est une machine à gagner en play-off. La saison passée, celle du premier titre de champion depuis 1998 pour l’EV Zoug, Jan Kovar a été le moteur du EVZ en finale contre Genève-Servette. Le Tchèque a remis ça cette année: depuis le début des séries pour le titre, il n’a été éloigné de la fiche des compteurs qu’à deux reprises en 13 matches: lors du premier match des quarts de finale contre Lugano (4-0 dans la série), puis lors du deuxième acte de la finale contre Zurich. Le reste du temps, Kovar a comptabilisé au moins un point à chaque match. Sa meilleure performance jusqu’ici? Celle de mercredi lors de la victoire 4-1 du EV Zoug à domicile. Avec quatre points au compteur (1 but, 3 assist), le Tchèque, phénoménal, a permis au EVZ de revenir à 2-3 dans la série contre le ZSC.

Le frère aîné du capitaine du EV Zoug n’a toujours pas laissé son frangin lui marquer le moindre but en finale (le seul but de Jan Kovar a été marqué dans la cage vide mercredi lors de l’acte V). Le plus important ne se situe sans doute pas dans cette petite anecdote familiale entre les deux frères tchèques. Jakub Kovar, débarqué à Zurich en fin d’année 2021, est le transfert clé du ZSC et la principale raison pour laquelle le club du Hallenstadion est en lice pour décrocher un premier titre depuis 2018: en quarts de finale contre Bienne, Kovar a sauvé son équipe de la déroute lorsqu’elle était menée 0-2 (deux blanchissages consécutifs pour revenir à 2-2) puis 2-3 dans la série avec un sixième match à gagner sur la route. Avec 94,07% d’arrêts sur l’ensemble des play-off, et même 94,23% sur les cinq matches de la finale, Kovar est (pour l’instant) le gardien dominant de la série de haut vol entre le ZSC et l’EV Zoug de Leonardo Genoni.

L’ailier de la ligne de parade zurichoise - Andrighetto/Malgin/Hollenstein - et actuel troisième compteur des play-off (17 points en 16 matches) a peut-être été l’attaquant le plus constant depuis le début des séries pour le titre. Neuf points en sept matches en quarts, trois unités en quatre matches des demies, puis cinq autres points jusqu’ici lors des cinq premiers matches de la finale, Andrighetto est une menace constante pour les défenses adverses. Contrairement à la saison dernière lorsque son tempérament lui avait joué de mauvais tours - notamment contre Lausanne en quarts -, «Ghetto» semble cette fois-ci tout en maîtrise même si l’intensité de son jeu requiert une bonne dose d’agressivité. Comme Malgin, mais avec le côté spectaculaire en moins, Andrighetto est aussi capable de débloquer un match sur un coup d’éclat. 

Vous le saviez certainement: Leonardo Genoni, six fois champion de Suisse, n’a jamais perdu de finale des play-off dans son illustre carrière, que ce soit avec Davos (trois fois), Berne (deux fois) et Zoug (en 2021). Mais attention: s’il n’a encore jamais perdu de finale des play-off, Genoni n’en a non plus jamais gagné lors des… années paires! Reste que le Zurichois présente actuellement les meilleures statistiques de tous les gardiens ayant participé aux séries pour le titre en 2022: 94,79% d’arrêts, 1,54 but encaissé en moyenne par match. Des chiffres affolants! Alors que son équipe était menée 3-0 dans la série et qu’il n’avait pas encore réellement pesé sur un match de la finale contre le ZSC, Genoni a fermé la boutique lors des actes IV et V (deux buts reçus). Et si le meilleur était encore à venir pour le gardien de l’équipe de Suisse? Si Zoug veut réaliser le fol exploit de remporter le titre après avoir été mené 3-0, la clé se trouve assurément devant les filets du EVZ. Genoni est un monstre des play-off. Vendredi à Zurich lors de l’acte VI, il aura l’occasion d’écrire une page de plus à sa légende s’il parvient à forcer la tenue d’un match numéro 7 dimanche à Zoug. 

Depuis lundi soir (acte IV gagné à Zurich avec un but), Dario Simion est intenable. Mercredi lors de l’acte V à Zoug, le Tessinois a même mis le feu à la Bossard Arena en inscrivant un triplé de toute beauté. Rarement l’enceinte zougoise avant à ce point vibré comme lorsque l’ailier international a marqué le but égalisateur à 1-1 (38e) puis le but gagnant à la 52e (2-1). Surnommé «Pronto» dans le vestiaire du EVZ, Simion est prêt au meilleur moment pour le champion en titre. Après avoir inscrit seulement deux buts lors des 11 premiers matches des play-off, il vient d’en planter quatre à ses deux derniers matches.

Le Tessinois bénéficie certes de l’abattage incroyable réalisé par son centre attitré, Jan Kovar. Mais la façon dont il a marqué ses deux premiers buts mercredi (le troisième est tombé dans la cage vide) transpire la confiance et le talent d’un buteur naturel. Simion ne serait-il pas en tout cas en passe de devenir l’homme de la finale?